Du côté du bonheur

- Jeremy, lui, il m'aime assez pour me laisser prouter en paix.

Bien que Maisie ait dix-huit ans, il n'était venu à l'idée de personne que sa mère l'attende dehors - après tout, le docteur Brown était le médecin de famille depuis avant la naissance de la petite. Le temps qu'il comprenne que la jeune oie blanche était enceinte, il était trop tard pour demander à sa mère de sortir.

Aucune mère ne souhaite expliquer à son enfant que le soir où elle l'a rencontré, son père l'a prise de force, lui a ouvert le crâne contre le mur et l'a engrossé avant que ses frites aient eu le temps de refroidir. Elle n'était toujours pas capable de qualifier l'événement de viol, même en pensée. C'était inconcevable.

La vrai tragédie, c'est ce que nous avons fait subir à ces deux garçons : la honte, la culpabilité, la souffrance et la haine que nous avons instillées en eux. Je voudrais avoir été à l'époque la mère que je suis aujourd'hui, mais je ne peux pas revenir en arrière. Par contre, j'ai changé. J'ai évolué. Je me suis éduquée, et c'est tout ce que je vous demande de faire.

Tandis qu'il s'éloignait, elle sentit une minuscule piqûre d'épingle lui transpercer le cœur.

Rave recula pour contempler son beau visage baigné de larmes et Jeremy plongea les yeux dans les sein. Les lèvres de Rave s'entrouvrirent, Jeremy se pencha vers lui et ils s'embrassèrent, d'abord tendrement, puis avec de plus en plus d'ardeur, s'empoignant par les cheveux comme pour se fondre l'un dans l'autre, ivres de désir et de soulagement. C'était tellement bon, tellement vrai, tellement naturel. Le meilleur baiser de sa vie. En tâtonnant, ils commencèrent à se caresser le dos, les bras, la poitrine, et puis la main de Jeremy se posa là, à cet endroit précis.

Jeremy était recroqueville dans son coin. Rave ne l'avait jamais vu pleurer ainsi, même quand il se blessait foot ou quand ses parents se déchiraient. tout son etre exprimait la souffrance et la solitude que Rave ne connaissait que trop bien. Sans réfléchir, il prit Jeremy dans ses bras étreignit aussi fort qu'il aurait voulu qu'on l'étreigne.

«Ca va aller, Beany. Tout va s'arranger.
- Non, murmura Jeremy sur l'épaule de son meilleur ami. Ça ne peut pas s'arranger.
- Pourquoi?
-Parce que je t'aime », avoua-t-il en sanglotant de plus belle.

Il avait toujours rêvé d'être comme tout le monde et d'avoir une vie simple, et il était déterminé à tout faire pour y arriver. Si j'y crois suffisamment fort, si je fais tout mon possible, je peux être comme les autres. C'est juste une question de temps. Il n'est pas trop tard. Je peux encore changer.

Maisie pouvait toujours compter sur Lynn pour ne pas s'embarrasser avec des conneries et dire les choses comme elles étaient.Elle éprouva un élan d'affection pour son amie.

Le voilà, le grand saut dans le vide.Le moment où toutes les bonnes choses tournent mal,le point de non-retour.