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Critique de Cath36


Construire toute une vie conjugale et familiale sur un malentendu (se croire aimé alors que la femme adorée en aimait un autre) est une enfer que je ne souhaite à personne. C'est pourtant l'histoire de Louis cet avocat bordelais, qui au fil du temps s'enferme dans sa rancoeur et dans sa haine, une fois la vérité plantée en plein coeur. C'est à la fin de sa vie, que, touché par une grâce qu'aucun chrétien bien-pensant et bien pratiquant (!) de sa famille n'aura su lui donner, Louis pris de remords tentera une ultime réconciliation avec sa femme. Malheureusement celle-ci meurt sans avoir pu lire sa confession. Summum de l'oeuvre de Mauriac ce roman, qui touche à toutes les fibres du coeur humain, est comme un point de non-retour, une impossibilité d'aller plus loin dans l'analyse des relations humaines et de l'incommunicabilité entre les êtres.Comme un sculpteur, Mauriac taille ses personnages au marteau et au burin : c'est peu à peu qu'ils sortent de l'ombre de leur néant et nous apparaissent comme des frères. Au-delà de la solitude humaine qui est le lot de chacun, point de salut sans la grâce, point de libération sans un espérance en un au-delà de notre condition., point de pardon possible qui ne soit transcendé par la certitude d'un amour bien au-delà des nôtres. Une porte s'entr-ouvre, qui n'est pas une certitude (contrairement à ce qui se passe dans les romans de Bernanos) mais une possibilité. Et c'est en cela que le romancier est grand : il n'inflige aucun prêche, aucune métaphysique, aucun mysticisme, mais part de notre réalité visible, bien réelle, bien terre-à-terre pour nous faire entrevoir d'autres possibles. Et c'est le thème de la mort (mort de sa petite fille, mort d'un neveu bien-aimé, mort de sa femme) qui fait office de révélateur, comme celui dans lequel le photographe développe sa photo.
Mais qui peut dire la vérité d'une photo ?
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