Cicatrice

Cicatrice fut considéré comme livre de l'année 2015 par plusieurs journaux espagnols et reçut deux prix littéraires.
C'est un roman postmoderne avec des personnages ayant une identité mal définie et manquant d'envergure. Il se passe dans les années 90 du siècle dernier quand seul Internet permettait des échanges par mail qui étaient plutôt des courriers bien rédigés; c'est l'ère avant les réseaux sociaux où prime l'épidermique et l'immédiateté. de ce fait, c'est aussi un roman épistolaire.

Nous avons l'histoire d'une relation virtuelle entre une jeune fille sotte (Sonia) et un étrange gars, asocial et manipulateur (Knut). Ils vont se rencontrer dans un forum littéraire et après échange d'une photo (d'elle), il ne va plus la lâcher.
Sous prétexte d'échanges sur des livres, il va lui en envoyer beaucoup. Livres que Sonia ne lira même pas. Mais de livres les cadeaux vont dériver à des choses bien plus intimes. Knut vole tout ceci et Sonia le sait…
Knut est un autodidacte ayant délaissé les études mais comme il lit beaucoup, il possède une certaine culture et se veut le pygmalion de cette oie blanche qui est Sonia, qui ne sait pas se dépêtrer de cette relation car elle est tombée sous la dépendance, surtout pécuniaire. En dehors du côté culturel, Knut est un fétichiste et sado-maso léger qui va impliquer Sonia dans une relation malsaine et culpabilisante.
Car les années vont passer, Sonia se mariera et aura un fils par césarienne. La seule fois où ils vont se rencontrer, Knut découvrira la cicatrice de césarienne qui agit comme une métaphore de ce qui est et de ce qui fut.
La chronologie chaotique du livre m'a quelque peu gêné dans sa lecture. le côté positif est la prose assez limpide de l'écrivaine (quoique loin des canons littéraires) et fortement elliptique, ce qui oblige le lecteur à remplir les vides.

Il y a une excellente citation sur le mensonge : le mensonge est essentiel parce que la vérité est incommunicable.
Une lecture appréciée moyennement par la teneur (que j'ai trouvé décadente) et par le manque de style mais je reconnais une modernité certaine sur des sujets d'actualité.
Lien : https://pasiondelalectura.wo..

Sonia est membre d'un réseau social consacré à la littérature (un babelio espagnol ?)
Un jour, elle reçoit un mail d'un autre membre qui ne la connaît pas mais qui dit avoir entendu beaucoup d'éloges à son égard. Il souhaite discuter littérature avec elle et se met à lui envoyer régulièrement des tas de bouquins qu'il se vante de voler. Et c'est parti pour plus de 200 pages de messages (et une courte rencontre)
Knut pourrait constituer un cas de psychiatrie : obsédé par l'ordre, les détails, la perfection, il applique ces « qualités » aussi à son sport favori, le vol. Il ne se fait jamais prendre, mais « acquiert » tant de choses en si peu de temps que cela devient invraisemblable et ridicule. Personnage hors norme, qu'on trouve tout naturel d'être le sujet d'un roman. Mais Sonia ? Voilà une femme « normale », qui travaille, se marie, a un enfant… mais ne parvient pas à couper les relations avec Knut. du début à la fin du roman, elle hésite, irritée par son correspondant, mais se sentirait coupable si elle rompait définitivement. J'ai rarement été autant agacé par le comportement d'un personnage !
Il faut ajouter qu'après quelques temps, Knut ne se contente plus d'envoyer des bouquins ou des CD : suivent des parfums, des sous-vêtements, toujours de marque coûtant (pour qui les acheterait) des sommes exorbitantes. Et Sonia de garder tout çà sans s'en servir, de cacher ces cadeaux (son mari n'est au courant de rien !) Elle finira quand même par vendre une partie via e-bay, mais (le comble !) se sentira alors coupable ! Et le fait que ces objets ont été volés ne la dérange pas plus que cà !
Ces messages, purement intellectuels au début, glissent peu à peu vers des fantasmes érotiques. J'ai craint le pire, mais non, le roman s'arrête à temps.
Une conclusion à tirer ? Aucun être humain n'est indifférent à l'intérêt qu'autrui lui porte. Mais ça, on le savait déjà.