Hors limites

Mme Collins a laissé échapper un soupir de lassitude.
- J’ai l’impression que vos explications ne vont pas me plaire du tout, a-t-elle ajouté. Je me trompe ?
- Non, a répondu Noah.
- J’ai glissé, ai-je murmuré.
Les lèvres de Mme Collins se sont étirées en une ligne fine qui n’annonçait rien de bon.
- Mais bien sûr. Et la lèvre de Noah ?
- J’ai glissé en voulant la rattraper.
- Toi aussi ?
Elle s’est tournée vers Luke.
- Et ce magnifique hématome qui commence à orner ta mâchoire ? J’imagine que tu as glissé, toi aussi… En volant à leur secours, sans doute ?
Luke s’est frotté la mâchoire d’un geste machinal, sans me quitter des yeux.
- Je me suis battu, plus tôt dans la soirée.
- Pas à l’instant, bien entendu.
- Non. Pas à l’instant. »

- Tu as vraiment un prenom a la con. lui ai-je soufflé.
Je n'avais aucune idée de ce qui me poussait à l'escagasser comme ca. L'ennui sans doute.
- Qu'est ce ue tu fais ici? Tu devrais etre en train de fumer ta drogue dans les toilettes non?
Ainsi elle savait qui j'etais.... Intéressant!
- T es pas au courant? Ils ont installé des cameras de surveillance dans les chiottes. Du coup, on est obligés de fumer sur le parking.
- Pauvres chéris, a t elle susurré en balancant ses jambes de devant en ariere.
- Echo... Echo-o-o-o, Echo-o-o...
Elle s'est figée, le temps de m'affronter du regard.
- Tres original. Si, si ! Vriment ! Je ne l avais encore jamais entendue, celle là!

Echo m’a examiné d’un aire inquisitrice
- Vous êtes sûrs que vous n’avez rien pris de bizarre ?
J’aurais répondu par un sarcasme si je ne m’étais pas souvenu que c’était ma dernière chance.
- Nous sommes chez toi, Echo. Je ne me permettrais pas. Ce serait un manque total de respect.
Un sourire timide aux lèvres, elle a refermé son album de photos.
- C’est gentil, ce que tu viens de dire. Je te remercie. Bien… Tu es prêt à te plonger dans l’univers impitoyable de la physique ?
- Oui, ai-je répondu. Où ça ?
- Ici même. C’est dans ce garage que je travaille.
- Tu plaisantes ? ai-je demandé, bien que son expression m’indique tout le contraire.
De même que le sac qu’elle avait jeté sur a banquette arrière.
- La plupart des gens font ça assis sur une chaise, devant un bureau, tu es au courant, tout de même ?
En haussant les épaules, elle a sorti son livre de physique du sac qu’elle a posé sur le ciment, à mes pieds.
- La plupart des gens n’ont pas des cicatrices horribles sur les bras, a-t-elle chuchoté. Et les autorités ne les forcent pas à faire une psychothérapie à raison d’une séance hebdomadaire. Alors…Prêt ou pas ?

Ashley poursuivi:
-Parfois, elle refuse de manger. Bien sûr, je l'encourage sur cette voie. Qui sait? Nous arriverons peut-être à la faire rentrer dans une taille 34, si elle continue ainsi!

La minuscule créature rose s'est mise à bâiller et a ouvert les yeux. Elle a cligné des paupières, à trois reprises, avant de les refermer.
Mon coeur s'est emballé.
Quand je clignais des yeux comme cela, c'était que je mentais. Peut-être avions-nous des choses en commun, en fin de compte, ce bébé et moi.

— Je t’aime, Echo. Même si tu ne m’épouses jamais, je t’aimerai quand même. Nous trouverons une solution. Tu ne seras absolument pas responsable de mes frères.
— Je sais, a-t-elle répondu dans un soupir.
Elle était à bout de forces. Son pied s’est mis à sautiller sur le barreau du tabouret.
— Moi aussi, je t’aime. C’est précisément pour cela qu’il est temps que nous mettions fin à notre relation.
Elle m’aurait planté un couteau dans le cœur que ça n’aurait pas été pire. Presque aussitôt, néanmoins, c’est la colère qui a pris le dessus.
— Tu viens de me dire que tu me pardonnais.
Elle a attrapé un pinceau, l’a plongé dans la peinture noire et s’est mise à former des points sur la toile.
— Il y a de grandes chances pour que j’aie hérité les gènes de ma mère.
— Tu n’es pas ta mère, Echo. Tu n’es pas folle.
— Elle est malade, Noah. Pas folle.
Cette conversation prenait vraiment un tour surréaliste.
— Je te rappelle qu’elle t’a lacéré les bras. Si ce n’est pas ça, être folle, je me demande ce que c’est.
Echo a fermé les paupières et s’est recroquevillée sur elle-même.
— Je suis tombée.
Je lui ai arraché son pinceau des mains pour le balancer à travers la pièce.
— Arrête. Si c’était un simple accident, tu t’en souviendrais.
Il fallait que je me calme. J’ai compté jusqu’à dix, dans ma tête, avant de reprendre d’un ton plus neutre.
— Pourquoi tu mêles ta mère à ça ? A notre relation, je veux dire.
— Parce qu’elle a tout à voir avec nous, a répondu Echo.
Quand elle a rouvert les yeux, on n’y voyait plus qu’un océan de douleur.
Je me suis senti submergé par le besoin de la toucher. Ma sirène m’appelait et je n’avais qu’une envie : lui faire oublier son chagrin. Malheureusement, dès qu’elle m’a vu avancer vers elle, elle est descendue du tabouret et s’en est servie comme bouclier. J’ai renversé le tabouret. Elle m’a posé les deux mains sur le torse pour me repousser.
— Arrête, je n’arrive pas à réfléchir, quand tu es si près de moi.


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— Ce n’est pas toi qui m’as fait pleurer, Noah. Même si je dois bien avouer que ce que tu m’as dit n’a pas arrangé les choses.
— Qui, alors ? Je ne me suis pas battu depuis un petit moment. Faudrait pas que ma réputation en souffre !
Je l’ai vue lutter, mais c’est moi qui ai gagné : l’espace d’un instant magique, elle a retrouvé le sourire.
— C’est gentil, mais non, merci. Si tu te battais avec Mme Collins, tu serais immédiatement renvoyé du lycée.
J’ai donné un grand coup de tête dans le casier, derrière moi.
— Elle m’a soûlé, aujourd’hui, moi aussi. Ça doit être le truc du troisième rencard.
Echo m’a regardé comme si je venais de me tatouer un serpent à sonnette sur le front. J’ai pouffé de rire.
— Le… troisième rencard ?
Elle n’avait jamais entendu parler du troisième rencard ? Mais enfin, dans quel monde elle vivait, cette fille ?
— En général, c’est après le troisième rendez-vous que les gens se décident à coucher ensemble. Aujourd’hui, c’était mon troisième rencard avec Collins et elle m’a royalement baisé, si tu vois le jeu de mots ! D’après ce que je comprends, elle a fait la même chose avec toi.
Echo a froncé ses sourcils parfaitement dessinés le temps de réfléchir à ce que je venais de lui dire. Quand elle a eu fini, ses lèvres esquissaient un sourire et ses joues étaient toutes roses.
Je n’ai pas pu m’empêcher de rire.
— Tu sais ce qui craint le plus ? m’a-t-elle demandé.
— Mme Collins ?

La pire manière de pleurer n'est pas forcément la plus évidente. [...] Non. La pire, c'est quand on pleure de l'intérieur et qu'on est inconsolable. Aucun mot, aucun geste, aucune pensée ne peut guérir une âme en deuil. il y a toujours des séquelles, une cicatrice, un bleu au cœur

A moi aussi, seulement fallait se faire une raison : vivre tue. Y'a pas à sortir de là.

La pire manière de pleurer n'est pas forcément la plus évidente. [...] Non. La pire, c'est quand on pleure de l'intérieur et qu'on est inconsolable. Aucun mot, aucun geste, aucune pensée ne peut guérir une âme en deuil. il y a toujours des séquelles, une cicatrice, un bleu au cœur