AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,48

sur 51 notes
5
4 avis
4
13 avis
3
6 avis
2
1 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
8 juillet 1982. Séville. 21 h approchent à grands pas. le public s'échauffe, ça chante et ça crie à tout va. Dans les vestiaires du stade Ramón Sánchez Pizjuán, sous l'oeil bienveillant de Michel Hidalgo, les joueurs finissent leurs étirements. L'équipe s'apprête à rentrer sur le terrain... Face à elle, la RFA. Une demi-finale qui s'annonce déjà difficile, l'Allemagne de l'Ouest étant favorite. À leur entrée, le public hurle, ravi de voir cette équipe française à ce niveau-là. Bientôt 21h, le thermomètre culmine à 33°. Chaque équipe prend place sur le terrain et se fait face. Corver, l'arbitre, regarde sa montre. Et donne le coup de sifflet... Les fauves sont lâchés !


La force de frappe de Mickaël Mention est de s'emparer d'un sujet aussi original qui, de prime abord, pourrait en rebuter certain(e)s. C'était évidemment sans compter sur cette narration à la première personne. le match, comme si on y était grâce à ce douzième joueur fictif sur le terrain qui narre, minute après minute, cette demi-finale ô combien capitale pour l'équipe de France. Une demi-finale sous tension comme il n'y en aura jamais d'autres. D'ailleurs, bien plus qu'un match, c'était presque une guerre, un combat à mort que se livraient ici ces 22 (ou 23) joueurs. Au-delà du sport, un enjeu évidemment politique.
Une retranscription, certes romancée, mais d'une grande justesse et d'une force incroyable. Pour cela, l'auteur s'est fortement documenté, que ce soit à partir de romans, d'interviews d'anciens joueurs de chaque équipe ou des commentateurs de l'époque, Thierry Roland et Jean-Michel Larqué. Il nous fait revivre, entre espoir, violence, injustice, une rencontre aujourd'hui devenue mythique. Il s'attarde, certes, sur le match, nous détaillant les blessures d'un Battiston ou d'un Rocheteau, les échanges ou encore ce coup violent de Shumacher, mais il nous fait également part du contexte politique, à savoir une France mitterrandienne et une RFA un brin complexée.
Que l'on aime ou pas le football, ce roman est passionnant, fort, parfois éprouvant et parfaitement séquencé, une écriture nerveuse et minutieuse, inspirée par la musique (de Deep Purple à Barbara en passant par Brian Eno ou Ferrat), donnant du rythme à cet événement d'anthologie.
Commenter  J’apprécie          531
Le foot et moi, ça fait 2. Hormis quelques matchs lors des coupes du Monde ou d'Europe, je ne le regarde pas.

D'ailleurs, il a fallu que ma petite soeur suive le Coupe du Monde en 1998 pour que nous regardions pour la première fois du foot ensemble, ma soeur, ma mère et moi. Mais pas notre père…

Malgré tout, je ne sais toujours pas reconnaître un hors-jeu quand il y en a un et je ne suis jamais devenue une fana de ce sport où l'argent fait sa loi.

Alors vous pensez bien qu'un roman relatant le match France/RFA lors de la demi-finale de la Coupe du Monde à Séville en 1982, ça ne m'intéressait pas du tout.

Sauf que l'auteur ne m'est pas inconnu, qu'il m'a enchanté avec un autre roman et que des copains/ines sur la Toile m'ont donné l'envie de le lire.

Heureusement d'ailleurs, parce que j'aurais fait l'erreur stupide de passer à côté d'un excellent roman.

Certes, il relate de manière précise ce match de foot que je n'ai jamais vu et qui fut hard, mais il ne fait pas que ça !

Derrière la narration d'un joueur fictif, une sorte de douzième homme sur le terrain, il y a toute une réflexion profonde sur la France, l'Europe, l'Allemagne de l'après-guerre, la montée du racisme et les valeurs qui à une époque, avait fait la grandeur de la France.

Sans parler d'un gros tacle dans les tibias d'une certaine presse… celle qui joue aux vautours.

Et puis, ce match de foot, ce n'est pas un match, c'est une bataille, une guerre larvée qui va atteindre son paroxysme après l'agression… La tension est palpable à tel point qu'on pourrait la couper au couteau.

On a beau connaître l'issue du match, savoir pour qui sera Waterloo, malgré tout, on espère voir gagner l'équipe de France. On tremble même à chaque tir cadré vers les buts.

Jamais je n'aurais cru possible que le récit d'un match de foot puisse me prendre aux tripes ainsi. Ni que le récit puisse atteindre autant de profondeur.

L'auteur arrive à nous décrire la haine et la rage qui monte dans l'esprit des joueurs et dans les gradins, à nous raconter du foot qui avait tout du pugilat.

Rien à dire, on sent le travail de documentation derrière tout cela ainsi que le talent de l'auteur pour mettre tout cela en phrases cohérentes et donner du suspense à un match que l'on sait plié d'avance.

Une Mention "très bien" aussi à l'auteur pour ses petites intro musicales en début de chaque chapitre… Phrases d'intro qui se retrouvaient ensuite dans les premières phrases du chapitre. Là, je tire mon chapeau.

Bref, vous l'aurez compris, pas besoin d'aimer le ballon rond pour le lire, même pas besoin d'avoir vécu le match en direct (bien que cela doit donner une autre saveur au roman) ou de le visionner sur You Tube.

Moi, je me suis juste contentée de voir la fameuse charge de Schumacher "Bison" sur Battiston. Là, on comprend que cela ait failli mettre le feu au stade, et pas dans le bon sens. On se demande même pourquoi l'arbitre regardait ailleurs.

Cette vidéo m'a aussi appris qu'en 82, les maillots n'étaient pas floqués du noms des joueurs et que leurs shorts étaient à la limite de faire dépasser leurs service trois-pièces.

Des shorts aussi riquiqui que les esprits de certains bas-de-plafonds qui pensaient (et pensent toujours) qu'une équipe de foot nationale doit être composée à sang pour sang de joueurs du pays… Vous savez, des vrais, pas des produits d'importation…

Moi, tout ça me débecte car qui peut dire qu'il est plus Français/Belge/Italien…. que son voisin ?

Une belle découverte que ce roman et je m'en serais voulue d'être passée à côté.

Lien : http://thecanniballecteur.wo..
Commenter  J’apprécie          308
8 juillet 1982, demi-finale de la coupe du monde de football, France-RFA.

Une date et un événement qui ont marqué des millions de français, et sont entrés dans l'inconscient collectif de tout un pays. Un match qui a dépassé son simple statut de manifestation sportive pour s'inscrire dans l'Histoire.

Oui bien davantage qu'un match de foot, c'est ce que Michaël Mention veut faire passer à travers ce (très) étonnant roman, totalement inclassable.

A la croisée des chemins, l'auteur en invente carrément sa propre route avec ce récit. Il nous fait vivre minute par minute ce match de légende à travers les yeux et les pensées d'un joueur fictif, sorte de douzième homme sur le terrain.

Il a beau être fictif, ce joueur est totalement intégré dans l'action, et nous, totalement plongés dans sa tête. Ce qui pourrait n'être qu'un simple documentaire, en devient un récit brûlant. Un brûlot même parfois.

Mention utilise cette rencontre sportive de manière si étonnante et si créative ! Il la modèle, la tord dans tous les sens. Au fur et à mesure, ce qui n'était qu'une description en temps réel se transforme tour à tour en pamphlet, en tribune, voire en tribunal.

A travers le match, c'est aussi du contexte politique ou économique de l'époque dont il est question, mais également du passé si compliqué entre les deux nations. Au fur et à mesure de l'avancée de la partie et de la fatigue du joueur fictif, les relents d'un passé difficile remontent à la surface, tout comme de sombres et nauséabondes idées nationalistes et racistes. Et ces idées résonnent bien au delà du passé…

Et c'est là où explose tout l'incroyable talent de Michaël Mention. Ce Jeudi noir se fait subitement polémique et l'auteur va loin, très loin (trop pour certains ?). C'est une belle idée que d'utiliser le ton de la controverse pour au contraire condamner les débordements et laisser chacun se faire sa propre opinion.

Oui, l'auteur frappe fort, tacle parfois au niveau du genou pour mieux dénoncer et pour rétablir certains faits (concernant le match, mais pas seulement).

Ce livre est un OVNI qui dépasse largement le cadre footballistique tout en restant le récit d'un passionné du jeu. A l'image de son style d'écriture nerveux et si expressif, au point qu'il nous recolle mal au bide plus de trente ans après. Sacrée performance !

Et puis ce roman est une nouvelle fois toujours rythmé par le rock, comme Mention aime si bien le faire, et toujours avec un bel à-propos.

En 1982, j'avais 14 ans, j'ai vécu ce match avec mes yeux d'enfant, en toute naïveté, sans en comprendre tout le contexte, et je me souviens encore parfaitement de cette expérience. Michaël Mention vient de me la faire vivre d'une toute autre manière, brutale mais salutaire.
Lien : http://gruznamur.wordpress.c..
Commenter  J’apprécie          265
Quelle idée a bien pu germer dans la tête de Michael Mention pour se pencher sur ce match de football épique et mythique qui opposa la France et la République Fédérale d'Allemagne au cours du Mondial 1982 à Séville ?
En moins de 200 pages l'auteur va nous faire vivre le match, décortiquant minutes par minutes les principaux faits et gestes des joueurs, intégrant dans l'équipe un footballeur fictif, qui nous livrera ses pensées LIVE.
Grâce à l'auteur et à cette écriture au cordeau qui mélange avec brio des faits et des paroles qui se sont réellement passés avec des éléments de fiction bien dosés, on se replonge comme s'y on y était dans ce match aux rebondissements incroyables. On est littéralement avec les joueurs, avec les spectateurs , avec tous ces français qui trépignent, sautent, crient devant leur télé.
Quel scénario rêvé quand on repense au contexte dramatique, à cette pression fantastique qui reposait sur les épaules de nos bleus, si proches d'une première finale.
Avec ce match d'anthologie que tous les plus de cinquante ans ont encore en mémoire, l'auteur nous plonge également dans une époque. Celle de Mitterrand et son idéal socialiste, cette nation black, blanc, beur où le souvenir de la deuxième guerre mondiale et cette haine tenace envers les boches ne demande qu'à se se raviver quand des allemands sur le terrain adverse font tout pour nous empêcher de gagner ce match , quitte à user d'extrémités comme la violence du gardien Harald Schumacher envers Battiston. Schumacher, surnommé à l'époque le boucher de Séville par de nombreux supporters comme reporters français et étrangers.
Qu'on soit amoureux ou non de ce sport, il est impossible de ne pas se passionner par ce récit plein de jus et de vie, où un combat plus qu'un jeu de ballon se livre , la fairplay ayant été depuis longtemps relégué aux vestiaires.
En bonus, une belle playlist éclectique signée Michael Mention qui accompagnera avec bonheur la lecture de ce roman.

Commenter  J’apprécie          221
Le France-RFA du 8 Juillet 1982 à Séville, est le premier match de foot que je me souviens d'avoir regardé à la télé. C'est le soir où je suis tombée amoureuse d'Alain Giresse.
J'avais 11 ans et Michael Mention n'en avait que 2, et je me demande comment il a aussi bien pu retranscrire la fièvre qui avait saisi le pays au cours de cette soirée. En se glissant dans la peau d'un douzième homme, sur le terrain, il raconte le match presque minute par minute, et ce n'est jamais ennuyeux. Mieux : pendant cette rencontre, il raconte une tranche de France mitterrandienne, celle qui, gonflée d'espoir, commence à perdre ses illusions.
J'ai retrouvé un morceau d'enfance dans ce court récit audacieux. le soleil qui déclinait, la chaleur, la joie, la tension, l'espoir, la colère, la haine, l'exultation (le but de Gigi !), la déception, la cruelle défaite, les frissons de tristesse, les étoiles dans le ciel noir.
C'est une lecture sympathique, même pour ceux (dont je suis) qui n'aiment pas le foot, un récit nostalgique sur une époque où le fric n'avait pas tout pourri. Souvenirs souvenirs... (Frères d'armes !).
Commenter  J’apprécie          227
Dans « Jeudi noir », Mickaël MENTION raconte, dissèque et replace dans son contexte politique et historique d'après-guerre la terrible demi-finale de coupe du monde de football du 8 juillet 1982 qui a dégénéré en règlement de compte entre la France et l'Allemagne. Il montre ainsi comment le sport est le miroir de la société, un moyen d'expression, un catalyseur voire un amplificateur d'émotions, de messages, de faits. Il prouve surtout que si les blessures profondément ancrées dans nos peuples semblent parfois être comblées, elles sont susceptibles de se rouvrir à la moindre occasion ou provocation.


Pour cela, Mickaël MENTION a eu l'idée originale et intéressante de nous faire vivre cette rencontre France-RFA de l'intérieur, par le biais d'un joueur fictif de l'équipe de France pour narrateur. Ce narrateur nous racontera le match qu'il est en train de jouer : les faits, les sensations, puis les sentiments et les réflexions sociétales qui enflent en lui et tout autour, au fur et à mesure que la douleur de cette rencontre interminable met les organismes et les nerfs des joueurs, comme du public, à rude épreuve et les pousse à agir sans se contrôler, dévoilant des sentiments que le vernis social et la raison poussent à dissimuler en temps normal.


Bien plus que les performances sportives qu'ont dû déployer les joueurs ce soir-là, Mickaël MENTION met ici en lumière le parallèle entre équipes nationales et nation toute entière. Bien entendu, ce qui s'est passé ce soir-là n'a pas une seule cause et est dû à un enchaînement de détails qui se sont déroulés pendant cette soirée ; Mais dans le feu de l'action, quand l'enjeu est la victoire à tout prix, l'autre redevient l'ennemi à abattre pour chaque partie qui veut gagner. C'est pourquoi, si a priori ce récit pourrait sembler réservé aux amateurs de football, il est en réalité très intéressant et abordable même par les néophytes : Car son intérêt réside dans le rapprochement que fait l'auteur entre l'affrontement des joueurs des équipes de France et d'Allemagne sur le terrain en cette époque de guerre froide, et les relations politiques des deux pays que l'Histoire leur connaît, avec leur lot de guerres, de désaccords, de batailles, etc…


Le lecteur va donc voir évoluer tout un panel de sentiments chez le narrateur français : envers le sport, ses coéquipiers, ses adversaires avec qui, en d'autres circonstances, il pouvait avoir des rapports amicaux. Au départ, il est fier que le sport permette de faire jouer ensemble des nations qui se sont déchirées et ont du mal à tirer un trait sur leur histoire commune. Il pense et espère que cette rencontre fera comprendre à tous que la nouvelle génération d'Allemands n'est pas responsable des horreurs nazies passées… Il est fier de faire partie d'une équipe de France métissée, qui prouvera qu'on peut jouer loyalement contre les Allemands de la RFA qui, depuis la seconde guerre mondiale, sont ostracisés du fait des horreurs commises par leur pays.


Malheureusement, une telle pression pèse sur les épaules de tous les joueurs que la rencontre sportive va tourner en affrontement entre nations, et rouvre des blessures sociales encore mal cicatrisées : La fatigue aliénant la lucidité de chacun, les Allemands deviennent des « nazis » qui cassent du Français, et cet arbitre qui ne les calme pas et laisse le match dériver est donc forcément un « collabo ». L'Allemagne ne peut pas gagner en écrasant encore une fois la France. D'ailleurs, si elle est en bonne voie de le faire, ne serait-ce pas parce qu'il y a un « traitre » au sein même de l'équipe de France… ? Tout se mélange, le jeu et la politique, le passé et le présent.


Si Mickaël MENTION a pour l'essentiel mis en scène des faits, personnages et propos réels dans son roman afin que le lecteur se fasse sa propre opinion, il se sert à merveille de ce narrateur inventé pour mettre en perspective sport et Histoire, jeu et politique. le récit est extrêmement fort, la tension palpable entre les joueurs. On ressent parfaitement l'évolution dans les pensées du narrateur, et l'on comprend par là-même le glissement qui s'opère dans la tête des nations entières qui assistent à ce match, provoquant accidents et réactions échauffées des supporters et médias qu'il faudra contenir et apaiser.


Même s'il est avéré que certaines substances chimiques, consommées par les joueurs allemands avant ce match sous pression, sont à l'origine de certaines réactions des joueurs, celles-ci demeurent la preuve que la société internationale souffre de séquelles plus profondes, et qu'il faudra plus qu'un jeu pour faire oublier. Les peuples sauront-ils se reprendre et se pardonner à la fin de la partie ? Ou ces blessures sont-elles destinées à se rouvrir à chaque nouvelle occasion… ? Au lecteur de se faire sa propre opinion, au vu de ce qu'il vient de lire, et de ce qu'il a pu vivre par la suite. Une réflexion à découvrir, une tension à vivre ou à revivre même pour les novices en foot, un puissant moment de littérature, de sport, de société et d'humanité. Une belle création de Mickaël MENTION !

Lien : http://onee-chan-a-lu.public..
Commenter  J’apprécie          130
Le plus important au football est de gagner, peu importe la manière...

"Jeudi noir" de Michaël Mention retrace la demi-finale de coupe du monde 1982, entre la France et la RFA. de ce match mythique, l'auteur en sort un roman noir dans lequel nombreux sentiments surgissent.

08 juillet 1982, stade Ramon Sanchez Pizjuan, Séville.

Il est 21 heures, le coup d'envoi ne va pas tarder, les hymnes nationaux retentissent. Sur le terrain, vingt-deux hommes vont se livrer une bataille, une lutte sans merci pour décrocher une place en finale de la coupe du monde. D'un côté, la RFA, championne d'Europe en titre et déjà deux fois championne du monde, en 1954 et en 1974. de l'autre côté la France, sans palmarès. Son plus gros fait d'arme est une demi-finale de coupe du monde en 1958, presqu'un accident. Il va sans dire que les Allemands sont les grands favoris de ce match...

Le onze allemand est une sorte de rouleau compresseur à l'état brut, sa force est son physique. Dans ses rangs, on retrouve plusieurs talents dont la renommée n'est plus à faire : Fischer, Littbarski, Förster, Breitner... Devant leur route se dresse un onze français, une génération dorée, capable du pire comme du meilleur. Son jeu est la finesse et la technique. Son point fort, un milieu de terrain emmené par Platini, Giresse, Tigana et Genghini.

Et c'est dans une chaleur étouffante que Mr Corver, l'arbitre hollandais siffle le coup d'envoi. L'engagement est donné, l'histoire est en route...

Ecrire sur une compétition de football sort de l'ordinaire. Au premier abord, ce livre peut être repoussant pour les non-initiés de ce sport, et ils auraient tort de s'en passer surtout si ils aiment le roman noir. Michaël Mention, comme à son habitude, va au-delà des frontières du match et du football. En partant d'un fait réel il brosse autour de celui-ci un climat social, politique et historique.

A travers cette rencontre ce sont l'espoir, la violence, l'injustice, la haine, la vengeance, le racisme et la désillusion qui occupent les premiers rôles. Ces émotions nous sont contées par un douzième homme de l'équipe de France, en direct du terrain. Des hymnes nationaux à la séance des tirs aux buts fatidiques, c'est une tension évolutive qui gagne le lecteur, car dans ce match s'est produit tout ce que le football, et par métaphore la vie, peut nous réserver de meilleur comme de pire. Et même si nous connaissons la fin, le suspens est bel et bien présent.

Juxtaposer un événement sportif avec le contexte politique et/ou social du moment est très juste. Nombre de manifestations sportives possèdent ce lien, mais le football par sa popularité est peut être l'exemple le plus criant. Cette demi-finale de coupe du monde est à découvrir ou redécouvrir, à la fin, vous n'aurez qu'une seule envie, celle de revoir les images pour les coller au texte !
YB.
Lien : http://dunoirdupolar.blogspo..
Commenter  J’apprécie          50
Faire d'un match de football un roman noir. C'est une idée assez originale et un sacré défi. Mais quand on voit que le match en question, est « le » match, le match qui a traumatisé toute une génération, on se dit pourquoi pas d'autant plus quand on sait que pour Michel Platini « Aucun film au monde, aucune pièce ne saurait transmettre autant de courants contradictoires, autant d'émotions que la demi-finale perdue de Séville. »

J'étais trop jeune à l'époque pour la voir et donc m'en souvenir, mais le récit que l'auteur nous propose ici me parait assez juste et révélateur de l'esprit qu'il pouvait y avoir dans le stade de Séville ce fameux jeudi 8 juillet 1982.

Le roman est entièrement écrit à la 1ere personne ce qui nous permet de faire partie prenante de l'action en cours. Quel joueur sommes-nous ? Nous ne le saurons, et cela n'est qu'un détail. Nous sommes grâce à ce joueur fictif acteur et témoin.

Acteur, car nous sommes dans le match, nous participons au match et grâce à cela nous sentons toute la tension qui monte au fil des minutes, nous sentons tous les états par lesquels les 22 joueurs sont passés.

Témoin, car nous voyons tout ce qu'il se passe entre les joueurs d'un même camp, entre les joueurs des 2 camps, avec l'arbitre et également témoin de la foule électrique faisant monter la tension, et bien témoin de l'attentat historique de la 56e minute ayant contribuée à l'Histoire avec un grand H, car tout ce qu'il s'est passé durant ce match a eu des répercussions dans la politique de nos pays, car apaiser les nations suite à ce match, il y a fallu les interventions d'Elmut Khol et de François Mitterrand.

Cependant, il ne faut pas réduire ce roman à la réécriture d'un match de football, même autant inclassable qu'il est. Ce roman est roman avec une tension permanente, et qui monte de minute en minute. Habituellement, nous avons un compte à rebours en se disant « vont-ils arriver à couper le fil rouge avant que la minuterie soit à 0 ? » là c'est le contraire…on se dit « vont-ils réussir avant la 90e minute ? Avant la 120e minute ? »

Michael Mention manipule son récit de sorte qu'on passe d'un documentaire à un roman noir puis à un drame psychologique. En effet tout n'est pas question de football dans ce récit.
Il faut regarder le contexte, et là encore l'auteur utilise ces données conjoncturelles à merveille, car il ne faut pas oublier qu'en 1982 l'environnement économique n'est pas au mieux, le milieu politique est compliqué, sans parler de l'histoire de nos 2 nations qui est assez tumultueuse.
Tout ce contexte refait surface au fur et à mesure que le temps passe, toutes les émotions vécues sont ressenties comme des résurgences historiques, économiques et politiques, jusqu'au moment où l'idée de la présence d'un collabo dans l'équipe apparait… et là on se dit que oui malgré les apparences, l'Allemagne et la France auront toujours une relation difficile.

Pour renforcer ce sentiment de pression montante, l'auteur nous propose à chaque début de chapitre un titre de rock parfaitement adapté aux quelques minutes qui vont suivre et ceci est fort agréable.

J'ai donc bien aimé ce roman, mais ayant fréquenté assidûment les stades durant de longues années je fais partie d'un public gagné d'avance. Je crains cependant que si vous n'êtes pas un minimum footeux, vous ne soyez pas tenté par ce roman et/ou qu'il ne vous accroche pas.

Sur ces bonnes paroles, je vais regarder ce fameux match dont je m'aperçois que je n'ai vu à ce jour que quelques extraits…
Lien : http://polar.zonelivre.fr/mi..
Commenter  J’apprécie          40

Tout part d'une demi-finale, celle entre la France et la RFA lors de la coupe du monde en 1982. Un match d'anthologie pour son intensité et pour son scénario. Un match à Séville qui restera dans les mémoires et qu'a choisi l'auteur pour thème central de ce roman unique. Un roman comme un seul souffle. Un roman où chaque chapitre est une partie du match. Michaël Mention n'a pas son pareil pour construire des récits, des romans noirs tendus. L'écriture, la forme, tout un ensemble de procédés permettent souvent à l'auteur de capter l'attention du lecteur. Ça fuse et c'est encore une fois le cas ici. La politique s'invite, le contexte sociétal des années 80 aussi. L'auteur toujours fidèle à son travail documentaire conséquent transporte le lecteur dans ces années là. On retrouve les joueurs de l'équipe, leurs personnalités. « Jeudi noir » est un roman qui se lit d'une traite et qui tend vers le thriller.
Lien : https://lesmafieuses.wordpre..
Commenter  J’apprécie          20
Jeudi noir, de Michael Mention

Protéiforme, un mot utilisé à tort et à travers dans les nombreuses chroniques de livres que je peux voir. Comme si c'était le mot à placer impérativement pour montrer qu'on a du vocabulaire.

Si je ne devais l'utiliser qu'une fois (Je dois avouer bien aimer ce mot en fait), c'est pour un auteur comme Michael Mention. Un Western ? Les errances de Miles Davis à New-York ? Les Black Panther ? Une trilogie anglaise ? On valide tous ces sujets, tous ces thèmes. A chaque fois que je ferme un des ses livres, je me dis la même chose. « Putain il est bon ! »

Avec Jeudi noir, le mec se dit, je vais faire un livre, sur un match de foot, et ça va être bien. Bon certes, ce n'est pas n'importe quel match, mais va faire toi un roman qui tient la route autour de 22 mecs qui courent après un ballon. France RFA, demi-finale de la coupe du monde de football de 1982, un match qui est entré dans l'histoire du football…mais pas que.

Faut-il toujours classer les choses, notamment les romans, les mettre dans des cases, dire de quel genre ils sont, parce que là, je préfère vous dire, je ne sais pas comment faire pour classer cet OLNI (Objet Littéraire Non Identifié)

Le narrateur est un 23eme joueur sur le terrain, il va raconter le match minute après minute. Une immersion totale, incroyable, qui montre à quel point, Michael Mention a dû se documenter pour arriver à une telle prouesse. le narrateur pose aussi des questions, apporte des réponses…parfois. Il se positionne sur des avis tranchés, on dépasse le cadre du sport pour parler de valeurs, de politique, de racisme…On frôle la polémique, certains ne s'en priveraient pas…Un livre qui prend aux tripes…qui m'a bluffé … J'ai adoré.

Le mec te parle d'un match de foot, tu tournes la dernière page du livre t'as la tronche d'un boxeur, et pas celle du vainqueur.

Chapeau MONSIEUR Mention…Et merci


Lien : https://marcdonnedesnouvelle..
Commenter  J’apprécie          20




Lecteurs (93) Voir plus



Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (6 - polars et thrillers )

Roger-Jon Ellory : " **** le silence"

seul
profond
terrible
intense

20 questions
2867 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature , thriller , romans policiers et polarsCréer un quiz sur ce livre

{* *}