Le 25 juillet, depuis la grille beigeasse, la radio annonça la chute de Mussolini. Dans la rue résonnait la joie des autres. Tant d'autres ! Si nombreux ? Défaitistes. Et où étaient-ils auparavant ? Elle avait toujours eu le sentiment d'un soutien unanime, sans faille. Où étaient-ils cachés, tous ces subversifs ? "Pauvres de nous, pauvres de nous...", marmonnait-elle angoissée, dans un coin, le visage trempé de sueur et de larmes.
Elle posait la tasse de café sur le rebord de la fenêtre et restait là, profitant de l'air frais sur la peau fine du petit matin, avec ce goût dans la bouche, la langue satisfaite et noire. Toujours cette vieille habitude ; le plaisir du premier café à savourer seule, en paix, avec derrière elle la maison qui dort encore. Une quiétude furtive, merveilleuse.
Il considérait toutes ses filles, sans distinction, comme la source première de ses malheurs. Il disait que l'angoisse d'avoir sur le dos ce harem à marier opprimait ses flatulences intestinales et lui brûlait l'estomac.
Elle circulait telle une funambule dans son chaos, les lèvres continuellement agitées par des reproches susurrés - comme un rosaire serré entre ses dents.
Mère et fils
Il l'observe à la dérobée, enveloppée de pénombre. Elle est sombre et vibre comme un insecte torturé. Enfin il la voit dans la bonne lumière, telle qu'elle est vraiment : un morçeau de guerre qui a survécu au fléau.
Cette envie de tuer l'animal l'avait assaillie comme une bouffée soudaine. Elle n'était pas impitoyable au point de vouloir sciemment priver son fils de son seul ami. Elle ne s'était même pas aperçue du lien exclusif qui les unissait. Simplement elle était agacée par les heures d'amusement clandestin que le lapin offrait à l'enfant.