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3,85

sur 396 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Jende, à la suite d'un heureux piston, devient le chauffeur particulier de la famille d'un banquier et jouit du luxe feutré auquel il a ainsi accès: les discussions qu'on lui permet d'avoir avec ses patrons qui n'omettent jamais de tempérer leur supériorité d'un désir de décence ; la mallette qui contient ses mouchoirs et son sandwich , et qu'on pourrait prendre pour un attaché-case; l'argent presque facile qui lui permet de croire que son épouse et lui-même pourront devenir de vrais Américains, avec papiers en règle.
Mais le banquier travaille pour Lehman Brothers et s'il ne respecte pas plus la morale dans sa vie privée que dans son univers professionnel, c'est Jende qui paiera les pots cassés et verra son rêve américain s'effondrer.
Le roman d'Imbolo Mbue est agréable à lire et il est étonnant qu'il n'ait pas encore été adapté tant il relève de l'esthétique de la série: suprématie des dialogues, équilibre des hauts et des bas, personnages campés sans subtilité excessive, distribution harmonieuse des bons points et des cartons rouges (les Blancs aussi ont leurs problèmes, et si les Noirs ont une vision traditionnelle de la famille, les Américains ne sont pas en reste), final malin qui fait de l'American way of life un tremplin commode vers le rêve africain.
Si ce livre est loin d'être un chef d'oeuvre impérissable, il ne manque pas d'intérêt et offre un regard nouveau sur les desesperated asylum seekers.
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Le premier roman d'Imbolo Mbue, originaire du Cameroun mais vivant depuis longtemps en Amérique, a fait parler de lui bien avant sa parution. L'éditeur Random House en a en effet acheté les droits pour un million de dollars en 2014. Buzz et marketing aidant, l'attente était grande de découvrir Voici venir les rêveurs avec évidemment la crainte que le livre soit davantage un produit qu'une oeuvre littéraire de valeur. Bonne nouvelle, ce n'est pas (complètement) le cas : le récit est agréable à lire, bien agencé et souvent touchant quant à l'expérience d'immigrants du couple formé par Jende et Nani et à leur difficulté d'obtenir la fameuse Green Card. Ceci dit, le thème n'est pas neuf et si on compare le livre à ceux de Jhumpa Lahiri, Dinaw Mengistu ou, surtout à l'Americanah de Chozi Ngozi Adichie, on se gardera bien de se pâmer d'admiration. S'il est vrai que le récit est touchant quant il se concentre sur ses héros camerounais, il est beaucoup plus sujet à caution dans la description stéréotypée de la famille américaine des Edwards qu'ils côtoient. Imbolo Mbue insiste à raison sur les chimères du rêve américain pointant du doigt le fait que les clivages raciaux et sociaux persistent largement. Mais là où le bât blesse, c'est dans l'écriture proprement dite. Certes, le livre est du ressort du conte ou de la fable mais cela n'excuse pas le faible intérêt de l'ouvrage du point de vue du style. Sa naïveté est également gênante dans un premier temps avant que le roman n'acquiert davantage d'épaisseur et de force, au bord du mélodrame, dans ses 100 ultimes pages, plus convaincantes. Voici venir les rêveurs ne manque pas de charme, d'humilité et de lucidité, il n'en reste pas moins volontairement limité dans ses ambitions contrairement à ce que son lancement surdimensionné voudrait laisser accroire.
Lien : http://cin-phile-m-----tait-..
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La confrontation entre les rêves et la réalité est au coeur de ce roman. Les personnages sont portés par des ambitions pour leur avenir qui se fracassent sur la vie réelle, peu importe leur origine ou leur condition sociale.
Jende Jonga, camerounais, vit le rêve américain en tant que chauffeur. Vivant à New-York depuis plusieurs années, son souhait le plus cher est de posséder enfin la green card qui officialiserait sa présence. Son épouse, Neni, découvre les attraits de la vie occidentale et n'imagine pas retourner au Cameroun. Leur employeur, Clark Edwards, a sacrifié sa vie de famille pour devenir un riche homme d'affaire mais à quel prix ? Et son fils se désespère de la vie matérialiste qui est la sienne et aspire à plus de spiritualité en partant en Inde. Chacun a au fond de lui un rêve à réaliser qui sera ou pas brisé par la vie et ses contraintes. J'ai aimé ce questionnement sur la place des rêveurs dans une société américaine ébranlée au niveau financier (nous sommes à l'époque de la crise des subprimes). Les réponses aux idéaux de chacun apportées par l'auteur m'ont semblé justes et réalistes. J'ai ressenti une certaine véracité qui donne de l'ampleur au récit. Serait-ce du au parcours de l'auteur qui a quitté le Cameroun pour vivre aux Etats-Unis ?
Imbolo Mbue nous raconte les vicissitudes de ces personnages avec simplicité et efficacité. L'écriture est agréable sans être recherchée.
Bref, un bon roman intelligent qui se lit facilement et qui ne manque pas d'intérêt.
J'ai reçu ce livre dans le cadre de Masse critique. Merci à Babelio et aux éditions Belfond.
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Un premier roman réussi où l'auteure nous plonge dans la New York des années 2000-2010. Entre espoir, rêve et désillusions, la famille de Jendé et Neni Jonga enchaînent les aléas. Réaliste, poignant le récit de leurs déboires nous montre cette société américaine sous le jour de ceux qui vivotent en marge dans l'espoir d'obtenir la "Green Card". Mais le bonheur est-il vraiment dans le pays où l'on vit. L'analyse sociétale est fine, mais les personnages sont parfois insupportables : je cite notamment Jendé dans la seconde moitié du livre et le personnage de Cindy Edwards qui, pour pathétique qu'il soit n'a pas réussi à gagner ma sympathie. Seuls les enfants dans leur candeur réussisse un temps soit peu à se tirer des miasmes de l'hypocrisie ambiante. Neni m'a convaincue et c'est la seule pour qui j'ai éprouvé une réelle compassion face à la situation qu'elle traverse.
Un livre intéressant sur le thème de l'immigration d'aujourd'hui.
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Ah ! le rêve américain, l'idée selon laquelle n'importe quelle personne vivant aux États-Unis, par son travail, son courage et sa détermination, peut devenir prospère. C'est cela qui a poussé Jende à quitter sa ville de Limbé au Cameroun pour s'installer à New York puis faire venir Neni sa fiancée et leur fils Liomi.

Voici venir les rêveurs nous raconte ce rêve américain. Il nous plonge dans la vie de ces migrants qui espèrent obtenir le graal, la Green Card. Il nous fait vivre le quotidien de Jende et Neni leur découverte de l'Amérique et leur intégration en gardant un lien avec leurs compatriotes, leurs espoirs et leurs déceptions. C'est un formidable récit naviguant entre le quotidien, ici et les flashbacks, là-bas, permettant d'apprécier d'autant plus leurs attentes et leurs choix.

Les personnages sont attachants, et la relation entre les patrons blancs, adultes et enfants, et leurs employés noirs est décrite tout en subtilité. J'ai beaucoup aimé la voir se construire et s'exprimer.

C'est aussi une véritable déclaration d'amour à la ville de New York.

J'ai trouvé l'auteur un peu moins inspiré dans la seconde partie du roman . le comportement de Jende et de Neni m'a semblé moins crédible car moins nuancé.

Il n'en reste que cette lecture à été fort agréable et pleine de saveur.


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Mais qui sont ces rêveurs dont nous parle @Imbolo Mbue ? Ce sont ces clandestins si bien mis en musique par Manu Chao. Jende Jonga le Camerounais est lui aussi parti travailler dans la grande Babylone qu'est New-York pour s'offrir une vie meilleure que celle qui lui était promise à Limbé et offrir des études de pharmacienne à son épouse Neni.
L'action commence en 2007 lorsque Jende décroche un travail de chauffeur auprès de Clark Edwards cadre chez Lehman Brothers. J'ai beaucoup aimé la complicité qui se créée entre ces 2 hommes qu'à priori tout oppose. le sérieux et la discrétion de Jende est appréciée par Clark, le salaire est bon et la carte verte sera probablement au rendez-vous d'ici quelques mois mais c'est sans compter sans la crise des subprimes qui va bouleverser la vie de tout ce petit monde.
Jusqu'où Neni est-elle prête à aller pour devenir américaine ? Comment Jende va-t-il pouvoir nourrir sa famille et payer les études de Neni alors que la crise fait des ravages ? le jeu en vaut-il la chandelle ? Pourquoi les Edwards ne sont-ils pas heureux alors qu'ils possèdent tant ? Voici les thématiques développées par @Imbolo Mbue.
Et Manu Chao de chanter :
Soy una raya en el mar, Fantasma en la ciudad, Mi vida va prohibida Dice la autoridad
Solo voy con mi pena, Sola va mi condena, Correr es mi destino Por no llevar papel
Perdido en el corazón de la grande Babylon Me dicen el clandestino Yo soy el quiebra ley

Un premier roman dont j'ai apprécié la justesse de ton, l'humour et le fait que l'on ne sombre jamais dans le pathos même quand les choses se gâtent.

Challenge pavé
Challenge multi-défis

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Un premier roman remarquable pour une histoire forte et actuelle ; celle d'une famille camerounaise arrivée aux Etats-Unis et qui souhaite obtenir la nationalité américaine. Un livre sur le déracinement et sur l'intégration mais aussi sur le choix d'une vie. Vraiment, j'ai beaucoup aimé ce livre vibrant d'émotions et très bien écrit. Un écrivain à suivre.
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J'ai lu ce livre dans le cadre de l'opération Mass Critique du mois d'août. Je remercie Babélio et les éditions Belfond pour la confiance.

Ce premier roman d'une américano-camerounaise, Imbolo Mbue, très bien accueilli par la critique (et par les membres de Babélio) avait tout pour plaire : la fraicheur d'une écriture nouvelle sur la scène littéraire, un sujet d'actualité et une critique du système américain basé sur la méritocratie et la réussite par le travail. Et pourtant. Et pourtant la mayonnaise ne prend pas. du moins, elle n'a pas pris pour moi. le sujet était donc prometteur mais les ficelles sont trop grosses. D'un côté un couple camerounais policés dont le souhait le plus cher est de devenir citoyens américains pour réaliser ce rêve tant espéré mais qui n'obtient pas les papiers nécessaires à sa réalisation. de l'autre, une famille américaine respirant la réussite, en apparence, puisque le père de famille est un cadre dirigeant de Lehman Brothers.
Nous sommes en 2007, à la veille de la plus grave crise que connaîtra les Etats-Unis (et le reste du monde) en ce début de millénaire : la crise des subprimes.
L'éclatement de la bulle va venir chambouler les équilibres. Jende, le jeune père de famille camerounaise, qui a réussi à trouver, malgré sa situation de clandestin et quelques petits mensonges, un travail comme chauffeur de Clark Edward, le riche banquier de la Lehman va rapidement perdre ses certitudes sur le modèle américain lorsque pour une raison inconnue, son patron se voit obligé de se séparer de lui. Ce licenciement correspond peu ou prou à l'ordonnance du ministère de l'immigration de leur expulsion du territoire américain. La douce Neni va alors tout faire pour rester jusqu'à exercer un odieux chantage. Las, le courage n'est pas suffisant pour ce couple de rêveurs. L'Amérique ne veut pas d'eux.

L'écriture et le style utilisé par l'auteur sont très simples. Beaucoup de dialogues – trop ?! – viennent rythmer l'histoire. On peut reconnaitre un certain talent à l'auteur (et peut-être aussi au traducteur) d'avoir réussi, dans les expressions des expatriés africains, à retranscrire cette façon particulière de parler. Pour autant, l'analyse psychologique des personnes est plate voire inexistante. Les clichés sont très gros : la riche famille américaine qui respire la réussite en apparence mais qui, en privé, ne correspond pas vraiment à ce que les autres voient d'eux. On se croirait parfois face à J.R. et Sue Helen dans un mauvais épisode de Dallas. La présence d'un fils en rupture avec le modèle patriarcal qui fuit en Inde est également particulièrement ridicule. Bien entendu, dans le monde ignoble des banques américaines, Clark Edwards est le seul à tirer la sonnette d'alarme sur la situation de Lehman Brothers quand ses collègues lui demandent de glisser la poussière sous le tapis. Les portraits de la famille Jonga sont plus intéressants car moins caricaturaux. Neni plus particulièrement – y'a-t-il un peu d'Imbolo Mbue dans ce personnage ? – qui, prête à tout pour devenir pharmacienne aux Etats-Unis va s'avérer beaucoup plus retorse que son mari, au fil des pages.
Bref, au final, j'ai attendu en vain qu'il se passe quelque chose dans ce roman. Mais l'étincelle n'est jamais venue.
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Jende et Neni ont laissé leur Cameroun natal, à la fois pour se marier et pour une vie meilleure. Comme tant et tant, ils se sont laissés griser par la promesse de travail à foison et de pluie de dollars pour ceux qui travaillent. Ils travaillent donc beaucoup, Neni reprend ses études. Tout va pour le mieux (ou presque, une vague histoire de papiers et de visas pas trop trop en règle), jusqu'à l'écroulement de Lehman Brothers et la crise des subprimes.
Cela commence avec un léger manichéisme : les immigrés pauvres mais heureux parce qu'ils sont en famille et réalisent leurs rêves et la famille américaine riche qui malgré son argent et les apparences se déchire. La crise économique sera le moment de bascule, où les apparences se fissurent et où les rêves et les priorités sont revus (pas à la baisse mais sont plus réalistes).
Un roman bien écrit, des dialogues qui rendent la syntaxe et les expressions camerounaises (l'auteur des Camerounaise). Ce ne sera pas le grand roman de la rentrée mais il offre une vision nettement moins idéale de la société américaine et des ses mirages, qui pourtant éblouissent encore beaucoup d'entre nous.
Merci à Babelio et aux éditions Belfond pour cet envoi.
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Voici un roman qui porte parfaitement son titre car, malgré la rudesse de son sujet, il est empreint de bienveillance et se révèle beaucoup moins violent que bien d'autres romans sur le même sujet. Jende et Neni sont en effet deux Camerounais venus chercher en Amérique une vie meilleure que celle qu'ils pourraient espérer connaître dans leur propre pays, qui ne leur offre pour tout horizon qu'un petit emploi sans envergure, une maison exiguë et sans confort, mais surtout aucun espoir d'ascension sociale. Au Cameroun, explique Jendé, si vous faites partie des plus pauvres, vous pouvez être certain de le rester. le rêve américain, celui dont les maisons de production américaines abreuvent le monde, fonctionne alors à plein.
Jende a économisé et, sitôt qu'il a obtenu un visa, il s'est envolé pour les Etats-Unis, espérant pouvoir y faire venir au plus vite sa femme et son fils, âgé de 6 ans environ.

Lorsque s'ouvre le roman, ils sont tous trois installés à New York. Jende est taxi; quant à Neni, elle cumule un emploi dans un établissement de santé avec des études à l'université pour réaliser son rêve ultime : devenir pharmacienne. Tout semble fonctionner pour le mieux : lorsque Jende décroche un emploi de chauffeur bien rémunéré pour un riche dirigeant de Lehman Brothers, tous les espoirs deviennent enfin permis. Même s'ils habitent un tout petit appartement de Harlem, ils peuvent s'offrir des biens de consommation courante et même économiser afin de pouvoir, dans quelques années, accéder à un bon logement dans un quartier moins défavorisé.
Neni aime passionnément New York. Elle y a des amis, elle y fait des études, les bons résultats scolaires de son fils permettent d'envisager pour lui un avenir brillant, et l'employeur de son mari se montre très correct. Toute la famille Edwards est d'ailleurs charmante. C'est ce que Neni découvre bientôt, lorsqu'elle passe un mois en son sein pour remplacer la domestique partie en congés... Neni apprécie particulièrement madame Edwards, qui se révèle compréhensive et généreuse à son égard. Et puis, elle est la preuve vivante que l'Amérique a tout à offrir : partie de rien, sans père et dotée d'une mère ne lui ayant prêté aucune attention, élevée dans la misère, elle vit désormais dans le luxe et fréquente le gratin mondain...

Pourtant, cette magnifique façade va peu à peu se lézarder. Et lorsque Lehman Brothers implose, au moment de la crise des subprimes, c'est tout l'univers de ces richissimes Américains qui va voler en éclats, jusqu'à atteindre Jende et les siens.

Roman sur l'immigration, sur le déracinement volontaire, sur la volonté de se construire un avenir, sur la recherche d'un ailleurs plus clément, il révèle l'impasse dans laquelle se retrouvent bien trop souvent les candidats à une vie meilleure.
C'est un roman que l'on lit sereinement, calmement, dont on ne sort pas éreinté. C'est ce qui en fait la singularité et le charme. Les personnages sont attachants et, malgré les revers, ne s'installent jamais dans le ressentiment. Cependant, loin d'être angélique, ce roman renvoie les personnages à leur statut de clandestins sans les violenter, mais sans les épargner, réduisant à néant le fameux rêve américain...


Lien : http://delphine-olympe.blogs..
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