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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
« Ce que nous confions au vent » de l'écrivain italo-japonaise Laura Imai Messina (2021, Editions Albin Michel, 240 p.) traduit par Marianne Faurobert part d'une histoire japonaise vraie. Quelqu'un installe une cabine téléphonique, plantée au milieu d'un jardin, qui n'est reliée à aucune ligne, dans laquelle des personnes endeuillées viennent parler à leurs défunts, suite au séisme et tsunami du Tohoku, le 11 mars 2011.
Après tout, il y a bien eu « La boîte à lettres du cimetières » de Serge Pey (2014, Editions Zulma, 208 p.). Mais il s'agissait d'un recueil d'une trentaine d'histoires dans lesquelles on accueille les camarades autour d'une table trop petite. On n'hésite pas à dégonder la porte de la maison familiale pour la coucher sur deux tréteaux. « « La porte, en quittant son travail de porte, avait modifié le vacarme des espérances de ceux qui étaient assis et qui se reconnaissaient à coup de blasphèmes et de mélancolies ». Dans un autre conte « Grand-mère avait dessiné un Christ à la peinture noire sur les pales du ventilateur fixé au plafond de bois de la salle commune. Quand le ventilateur tournait à fond, le Christ disparaissait. Elle disait que Dieu était une illusion d'optique, la même que celle provoquée par le ventilateur. Grand-mère le démontrait. Quand elle arrêtait le ventilateur, elle faisait récupérer au Christ son apparence d'homme. Quand elle le rallumait, il disparaissait. Grand-mère disait que la religion c'était ainsi : lorsqu'on fait tourner un homme ou son image rapidement il devient un dieu ». Un Dieu rotatif, en quelque sorte. Un coup je te vois, un coup tu me vois, à l'image de la Lune.
Ou plus ancienne, une boîte à lettres a été installée en 2005, à l'entrée du cimetière Boutet afin de recueillir les missives adressées à Arthur Rimbaud. Mais en janvier 2023, les intempéries ont eu raison de la boîte aux lettres. Encore avant lui, Xavier Forneret (1809-1884) est cité dans « L'Anthologie de l'Humour Noir » de André Breton (1966, Jean Jacques Pauvert, 596 p.) pour « j'ai vu une boite à lettre sur un cimetière ».
Le livre se passe à Otsushi, à environ sept heures de route au Nord de Tokyo, à 200 kilomètres au nord de Sendai il faut dire que l'on ne roule pas très vite au Japon. Lors de ce séisme, Yui a perdu sa fille et sa mère. Takeshi a perdu sa femme, et sa fille n'arrive plus à parler. Tous les trois se rencontrent autour de ce « téléphone du vent ».
Il s'agit en fait d'une histoire inspirée du Wind Phone, une véritable cabine téléphonique dans un véritable jardin, offert à une communauté de personnes qui en ont besoin et qui est devenu un lieu de pèlerinage. Au bas des pentes abruptes du mont Kujira-yama, le Mont de la Baleine, 481 m, au milieu d'un immense jardin,celui de Suzuki-san, se dresse une cabine téléphonique : le Téléphone du vent. le Bell Gardia
En mars 2011, un tremblement de terre au large des côtes japonaises a provoqué un énorme tsunami qui a atteint des kilomètres à l'intérieur des terres, tuant environ 16 milliers de personnes.
Deux personnages principaux, Yui qui a perdu ce jour-là sa fille et sa mère. Elle n'a jamais pleuré. Journaliste à la radio japonaise elle se concentre sur son travail qu'elle effectue avec rigueur. « Yui avait de longs cheveux noirs, blonds aux pointes, comme s'ils poussaient de bas en haut. [… Au lieu de cela, elle les a coupé un peu plus court à chaque fois, jusqu'à ce que, finalement, cela ressemble à un halo tombé. La couleur de ses cheveux, le contraste entre le jaune et son noir naturel, avait fini par être une sorte de journal de son chagrin. Comme un calendrier de l'avent ».
L'autre personnage principal, c'est Takeshi, médecin chirurgien à l'hôpital de Tokyo. Il ne sait que faire pour que sa fille, Hana rendue muette depuis le décès de sa mère, parle à nouveau. Il réfléchit à son nouveau rôle de parent unique. « Je regarde les mères dans la rue, dans les parcs, au supermarché et j'essaie de leur voler leurs secrets. Je veux savoir comment on fait parler un enfant, comment on le rend heureux d'être en vie ».
Ils sont tous deux réunis dans un même but. Ces deux personnages vont chaque mois se retrouver pour effectuer le trajet en voiture vers Bell Gardia, et tenter de parler à leurs chers disparus. Lors de leur première visite, Takeshi se rend au téléphone pour parler à son épouse défunte. Yui reste en retrait, hésitant. Ils deviennent amis et se rendent chaque mois à la cabine téléphonique, mais Yui ne parle toujours pas à sa famille perdue. Un rituel qui devient immuable, sur lequel se dessine leur histoire, on s'en serait douté, avec des silences qui succèdent aux paroles. Un jour, ils décident d'emmener Hana. Bien sûr, le miracle va se produire. « Suzuki-san avait compris avant la fin de la première année qu'ils étaient
en train de tomber amoureux, mais il ne le dit à personne. Il avait coutume
de répéter à sa femme : « L'amour, c'est comme la thérapie, ça ne
fonctionne que quand on y croit ».
Une histoire simple, faite de silences et de non-dits. Entre ces chapitres qui suivent l'histoire des deux protagonistes, ainsi que des expériences d'autres personnes en deuil qui visitent la lieu, l'auteur intercale de petites sections qui ressemblent presque à des poèmes. Ils portent des titres tels que « Parties du corps de Yui qu'elle a confiées à d'autres au fil des ans » et « Deux choses que Yui a découvertes après avoir recherché la signification de « Câlin » sur Google le lendemain ». On ‘en serait douté. Il y a aussi la librairie où se rend Yui, ou l'album que Takeshi lit à sa fille un soir. Petits chapitres, en forme de poèmes. Très japonais.
Alors, pourquoi cette cabine téléphonique dans le jardin de Suzuki-san. Il s'en explique. « Un jour, un homme m'a dit que la mort est une chose vraiment personnelle. D'une certaine manière, nous construisons nos vies en miroir de celles des autres. La mort, c'est différent. Tout le monde y réagit à sa manière… »
Tout cela est également très japonais. Il est vrai que l'auteur vit au Japon depuis 15 ans et travaille entre Tokyo et Kamakura, où elle vit avec son mari japonais et ses deux enfants. C'est une petite ville à une cinquantaine de kilomètres au sud de Tokyo. Elle devient capitale du Japon avec le shogun Minamoto no Yorimoto en 1192, lorsque le shogunat prend le pouvoir sur l'empereur. En centre-ville, face à la mer au out d'une longue allée plantée de cerisiers avec des lanternes de pierre, se trouve le sanctuaire shinto du clan Minamoto, dédié à Hachiman, dieu de la guerre, divinité tutélaire du clan.
Deux autres choses sur Kamakura. Une statue géante de 13 mètres de haut, en bronze, coulée en 1252, suivie de douze années supplémentaires de travail pour être achevée. Pesant 93 tonnes, elle a été détruite par un tsunami en 1495. Réparée, elle a de nouveau été déplacée par le séisme de Kanto en 1923, qui a affecté la région de Tokyo. Autre particularité de Kamakura, un magasin de toupies, véritable musée de toutes sortes de toupies, totons et jouets articulés. En tant qu'ancienne capitale, proche de Tokyo en train, mieux vaut ne pas y aller en week-end.
Autre signe de japonisme, la relation entre la religion shinto et la mort. Dérivé du bouddhisme, le shintoïsme est polythéiste et animiste. On adore les « kami », les esprits qui habitent ou représentent un lieu particulier, ou incarnent des forces naturelles comme le vent, les rivières et les montagnes. Beaucoup de kamis sont considérés comme les anciens ancêtres des clans. « Dans l'Antiquité, les Japonais croyaient que l'au-delà se trouvait de l'autre côté des mers et des fleuves ; voilà pourquoi, dans bien des régions du Japon, on pratiquait encore ce beau rituel consistant à poser des offrandes et des bougies sur des petites barques en papier que l'on confiait au courant afin qu'elles dérivent vers le large ». Parmi eux Izanami, première femme du dieu Izanagi, le co-créateur du monde et du Japon. Izanami est la déesse de la création puis de la mort. Il n'y a pas à proprement parler de mort dans le shintoïsme. Ce n'est qu'une étape dans la vie des kamis et ceux-ci sont immortels. Donc, il est tout à fait raisonnable de continuer à entretenir des relations avec les personnes disparues. « Parents défunts, enfants perdus, ancêtres pulvérisés par L Histoire et amis disparus: les voix de tous ceux qu'on avait appelés du Téléphone du Vent revenaient ici, sur les lieux d'où on les avait convoqués pour la première fois ».
Cette façon de raisonner explique pourquoi Suzuki-san construit la Bell Gardia, et que les proches des disparus du tsunami y viennent pour parler. « Tout en flânant dans le jardin, Yui les imagina rassemblés comme pour l'appel à l'école, levant la main en entendant leur nom et faisant connaissance. Sa fillette jouait peut-être avec la femme de M. Fujita, elles chantaient peut-être ensemble, se recréaient un monde où, tandis que les survivants veillaient les uns sur les autres, les défunts aussi s'aimaient et allaient de l'avant, accumulant les années. Pour finir, ils mouraient. À l'instar du corps, l'âme devait s'user ».
Ceci dit, les japonais sont très conscients de l'endroit où ils vivent et des aléas qui les menacent. Un collègue japonais chez qui j'ai passé quelques mois en année sabbatique m'a expliqué qu'ils avaient tout : les tremblements de terre, les tsunamis, les volcans, les typhons, les avalanches et les inondations. « le typhon se déchaînait, le mont mont Kujira-yama était sens dessus dessous. le grand cétacé semblait vouloir replonger dans l'eau, revenir à l'océan qui, un peu plus bas, s'élevait en vagues monstrueuses. La bête défiait le monde, elle l'apostrophait en hurlant ». Les japonais connaissent ces aléas, ils y font face et s'y préparent.
Pour ce qui est des séismes et tsunamis, j'ai pu constater depuis le séisme de Kobé, en 1995, un changement radical dans le système de prévention. Des digues ont été construites dans des très petits ports. Elles n'arrêteront pas les vagues, mais atténueront leur puissance. Un système très dense de détection des séismes permet d'activer des mesures préventives, comme l'arrêt des trains, des travaux en hauteur ou des ascenseurs, la fermeture automatique de potes coupe-feu dans les magasins. Une prévention aussi qui passe par une information grand-public, ce qui rend la population sensible, et disciplinée. Des systèmes d'alertes, avec des routes à suivre en cas de problème, qui sont appliquées et suivies. Une éducation citoyenne. Des prévisions, revues à la hausse, peut-être de façon exagérée. Mais on s'attend çà des vagues d'une trentaine de mètres dans la péninsule d'Ise au sud de Tokyo. Que faire dans ce cas ? Rien, inefficace et trop cher pour l'être. Par contre, une prévention et information. Pour lesquelles, il y aura toujours des manques.
Donc, dans ce contexte, installer une cabine pour communiquer avec les disparus ne choque pas du tout. Il est plus choquant, pour ma part, d'utiliser ses connaissances pour affirmer, sur la base d'expériences que l'on sait fausses, ou falsifiées, qu'il suffit d'injecter une quelconque poudre de perlimpinpin pour guérir d'une infection virale.
Pour en revenir aux communications avec nulle part, fussent-elles par téléphonie en ligne directe, comment faut-il interpréter les changements qui s'opèrent entre Yui et Takeshi, ou autour de Hana. Simple résilience due au temps ou changements dus au contexte. le simple passage du temps grammatical, du passé au présent puis au futur dans le livre suffit-il. « L'enfance disparaît chez tout le monde. Tous les enfants meurent un jour ».
Reste le souvenir de la jeunesse. « Quand soudain, venant d'une autre tête blanche, tout au fond, un chant s'était élevé : « Zô-san zô-san… Petit éléphant, petit éléphant au nez si long… » Yui, tout émue, avait vu l'éléphant se matérialiser devant elle, avec sa trompe, ses pattes comme de la terre cuite, et tout le reste ».

« On accepte mieux les fous tant qu'on n'est pas vraiment certain de leur folie ».
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Lu en 2022. Une jolie découverte, faite grâce une collègue.
Un roman délicat et poétique, qui parle de traumatisme, de deuil et de résilience. Une plume qui dissèque les sentiments de chacun des protagonistes, de façon authentique et pudique à la fois.
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Le récit prend place au Japon dans l'après-tsunami, alors que l'effroi et la douleur ont marqué les survivants. Pourtant les chapitres s'y enchainent de façon assez banale, avec la rencontre entre deux solitudes endeuillées et l'amour qui s'en suit.
Le tout dans un style très étrange, souvent déconcertant, mais avec de jolies phrases surgissant parfois.
J'ai surtout été captivée par l'existence réelle de cette extraordinaire cabine téléphonique, et c'est ce qui m'a portée pendant toute ma lecture, jusqu'aux notes documentées en fin d'ouvrage.
Un bien beau témoignage sur Bell Gardia et sa cabine reliée à l'invisible,
et un hommage poignant aux victimes du 11 03 2011.
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J'ai immédiatement été emportée dans ce roman ; comme une belle rencontre, j'ai senti qu'il était juste pour moi au moment où je le lisais, la thématique du deuil étant malheureusement présente dans ma vie actuellement.

Même si le sujet est triste, ce roman n'est que douceur, poésie et étonnamment Optimiste. C'est une histoire qui parle de la mort, du deuil, et pourtant il parle simplement et ardemment de la vie. C'est un récit sur la résilience, la douloureuse reconstruction de soi, de sa vie, après la perte d'un être cher. À travers toutes les personnes que Yui croisera sur ce chemin (qui pourraient être moi, qui pourraient être vous), l'autrice nous montre qu'il n'y a pas une seule façon de faire son deuil : il y en autant qu'il y en a de personnalités. Il n'y a pas de chemin exemplaire à suivre, le meilleur est celui qui est propre à soi.

Au-delà de l'histoire qui m'a touchée et de cette cabine téléphonique à haute valeur spirituelle, j'ai apprécié la plume poétique de l'autrice (j'ai d'ailleurs surligné de nombreux passages) et les chapitres "hors sujet" qui ponctuaient le récit, un peu à la manière de l'Encyclopédie relative et absolue dans les Fourmis de Werber, qui parlent de musique, de bonheur d'enfant, de listes de courses, de la vie tout simplement.

J'ai donc infiniment aimé cette histoire même s'il lui manquait un petit "quelque chose en plus" pour en faire un coup de coeur. Peut-être est-ce le fait que je ne me suis par contre pas attachée aux personnages, la narration à la troisième personne mettant directement une certaine distance ? En tout cas, je vous recommande vivement ce livre qui, loin de vous plomber le moral, vous offrira une petite parenthèse de douceur et d'espoir.
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Une très belle histoire, nous suivons la rencontre entre Youi et Takeshi dans ce très beau jardin où vit le téléphone du vent.
L'histoire parle beaucoup des vivants qui ont survécu à des traumatismes. Et les liens qu'ils arrivent ou pas à tisser avec leurs morts, grâce à ce téléphone.
Une histoire qui marque les vivants.
Dans ce lieu magique qui existe réellement.
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Tous les pays du monde ont de belles histoires à offrir aux autres, mais il est vrai qu'on s'inspire beaucoup, en Occident, du Japon, des Japonais, et de l'originalité de leur façon de vivre.

Je n'avais jamais entendu parler de ce livre jusqu'à ce que mon amie Caro, grande fan du Japon au point de commencer à apprendre cette langue, échange avec moi ses envies livresques du moment. Et hop direction la Médiathèque, mon nouveau lieu de vie ! 😉😀

Il y a quelque part au Japon, une cabine téléphonique sans câbles, uniquement "reliée" au vent, dans laquelle vous pouvez saisir le combiné, composer le numéro de votre choix, et appeler "vos" morts, leur parler, commencer ou continuer votre deuil. Je trouve cela très beau !

L'histoire :

Pour une fois je vais commencer en vous révélant les toutes dernières lignes de ce livre :

"Au lendemain du désastre du Tôhoku, le monde entier s'est focalisé sur l'accident nucléaire de Fukushima et sur ses conséquences politiques et environnementales. Ce livre s'abstient volontairement d'y faire référence ; il est dédié aux victimes du tsunami du 11 mars 2011."

Le décor est posé.

Yui, jeune femme qu'on imagine à la trentaine, y a perdu sa jeune fille de 3 ans et sa mère, et la seule consolation qu'elle a, c'est qu'elles sont mortes ensemble, enlacées dans les bras l'une de l'autre, un sauveteur a pris une photo au moment de la découverte de leurs corps.

L'héroïne est journaliste radio, et un jour un interlocuteur parle de cette cabine téléphonique d'un autre genre, le "Téléphone du Vent de Bell Gardia", ce qui donne envie à Yui d'aller vérifier sur place si c'est vrai.
Elle y fera connaissance de nombreuses personnes, de tous les âges et de tous les coins de l'archipel, et très rapidement elle rencontrera M.Suzuki, gardien du lieu et Takeshi, un homme de son âge, ayant perdu sa jeune épouse, et papa d'une petite fille. Ils deviendront amis dans la peine.

C'est évidemment un livre du deuil, qui m'a fait verser quelques larmes.
Qu'on ait à portée de main ce genre de cabine téléphonique ou pas, le livre insiste sur le fait qu'il faut continuer à parler à nos morts.
De la même façon, vous avez remarqué comme on a du mal à parler avec nos amis et de nos proches des gens qui sont décédés dans l'entourage, de peur de leur faire de la peine ?

Le livre démarre sur un typhon, et Yui, qui s'est attachée à cette cabine, même si elle n'ose pas encore y entrer, fera tout pour la protéger des vents violents ! Au risque d'y perdre la vie... qui sort un jour de vent aussi violent ?!

Il y a dans ce roman deux parties assez différentes, et j'ai préféré la première plus ancrée dans le souvenir et où on fait connaissance avec les différents personnages, vivants ou décédés, que la seconde, qui donne davantage la part belle aux sentiments, et à la réalité. 😉

J'ai passé un très doux moment à lire ce livre, mais je pense que c'est pour la seconde partie que je ne met pas de coup de coeur.

Sur la forme :

Entre chaque chapitre, l'autrice met des petites notes que j'ai beaucoup aimées, comme des listes de musique, des informations sur les morts, des recherches sur Google, des cadeaux offerts aux autres etc, en rapport avec les situations du bouquin.

Et un NB plus léger : il est fait mention page 182 (du livre broché) d'une pratique vraisemblablement courante au Japon : à la caisse de la librairie, on vous propose de recouvrir votre livre, si vous ne voulez pas que les autres jugent de vos centres d'intérêt ! C'est tellement japonais !! 🥰
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Il existe au Japon dans un jardin sur une pente du mont Kujjra-yama, une cabine téléphonique en plein vent où des personnes endeuillées se rendent pour communiquer avec leurs morts. ”Les doigts composaient un numéro au hasard et, le combiné à l'oreille, on y laissait tomber sa voix”. Laura Imai Messina s'y est rendue et s'est inspiré de ce lieu pour imaginer la rencontre de Yui et Takeshi, tous deux éprouvés par la disparition d'êtres chers : la première, celle de sa mère et de sa fille lors du tsunami du 11 mars 2011, le second, la mort de sa femme. Outre le récit d'une histoire romanesque et sympathique, le téléphone du vent est surtout une réflexion sur l'impact et les bouleversements qu'opèrent la mort de proches, tant dans notre vie que sur notre caractère. le besoin se fait alors impérieux de réaliser ”que la tristesse conserve toujours des traces de la joie” et ”que même face aux pertes que la vie vous nous impose nous pouvons nous ouvrir à tous les cadeaux qu'elle nous fait”. En écrivant ce livre, Laura Imai Messina a ”compris à quel point il était important de raconter l'espoir, que le devoir de la littérature est de suggérer de nouvelles façons d'être au monde, de relier l'ici-bas à l'au-delà”. Avec une grande délicatesse, elle y parvient à merveille.
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Un jour, un homme a installé une cabine téléphonique dans le jardin de sa maison, dans l'une des régions les plus touchées du Japon par le tsunami de mars 2011 . A l'intérieur, un vieux téléphone noir qui n'est pas branché : « Le téléphone du vent » emporte dans le vent les voix de ceux qui cherchent à s'entretenir avec leurs morts.
Les survivants transmettent ainsi à ceux qui ne sont plus leurs interrogations, leur amour, leurs chagrins, des nouvelles de leur vie, parfois aussi des reproches .
C'est dans ce lieu que le chirurgien Takeshi, resté seul avec sa petite fille de 3 ans devenue muette après la le disparition de sa mère rencontre Yui .
Yui, elle, a perdu sa fille et sa mère dans le tsunami .
« Ils n'avaient plus personne, ils s'étaient liés d'amitié » …....

CE QUE NOUS CONFIONS AU VENT est fait de chapitres courts relatant chacun un épisode de la vie des deux personnages, l'évolution de leur amitié , de leur relation .
Bien ancré dans la culture et l'imaginaire japonais, il offre une thérapie universelle au deuil en croisant le réel et l'invisible, en reliant le monde des vivants et celui des morts,
C'est doux roman qui évite le pathos et qui montre l'importance du partage, des effets de la voix, des effleurements, des câlins, un ouvrage rempli d'émotion sur le thème du vide de la vie après le deuil et sur la résilience .
Quand le vivant, pour se réparer , parle avec son mort en confiant ses paroles au vent.....
Un vent successivement violent véhicule de la destruction et doux transporteur de la parole qui apaise.

L'auteur Laura Imae Messina, une italienne, s'est inspirée d'un lieu réel au Japon, fréquenté chaque année par des milliers de personnes et précise à la fin de l'ouvrage l'objectif de son roman .
« En écrivant ce livre, j'ai compris a quel point il était important de raconter l'espoir, que le devoir de la littérature est de suggérer de nouvelles façons d'être au monde, de relier l'ici bas à l'au delà »

Si j'ai particulièrement apprécié la délicatesse de ce roman, qu'il me soit permis d'exprimer un regret : celui d'avoir trouver ma lecture régulièrement interrompue par des listes de nourriture, de vêtements ou de musiques qui m'ont semblé peu utiles et qui ont brisé le déroulement et le charme de cette belle histoire.
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Alors que Yui anime sa quotidienne dans son émission de radio, un auditeur lui révèle qu'il existe un lieu où l'on peut confier des messages à destination de nos défunts.

☎️Imaginez des pentes escarpées,
le mont Kyjira-Yama qui domine tel un roi,
Un jardin luxuriant où la nature ondule au gré du vent,
Et puis au milieu de ce décor exquis une cabine vieillie,
Où la communication ne peut s'établir du moins pas avec des gens qui sont en train de vivre.

☎️Cet appareil défaillant n'a pour seul but que de parler aux gens manquants.
Des mots parlés que l'on aurait aimé avoir prononcés,
Le sifflement du vent qui vient assécher tel un pansement,
Le réconfort du gardien par sa grande humanité
Les rencontres avec les habitués,
Tous ces petits bonheurs additionnés
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« Ce que nous confions au vent » est un très beau roman, particulièrement poétique, émouvant sans être larmoyant.
Cependant, je trouve personnellement qu'on perd parfois un peu le fil de la lecture, mais j'imagine que cela est dû au style d'écriture de l'auteure
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