Depuis que j'ai refermé "
Les Graciées", Maren et Ursa , les héroînes et narratrices, sont restées ancrées dans mes pensées. J'ai également repensé fréquemment aux paysages rudes et glacés du Nord-Est de la Norvège et à la petite île de Vardø, perdue aux confins du cercle polaire.
Et durant ma lecture, la folie , la barbarie des hommes (ici au 17ème siècle, mais malheureusement toujours présente) m'a nouée plusieurs fois les tripes.
Le récit, puissamment immersif, monte crescendo dans cette bourgade dont le quotidien à basculé lors d'une tempête violente et brutale où quasiment tous les hommes sont morts noyés.
Les femmes survivantes, "
les graciées" vont vite se scinder en deux groupes, les réalistes dont Maren fait partie et qui vont, par la force des choses, se substituer aux hommes dans les tâches quotidiennes (superbe scène de la pèche) et les dévotes qui ne voient leur salut que dans la prière et dans la présence du nouveau pasteur.
Trois années vont s'écouler pendant lesquelles la chasse aux sorcières fait rage dans le nord de l'Europe et va atteindre Vardø avec l'envoi d'un seigneur venu d'Ecosse. Ce dernier, nommé par le roi, va s'adjoindre un délégué, le pieux Absalom Cornet, qui va débarquer avec sa très jeune épouse inexpérimenté, Ursula.
Entre Maren et Ursa, que tout oppose, des liens solides vont se nouer, l'une aidant l'autre, toutes deux se rapprochant au fil des jours, se réconfortant dans ce monde glacial et menaçant dans lequel croyances, médisances et dénonciations vont conduire le piège à se refermer.
Au delà des nombreux éléments essentiels et toujours d'actualités qui sont évoqués dans ce livre puissamment féministe et engagé (sororité face au patriarcat, émancipation des femmes, peuple indigène aux traditions incomprises, ignorance, fanatisme religieux...) cette histoire tragique,inspirée d'évènements réels ,m'a profondément touchée et bouleversée.
Un roman terrifiant, captivant, inoubliable.