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Critique de Fabinou7


Le Désert de l'Amour, de François Mauriac, n'a rien de révolutionnaire. Roman de bonne facture certes, bien écrit, bien construit, mais dans son thème comme dans son style, il assez en phase avec la moraline de son époque : enflé dans ses transports et chaste dans ce qui cause ces emportements. Ou pour le dire autrement, plus que le désert, c'est la “sécheresse de l'amour”. Ce roman est donc plutôt sec, drame sérieux - et uniquement sérieux, loin des Machado de Assis ou Italo Svevo qui savent que le tragique a besoin du comique - Mauriac utilise une palette bien plus restreinte et son mélo est, peut-être, un chouïa excessif.

Alors sans doute faut-il chercher du côté de la vie du Prix Nobel français de Littérature, afin de mieux comprendre en quoi la douleur de la relation père-fils dans le roman, comme l'impression d'être passé à coté l'un de l'autre, sans s'être véritablement jamais connu, est aussi biographique chez cet orphelin de père que fut l'écrivain et académicien bordelais.

Du côté de la biographie à nouveau chez celui qui écrit à propos de son jeune protagoniste : “au seuil de notre jeunesse, les jeux sont faits rien ne va plus ; peut-être sont ils fait depuis l'enfance : telle inclination, enfouie dans notre chair avant qu'elle fût née, a grandi comme nous, s'est combinée dans la pureté de notre adolescence, et, lorsque nous avons atteint l'âge d'homme, a fleuri brusquement sa monstrueuse fleur.” Cela parait ma foi quelque peu ténébreux rapporté au personnage, mais pour Mauriac, dont l'homosexualité resta toujours sinon coupable du moins discrète (malgré son désir toujours contenu, comme Julien Green, André Gide ou Marcel Proust, de l'écrire enfin) cela fait davantage sens, de même que de parler des têtes féminines que Raymond Courrèges aurait fait tourner et d'ajouter à la liste, en tapinois, “ce camarade entré au séminaire”…

“A quoi sert-il d'être encore jeune ? On peut être encore aimé certes, mais on ne choisit plus.” Roman catholique, portrait critique de la bourgeoisie girondine, Mauriac dépeint un chassé croisé amoureux tout en retenue. Certes, l'auteur semble prendre parti contre la rumeur sotte, la médisance crasse mais in fine, surement comme un avertissement contre ses propres tendances, tous ses personnages semblent puni d'avoir tenté de s'extraire de ce même conformisme que pourtant il dénonce. Ainsi François préfère les regrets aux remords… “j'ai rêvé mes débauches moi…cela vaut-il mieux que de les vivre ?”

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