Hannah est belle, surtout depuis qu’elle vieillit. Nous avons eu, il y a des années, une petite passion, transformée depuis en amitié constante. C’est mieux dans ce sens, les ambiguïtés originelles ont depuis longtemps cédé le pas à l’affection, l’accointance, bref, à tout ce qui nous rapproche vraiment.
Hannah vit, s’ancre, et ensemble nous partageons les mêmes plaisirs, ce que nous savons faire le mieux : boire, de bar en bar, nous livrer l’un à l’autre, explorer l’existence et absorber ses sucs.
J’ai toujours aimé ce qui vit et virevolte, ce qui sent la sueur et les larmes, la viande et le sexe ; ce qui respire bon sang, qui s’incarne.
Et puis, comme on ne vit bien qu'entouré, puisqu'il n'y a d'épanouissement que dans les vécus partagés, je fais dans le texte comme dans la vie : je côtoie, je fréquente, bref, je m'ouvre à l'autre.
J'ai donc choisi de ne plus avoir de chemin fixé, d'accepter seulement ce qui me semblerait le plus juste, le plus approprié, sans a priori ni tabou. Et depuis la route s'étend, à perte de vue, sans terme, et qui ne s'arrêtera qu'avec la mort.
Tout en moi respire le désespoir. Je devrais simplement m'y faire. Et laisser aux optimistes et aux naïfs le soin de poursuivre cette quête insensée.
Le silence c'est le dernier bruit qu'autorise la mort. Interminable silence qu'aucun cri, aucun appel ne peut briser. Le silence est un hurlement que laisse le disparu, l'ultime message adressé aux survivants. Au-delà, il n'y a que l'oubli.
Il n'y a bientôt plus de jour, pas encore de nuit, c'est un entre-monde doucement féérique et enchanté.
Des professionnels de l'urgence, qui font ce métier parfois depuis plus de vingt ans, expriment quelque chose de l'ordre de l'ineffable; de ce tunnel ils rapportent un fardeau qu'aucune parole ne peut alléger.