Crépuscule du tourment de
Léonora Miano est un roman lu il y a quelques semaines, afin de pouvoir digérer cette lecture riche et puissante ma critique vient d'éclore de sa gestation cérébrale. je ne connaissais par cette auteure
Léonora Miano, franco-camerounaise, son premier roman
L'Intérieur de la nuit, en 2005 sera une vraie découverte obtenant de nombreux prix puis
Contours du jour qui vient obtiendra le prix Goncourt des lycéens en 2006 et enfin le Prix Femina pour
La Saison de l'ombre en 2013, roman relatant la traite des noirs.
Crépuscule du tourment est une écriture multiculturelle à la saveur africaine, une culture du sud annexée par celle du Nord, celle du colonisateur, celle de l'esclavage, celle de la pensée vraie. Ce roman est une écriture à quatre voix, un chant féminin aux sonorités pluriculturelles.
Un lien lie ces quatre histoires, un homme le ciment de ces quatre femmes, la mère, la soeur et deux anciennes compagnes.
Ces quatre femmes crient leur vie avec force et féminité, leur sexualité reste une sensualité indélébile de leur choix, ces femmes sont la chair de leur liberté, prisonnière d'un passé comme menottée à une avenir déjà prédestiné, une ligne à suivre mais les horizons changent, la société devient pluraliste, les jeunes prisent le lien du passé pour rompre avec la tradition et voler de leur propre décision.
Ces quatre femmes sont Africaines, ces quatre femmes respirent la sensualité suaves de leur origines, leur appétit demeurent féconds et sans aspérités, même la plus esclave de sa classe sociale aura cette force d'aimer au-delà de ce paysage sclérosé, limité à la mère de famille, à la compagne soumise et battue, perdue dans cette bourgeoisie malsaine et triste.
La sexualité est présente dans ce roman, la tendresse de la chair entre deux femmes respirent la beauté du corps, de la jouissance féminine, de cet acte de paradis pour ces femmes asservies par la loi des hommes et du mariage et de la religion....Puis la recherche de soi dans le sexe, comme un passage pour devenir adulte et être dans la vérité de soi.
Les codes sont différents. la culture a ce passé trouble de magie noire, de vaudous , de sorcellerie, de coutume tribale et ancestrale côtoyant celle de la société du Nord pour s'unir, s'épouser, se repousser, se mélanger et devenir une nouvelle force de deux mondes en un .
S'imbrique aussi l'histoire de ces femmes de leur passés de leur racine avec leur petites histoires. le récit de leur rencontre, de leur rapport entre elles et de cet homme, le fils maudissant ses ancêtres, le frère devenu invisible et de ce compagnon sans sentiments, perdus dans sa haine et cette violence en lui, passé d'un père tyrannique au sang noble.
Ces quatre récits s'entremêlent admirablement, une mosaïque de pensées de femmes, ces quatre femmes fragiles et fortes, quatre corps à la chair exaltante.
J'ai aimé me perdre dans ce quatuor féminin pour vivre leur humeur et sentiment ....
Léonora Miano avec cette écriture multiculturelle nous entraine dans quatre histoires sous le regard de ces quatre femmes proches et lointaines à le fois libérant une grande histoire .
Un roman passionnant à relire pour découvrir la subtilité des mots et des références...