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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Le plus important au football est de gagner, peu importe la manière...

"Jeudi noir" de Michaël Mention retrace la demi-finale de coupe du monde 1982, entre la France et la RFA. de ce match mythique, l'auteur en sort un roman noir dans lequel nombreux sentiments surgissent.

08 juillet 1982, stade Ramon Sanchez Pizjuan, Séville.

Il est 21 heures, le coup d'envoi ne va pas tarder, les hymnes nationaux retentissent. Sur le terrain, vingt-deux hommes vont se livrer une bataille, une lutte sans merci pour décrocher une place en finale de la coupe du monde. D'un côté, la RFA, championne d'Europe en titre et déjà deux fois championne du monde, en 1954 et en 1974. de l'autre côté la France, sans palmarès. Son plus gros fait d'arme est une demi-finale de coupe du monde en 1958, presqu'un accident. Il va sans dire que les Allemands sont les grands favoris de ce match...

Le onze allemand est une sorte de rouleau compresseur à l'état brut, sa force est son physique. Dans ses rangs, on retrouve plusieurs talents dont la renommée n'est plus à faire : Fischer, Littbarski, Förster, Breitner... Devant leur route se dresse un onze français, une génération dorée, capable du pire comme du meilleur. Son jeu est la finesse et la technique. Son point fort, un milieu de terrain emmené par Platini, Giresse, Tigana et Genghini.

Et c'est dans une chaleur étouffante que Mr Corver, l'arbitre hollandais siffle le coup d'envoi. L'engagement est donné, l'histoire est en route...

Ecrire sur une compétition de football sort de l'ordinaire. Au premier abord, ce livre peut être repoussant pour les non-initiés de ce sport, et ils auraient tort de s'en passer surtout si ils aiment le roman noir. Michaël Mention, comme à son habitude, va au-delà des frontières du match et du football. En partant d'un fait réel il brosse autour de celui-ci un climat social, politique et historique.

A travers cette rencontre ce sont l'espoir, la violence, l'injustice, la haine, la vengeance, le racisme et la désillusion qui occupent les premiers rôles. Ces émotions nous sont contées par un douzième homme de l'équipe de France, en direct du terrain. Des hymnes nationaux à la séance des tirs aux buts fatidiques, c'est une tension évolutive qui gagne le lecteur, car dans ce match s'est produit tout ce que le football, et par métaphore la vie, peut nous réserver de meilleur comme de pire. Et même si nous connaissons la fin, le suspens est bel et bien présent.

Juxtaposer un événement sportif avec le contexte politique et/ou social du moment est très juste. Nombre de manifestations sportives possèdent ce lien, mais le football par sa popularité est peut être l'exemple le plus criant. Cette demi-finale de coupe du monde est à découvrir ou redécouvrir, à la fin, vous n'aurez qu'une seule envie, celle de revoir les images pour les coller au texte !
YB.
Lien : http://dunoirdupolar.blogspo..
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Le foot et moi, ça fait 2. Hormis quelques matchs lors des coupes du Monde ou d'Europe, je ne le regarde pas.

D'ailleurs, il a fallu que ma petite soeur suive le Coupe du Monde en 1998 pour que nous regardions pour la première fois du foot ensemble, ma soeur, ma mère et moi. Mais pas notre père…

Malgré tout, je ne sais toujours pas reconnaître un hors-jeu quand il y en a un et je ne suis jamais devenue une fana de ce sport où l'argent fait sa loi.

Alors vous pensez bien qu'un roman relatant le match France/RFA lors de la demi-finale de la Coupe du Monde à Séville en 1982, ça ne m'intéressait pas du tout.

Sauf que l'auteur ne m'est pas inconnu, qu'il m'a enchanté avec un autre roman et que des copains/ines sur la Toile m'ont donné l'envie de le lire.

Heureusement d'ailleurs, parce que j'aurais fait l'erreur stupide de passer à côté d'un excellent roman.

Certes, il relate de manière précise ce match de foot que je n'ai jamais vu et qui fut hard, mais il ne fait pas que ça !

Derrière la narration d'un joueur fictif, une sorte de douzième homme sur le terrain, il y a toute une réflexion profonde sur la France, l'Europe, l'Allemagne de l'après-guerre, la montée du racisme et les valeurs qui à une époque, avait fait la grandeur de la France.

Sans parler d'un gros tacle dans les tibias d'une certaine presse… celle qui joue aux vautours.

Et puis, ce match de foot, ce n'est pas un match, c'est une bataille, une guerre larvée qui va atteindre son paroxysme après l'agression… La tension est palpable à tel point qu'on pourrait la couper au couteau.

On a beau connaître l'issue du match, savoir pour qui sera Waterloo, malgré tout, on espère voir gagner l'équipe de France. On tremble même à chaque tir cadré vers les buts.

Jamais je n'aurais cru possible que le récit d'un match de foot puisse me prendre aux tripes ainsi. Ni que le récit puisse atteindre autant de profondeur.

L'auteur arrive à nous décrire la haine et la rage qui monte dans l'esprit des joueurs et dans les gradins, à nous raconter du foot qui avait tout du pugilat.

Rien à dire, on sent le travail de documentation derrière tout cela ainsi que le talent de l'auteur pour mettre tout cela en phrases cohérentes et donner du suspense à un match que l'on sait plié d'avance.

Une Mention "très bien" aussi à l'auteur pour ses petites intro musicales en début de chaque chapitre… Phrases d'intro qui se retrouvaient ensuite dans les premières phrases du chapitre. Là, je tire mon chapeau.

Bref, vous l'aurez compris, pas besoin d'aimer le ballon rond pour le lire, même pas besoin d'avoir vécu le match en direct (bien que cela doit donner une autre saveur au roman) ou de le visionner sur You Tube.

Moi, je me suis juste contentée de voir la fameuse charge de Schumacher "Bison" sur Battiston. Là, on comprend que cela ait failli mettre le feu au stade, et pas dans le bon sens. On se demande même pourquoi l'arbitre regardait ailleurs.

Cette vidéo m'a aussi appris qu'en 82, les maillots n'étaient pas floqués du noms des joueurs et que leurs shorts étaient à la limite de faire dépasser leurs service trois-pièces.

Des shorts aussi riquiqui que les esprits de certains bas-de-plafonds qui pensaient (et pensent toujours) qu'une équipe de foot nationale doit être composée à sang pour sang de joueurs du pays… Vous savez, des vrais, pas des produits d'importation…

Moi, tout ça me débecte car qui peut dire qu'il est plus Français/Belge/Italien…. que son voisin ?

Une belle découverte que ce roman et je m'en serais voulue d'être passée à côté.

Lien : http://thecanniballecteur.wo..
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8 juillet 1982, demi-finale de la coupe du monde de football, France-RFA.

Une date et un événement qui ont marqué des millions de français, et sont entrés dans l'inconscient collectif de tout un pays. Un match qui a dépassé son simple statut de manifestation sportive pour s'inscrire dans l'Histoire.

Oui bien davantage qu'un match de foot, c'est ce que Michaël Mention veut faire passer à travers ce (très) étonnant roman, totalement inclassable.

A la croisée des chemins, l'auteur en invente carrément sa propre route avec ce récit. Il nous fait vivre minute par minute ce match de légende à travers les yeux et les pensées d'un joueur fictif, sorte de douzième homme sur le terrain.

Il a beau être fictif, ce joueur est totalement intégré dans l'action, et nous, totalement plongés dans sa tête. Ce qui pourrait n'être qu'un simple documentaire, en devient un récit brûlant. Un brûlot même parfois.

Mention utilise cette rencontre sportive de manière si étonnante et si créative ! Il la modèle, la tord dans tous les sens. Au fur et à mesure, ce qui n'était qu'une description en temps réel se transforme tour à tour en pamphlet, en tribune, voire en tribunal.

A travers le match, c'est aussi du contexte politique ou économique de l'époque dont il est question, mais également du passé si compliqué entre les deux nations. Au fur et à mesure de l'avancée de la partie et de la fatigue du joueur fictif, les relents d'un passé difficile remontent à la surface, tout comme de sombres et nauséabondes idées nationalistes et racistes. Et ces idées résonnent bien au delà du passé…

Et c'est là où explose tout l'incroyable talent de Michaël Mention. Ce Jeudi noir se fait subitement polémique et l'auteur va loin, très loin (trop pour certains ?). C'est une belle idée que d'utiliser le ton de la controverse pour au contraire condamner les débordements et laisser chacun se faire sa propre opinion.

Oui, l'auteur frappe fort, tacle parfois au niveau du genou pour mieux dénoncer et pour rétablir certains faits (concernant le match, mais pas seulement).

Ce livre est un OVNI qui dépasse largement le cadre footballistique tout en restant le récit d'un passionné du jeu. A l'image de son style d'écriture nerveux et si expressif, au point qu'il nous recolle mal au bide plus de trente ans après. Sacrée performance !

Et puis ce roman est une nouvelle fois toujours rythmé par le rock, comme Mention aime si bien le faire, et toujours avec un bel à-propos.

En 1982, j'avais 14 ans, j'ai vécu ce match avec mes yeux d'enfant, en toute naïveté, sans en comprendre tout le contexte, et je me souviens encore parfaitement de cette expérience. Michaël Mention vient de me la faire vivre d'une toute autre manière, brutale mais salutaire.
Lien : http://gruznamur.wordpress.c..
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