Si le monde n'est qu'un récit qui d'autre que le témoin peut lui donner vie?
Les entreprises vouées à l'échec divisent toujours une existence en un alors et un maintenant.
Il dit : ce que les hommes ne comprennent pas c'est que ce que les morts ont quitté n'est pas le monde lui-même mais seulement l'image du monde dans le coeur des hommes.
Ce qui l'avait emporté se présentait comme le symbole et le produit du monde disparu mais n'était ni l'un ni l'autre. Il dit que de toute façon le passé n'était guère plus qu'un rêve et que le pouvoir qu'on lui accordait dans le monde était grandement exagéré. Car le monde était refait chaque jour à neuf et c'était seulement parce que les hommes s'accrochaient à des coquilles disparues qu'ils avaient pu faire du monde une coquille de plus.
Tout homme sait au fond de lui que quelque chose est averti de son existence. Quelque chose en est averti, dont on ne peut ni fuir ni se cacher. Imaginer qu'il peut en être autrement c'est imaginer l'innommable. Le problème n'a jamais été que cet homme a cessé de croire en Dieu. Non. C'est plutôt qu'il en était venu à croire des choses terribles au sujet de Dieu.
Echols m'a dit une fois qu'essayer d'avoir le dernier mot avec un loup c'est comme d'essayer d'avoir raison avec un gosse. C'est pas qu'ils sont plus malins. C'est simplement qu'ils n'ont pas grand-chose d'autre à penser.
Le corrido est l'histoire du pauvre. Il ne reconnaît pas les vérités de l'histoire mais les vérités des hommes. Il raconte l'histoire de cet homme solitaire qui est tous les hommes. Il croit que lorsque deux se rencontrent il peut arriver l'une ou l'autre de deux choses et aucune autre. L'une est un mensonge et l'autre la mort.
Ça peut vouloir dire que la mort est la vérité.
Oui. Ça veut dire que la mort est la vérité.
Si le monde n'est qu'un récit, qui d'autre que le témoin peut lui donner vie?
[...] Y a-t-il des antécédent médicaux dans votre famille?
Non monsieur. Tout le monde est mort.
La clé du paradis peut ouvrir les portes de l'enfer.