- Pour les Africains, c'est un arbre sacré ( Le baobab). Un arbre à palabres, autour duquel on se réunit pour écouter les conteurs et les sages. J'ai connu l'époque où on enterrait les griots dans le creux des baobabs.
-Les griots ?
- Les chanteurs, les poètes ...
- Comme Homère ?
- Si on veut . Les Homère du Sénégal, dit André qui semble apprécier la formule. (p. 162)
On pouvait lui greffer une nouvelle vue, mais pas de nouvelles convictions. (p. 207)
C'est donc ça, vivre sur la terre , Etre exposé au froid, à l'humidité, aux préjugés et à la méfiance ...(p. 96)
derrière la vitre d'un café, des hommes aux paupières mi-closes jouent aux cartes avec une lenteur hypnotique. D'autres restent seuls sur une banquette, le regard perdu dans le fond d'une tasse. Je me dis qu'ils doivent être tristes d'avoir perdu leur couleur. Puis je me souviens que c'est le cas de tout le monde de ce côté-ci.
Pas d'orange, de Magenta ou de Bleu, mais des pâles et des ternes. Quelques nuances de teint et c'est tout. Comment font-ils ici, pour distinguer les gens les uns des autres ?
On dirait que les couleurs ont migré dans les enseignes des boutiques. (p. 34)
Tu sais, notre brocante, c'est le lieu idéal pour repartir de zéro. Regarde ce qu'on vend. Tout en est à sa troisième ou sa dixième vie... Le rafistolage, c'est notre raison d'être. (p. 27)
Je croyais avoir pris le goût à la lecture, mais je ne savais pas ce que c'était. Maintenant, oui.
Un exil heureux.
Je ne suis pas chez moi, mais je suis arrivé. C'est ce que me chuchote le souffle apaisé des feuilles et des branches dans l'obscurité.
Le vrai pouvoir de la lecture, c'est de rendre amoureux. L'intense fixation qu'elle provoque agit à la manière d'un philtre. Finir un livre, un livre qui nous a captivé du début à la fin, c'est comme sortir d'une histoire d'amour.
Si personne ne nous donne le goût du monde, pourquoi aurions-nous envie de le sauver ?
Je referme "L'Odyssée".
Trois jours se sont écoulés depuis que j'ai rouvert ce livre pour le lire comme un humain.
Je croyais avoir pris goût à la lecture, mais je ne savais pas ce que c'était. Maintenant, oui.
Un exil heureux.