Ah tiens,
Michaël Mention, un moment que je veux le lire cet auteur. Paraît qu'il est bien. Oh et un western, en plus ? Excellent timing, allons-y, faisons connaissance.
1866, dans une Californie écrasée sous un cagnard qui tabasse à l'aveugle où en plus de ne pas avoir d'ombrelle, il ne fait pas bon être faux-monnayeur vu qu'on est presque sûr de tomber sur Crimson Dyke, agent des services secrets américains fraichement recruté et prêt à ramener tous ces faussaires dans le giron de l'état et de ses prisons dont les cailloux à casser n'attendent que leurs petits bras musclés. Un nouveau boulot qui devient vite une routine pour l'agent Dyke, jusqu'à ce que des fermiers-chercheurs d'or salement éventrés aient le goût plus que discutable d'émailler sa route. Serait-ce l'oeuvre du premier serial killer de l'histoire américaine ?
Et voilà, c'est pile là qu'on se retrouve plongé dans du western tout sauf spaghettivement classique, farewell Gary Cooper,
Audie Murphy et autres Luigi Pistilli. D'accord, c'est le Far West mais dammit on se croirait à New-York époque moderne et c'est finalement tout le charme de ce roman. Des chevaux, des indiens (et des massacres donc), des fils de télégramme qui goupinent H24, l'alliance des deux Pacific Railroad visant à relier l'Est à l'Ouest, des chercheurs d'or et des institutrices girondes, pas mal d'éléments du western sont bien présents mais fondus dans du polar tellement noir qu'on ne sait plus très bien le genre qu'on tient entre les mains et c'est plutôt chouette.
A coup d'images qui font mouches et de phrases concises et brutales qui claquent comme des coups de .38 Smith & Wesson associées à des personnages hauts en couleur de dégueulasserie, entre un entrepreneur tas de saindoux qui semble mener le pays à lui tout seul, des notables véreux et les Season Brothers, tueurs sans foi ni loi ni réels noms d'ailleurs (hormis Winter, Fall, Summer et Spring... Les Season quoi !),
Michael Mention s'éclate et nous entraîne sans difficulté dans sa kermesse de villages fantômes qui n'existent et ne durent que le temps de trouver une hasardeuse minuscule et riquiqui pépite d'or qui cherchait son chemin.
Avec ce titre en forme de citation biblique tiré de l'Apocalypse, rien que ça ( «
Dehors les chiens, les enchanteurs, les impudiques, les meurtriers, les idolâtres, et quiconque aime et pratique le mensonge ! » ) sous-titré "tome 1", ce roman semble n'être qu'un prélude à de trépidantes et sauvages aventures à venir. On n'a pas fini d'entendre parler de Crimson Dyke, d'ailleurs qu'en dit
Michaël Mention ? "Je ne veux pas trop en révéler sur lui, je réserve ça aux volets suivants, mais je dirais que c'est un nihiliste à tendance idéaliste. Un homme usé qui n'a guère confiance en l'avenir, mais pas assez usé pour se tirer une balle. C'est sur cet équilibre-là que j'ai construit sa psychologie, son rapport aux autres. Crimson est un bloc d'intégrité, qui s'évertue à rester civilisé dans un monde bouillonnant. C'est un arbre dans la tempête : il résiste, il résiste, puis un jour, ça craque. Et là, comme dirait l'autre, « ça va chier »."
Eh bah si ça met pas l'eau à la bouche, ça ! Et c'est tant mieux, beaucoup de questions concernant cet intéressant personnage sont restées sans sérieuses réponses, titillant la curiosité juste ce qu'il faut...
Vite, la suite !