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Critique de paroles


J'ai fait une pause bien-être après deux lectures qui m'ont bien secouée. Et c'est auprès de l'ami Maupassant que je me suis assise pour écouter le récit de son voyage en Méditerranée et sur la Méditerranée grâce au yacht le « Bel ami ».

Et le départ se fait d'Antibes, qui à l'époque a encore ses remparts. Sur le bateau, se trouvent également deux marins aguerris qui aident Monsieur, même si celui-ci aime à penser qu'il est le seul maître à bord.

Et Maupassant nous régale de ses observations de la côte vue de la mer. Il faut se replacer au temps où la Côte d'Azur était bien plus sauvage que maintenant, où les villas somptueuses de tous les nantis de la terre n'avaient pas encore conquis les espaces encore plantés des riches essences méditerranéennes.

Plusieurs escales permettent également au lecteur de replonger dans la géographie de l'époque, comme la première à Cannes où les mondains et autres aristocrates se promènent déjà sur la Croisette, où le paraître domine aussi. Ce sera alors le moment pour notre auteur de donner un bon coup de griffe aux amateurs de cette discipline.

Une autre escale dans l'anse d Agay, uniquement accessible en bateau, mènera Maupassant à emprunter un petit chemin et le clair de lune lui permettra de convoquer quelques poètes pour honorer l'astre nocturne, comme Musset ou Hugo. Une convocation sympathique.
Pas du tout comme celle qui suit, car la nuit sans sommeil l'amènera à évoquer la misère aperçue ici et là. Et comme l'écrivain y est plus sensible qu'un autre homme (dixit), le voilà quasiment obligé de retenir de ce qu'il voit pour pouvoir s'en servir dans ses écrits…

La solitude sur le bateau doit le tourmenter. Ses pensées sont bien sombres. L'escale à Saint-Raphael, et le mariage qu'il croise, lui montre combien les hommes sont laids et leur contact amoindrit la pensée : il vaut mieux être seul que plongé dans la foule, on raisonne beaucoup mieux ainsi…

Enfin Saint-Tropez apparaît et le soleil brille enfin. La description de ce petit port de pêche est bien étonnante et c'est là que le lecteur comprend comme le temps a passé et que le charme a presque disparu.


Heureusement que quelques anecdotes et historiettes (la paysanne et son hussard, le prisonnier de Monaco) viennent gratiner ce journal de bord, car pour une fois, je me suis bien ennuyée auprès de Bel Ami, que j'ai trouvé pompeux et plutôt misanthrope. Mais je lui pardonne car, il le dit lui-même, ces quelques réflexions personnelles n'étaient pas destinées et être publiées. Et il récompense quand même le lecteur de certaines descriptions sur la mer bien plus que jolies :
« Dès que nous fûmes dans la passe, entre la jetée et le fort carré, le yacht, plus ardent, accéléra sa marche et sembla s'animer sur les vagues légères, innombrables et basses, sillons mouvants d'une plaine illimitée. Il sentait la vie de la mer en sortant de l'eau morte du port. »
« Quel personnage le vent pour les marins ! On en parle comme d'un homme, d'un souverain tout puissant, tantôt terrible, tantôt bienveillant. C'est de lui qu'on s'entretient le plus, le long des jours, c'est à lui qu'on pense sans cesse, le long des jours et des nuits… il est le maître de la mer, celui qu'on peut éviter, utiliser ou fuir, mais qu'on ne dompte jamais. »
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