AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,59

sur 64 notes
5
1 avis
4
5 avis
3
5 avis
2
2 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Alors que je gare mon pick-up devant le saloon, le soleil se lève – ou se couche, je perds la notion de l'heure, du temps, du pas de danse entre le soleil et la lune, des bruits de machines à sous sonnent, des néons illuminent le désert du Nevada, Reno capitale du jeu et du divorce, je m'apprête donc à descendre de caisse quand je vois cette nana ! Putain, quelle nana. Une nana qui a du chien.

Quel cul, j'ai envie de dire. Éblouissante en plus avec son sourire. Elle sort d'une relation douloureuse avec son ex. Un divorce, normal pour la ville de Reno. Alors je la regarde descendre les marches du palais de justice. Quel chien, elle a, j'me répète. Dans son postérieur, dans son allure. Un coup d'oeil et j'en tombe amoureux à faire frémir ma moustache à la Clarke Gable. Hey poupée, tu montes ? une bière entre quatre yeux, ça te tente. Et après j'te montre ma selle, y'a de quoi se prendre pour un cow-boy.

Dans un roman comme ça, à la frontière du far-west, je me prends pour un cow-boy. Un cow-boy à la noix, certes, mais cow-boy un jour, cow-boy toujours. J'ai l'âme du cow-boy dans mon âme. Alors, tu peux me brancher rodéo, je fonce de suite. Chevaucher une pouliche surexcitée ou un taureau en mal d'amour, ça me fait pas peur. Je bande les bras, tire sur la corde, et joue le fier sur ma monture. Surtout garder le sourire, pour emballer les nanas qui ont du chien et qui aiment les cow-boys.

Dormir à la belle étoile, hurler comme un coyote ses peines de coeur, boire, boire, et boire encore pour oublier la fin d'une époque, celle du cow-boy chevauchant les grands espaces au milieu des bisons ou de mustangs sauvages par milliers. Alors que maintenant, ils n'ont plus de ranch, il n'y a plus de mustangs, et les rodéos ne sont que folklore pour appâter la galerie marchande des trottoirs illuminés du Nevada. Tout juste bons à rien, limite asociaux, des misfits comme ces mustangs sauvages que l'on ne trouve plus guère dans le désert à la sortie de Reno.

« Rien que des misfits, ces chevaux… Des tocards, chérie. »

Le film, « Les Désaxés » pour le titre en VF, je n'ai pas dû le voir… J'ai envie maintenant. Même si je sais que le roman est très fidèle au film, scénario d'Arthur Miller himself. Ne serait-ce que pour voir la nana qui a du chien. Je ne voyais que Marylin dans les pages, son sourire, son sex-appeal, son « chien ». Je me prenais pour Clarke Gable – tu aimes ma moustache ? – mais surtout j'étais immergé dans le soleil de cette nature. le désert, les chevaux sauvages, des morceaux de jazz qui sifflotent dans l'autoradio, je suis dans mon élément, l'ouest, les grands espaces. Ce livre, ce film, marque la fin d'une époque. Triste à voir la fin de l'ère des cow-boys. Les cow-boys, dans mon imaginaire, c'est l'Amérique. Mais l'Amérique a viré de bord, les cow-boys se retrouvent sur le bord de la route, écarté de la vie, écarté de la société, des misfits… Mais même comme ça, je les aime quand même ces cow-boys, inadaptés sociaux, parce que je suis aussi un tocard, poupée. C'est ça mon âme. L'âme du tocard, poupée.
Lien : http://memoiresdebison.blogs..
Commenter  J’apprécie          667
À Reno, Roslyn obtient le divorce qui lui rend sa liberté. Ou sa solitude. En compagnie de la vieille Isabelle, elle rencontre Guido et Gay. Guido tombe immédiatement sous le charme de la très belle jeune femme, mais c'est Gay qui obtient ses faveurs. le couple s'installe dans la maison abandonnée de Guido et la rencontre de ces deux solitudes oscille sans cesse entre rupture et réussite. Ivre de liberté, Roslyn ne peut néanmoins pas vivre seule. Et Gay trouve en elle une compagne unique : « La différence avec vous, c'est que je vous vois. Vous êtes la première femme que j'aie jamais vue pour de bon. » (p. 168)
Roslyn est à la fois fragile et étonnamment dynamique : « Vous avez le don de vie » (p. 108) lui dit Guido. Ce don lui rend tout être vivant sympathique, trop peut-être pour les cowboys qui savent d'instinct que toute existence et toute chose est vouée à disparaître. « Vous devriez cesser de croire que vous pouvez détourner le cours des choses. » (p. 73) Et de fait, on assiste aux dernières heures d'un mythe. le Far West rend son dernier soupir sous les coups de lassos de cowboys qui attrapent des mustangs destinés à l'abattoir, des cowboys qui sentent que le monde n'aura bientôt plus besoin d'eux, mais qui veulent rester maîtres de leur vie, parce que « tout vaut mieux que des gages. » (p. 186) Comme les derniers chevaux sauvages des plaines d'Amérique, Gay, Guido et Roslyn courent à perdre haleine vers un lendemain qui ne ressemble pas du tout au rêve américain : « Rien que des misfits, ces chevaux… des tocards. » (p. 199)
L'écriture est puissamment cinématographique. Il s'agit d'un scénario, un roman écrit pour la caméra. Comme le dit Arthur Miller lui-même, « ceci est une histoire conçue comme un film, où chaque mot est là pour indiquer à l'appareil ce qu'il doit voir, aux acteurs ce qu'ils doivent dire. […] Les Misfits utilise finalement l'optique du film, en vue de créer une fiction qui allierait les qualités directes de l'image aux possibilités de transmission de l'écriture. » (p. 23) Derrière mon bouquin, petite lectrice qui n'a jamais vu le film, j'ai eu le sentiment d'être une caméra embarquée. Les descriptions, un peu comme les didascalies du théâtre, participent du décryptage d'une image qui n'existe pas encore, d'une image en devenir. Bref, une lecture dynamique et panoramique.
L'édition que je me suis procurée propose une interview liminaire d'Arthur Miller. Il y parle de l'Amérique, de l'Europe, des hommes, du tournage du film et des acteurs. Une incursion précieuse dans le monde de l'auteur/réalisateur. le roman est dédicacé « à Clark Gable, qui ignorait la haine. » (p. 21)
Même si je ne suis pas certaine d'avoir vraiment cerné le personnage de Roslyn, j'ai passé un bon moment avec ces êtres en proie à une solitude douloureuse. Pas facile de vivre seul, mais pas facile non plus de vivre avec les autres.
Commenter  J’apprécie          180
Au début, je reconnais de pas avoir su si j'avais aimé ou non ce roman, puis la révélation est arrivée : je l'ai beaucoup appréciée, proche du coup de coeur. le personnage de Roslyn (Marilyn Monroe à l'écran dans le film éponyme, que je n'ai pas vu, mais que j'ai ajouté aussi sec à ma "Must See List") est celle que j'ai trouvé la plus touchante dans sa candeur et sa naïveté. Elle aimerait aimer le monde avec tout son coeur, mais n'ose plus lui faire confiance. L'écriture de Miller est assez déroutante de prime abord également, mais on s'y habitue et on arrive à s'imprégner de cet univers de cow-boys désargentés qui n'a rien à voir avec celui, rutilant, des films du genre.
Lien : http://mes-petits-carnets.bl..
Commenter  J’apprécie          40
LES MISFITS d' ARTHUR MILLER
Une curiosité que ce roman puisque Miller l'a écrit en pensant en faire un film. En fait c'est un scénario extrêmement précis. Nevada années 50 Roslyn vient de divorcer et rencontre Gay et Guido un peu perdus, vaguement cow boys. Si derrière ces noms vous visualisez Clark Gable Marylin Monroe et Cliff Montgomery, ce livre prendra une toute autre saveur. Miller est plus connu pour son Theatre, mort d'un commis voyageur et les sorcières de Salem, 2 pièces inoubliables.
Commenter  J’apprécie          10
Je n'ai pas vu le film, toutefois impossible de ne pas imaginer Marilyn en la personne de Roslyn. Personnage exceptionnel, vivant en plein. Tout ça dans un monde finissant, qui a perdu ou perd de sa violence, de sa force, de sa superbe, et qui frise le pathétique. La forme est un peu bâtarde, entre le scénario et une longue nouvelle ou court roman, mais ça donne un côté plus sec malgré tout descriptif duquel l'émotion est bel et bien présente. C'est efficace.
J'ai beaucoup apprécié... tout en fait. Thème, personnages, style et rendu émotionnel. Bref, un excellent morceau pour moi. Pas le plus grand de ma vie, mais, oui, un très très bon.
Commenter  J’apprécie          10


Lecteurs (148) Voir plus



Quiz Voir plus

Livres et Films

Quel livre a inspiré le film "La piel que habito" de Pedro Almodovar ?

'Double peau'
'La mygale'
'La mue du serpent'
'Peau à peau'

10 questions
7104 lecteurs ont répondu
Thèmes : Cinéma et littérature , films , adaptation , littérature , cinemaCréer un quiz sur ce livre

{* *}