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Critique de karmax211


"Tout ça pour dire que ceci n'est pas un authentique roman américain : c'est un authentique hommage au roman américain... et au cinéma américain."
Ainsi s'exprime Bernard Minier à la toute fin de son ouvrage dans la longue liste (très explicite) de ses remerciements.
Car en lisant ce thriller, on peut effectivement se demander si l'on a affaire à un écrivain américain au patronyme francisé, ou bien à un auteur francophone ayant vécu aux USA, comme d'autres expatriés ont vécu au Japon... je pense à Amélie Nothomb, à Jake Adelstein ou encore à Nick Bradley.
Tout le culturel, tout le sociétal, le politique, l'historique, le géographique, l'océanique, la flore, la faune sont restitués avec un souci d'exactitude et de précision qui tourne à l'obsessionnel, à la peur du syndrome de la montre- bracelet du légionnaire dans un péplum qu'aurait signé Cecil B.DeMille.
Un très bon point est cette île fictive ( Glass Island ) où se situe en majeure partie l'action du roman, île inspirée de celles qui se trouvent dans l'État de Washington... à savoir Orcas Island, San Juan Island et Whidbey Island.
Minier les a visitées, y a séjourné, a fait connaissance des autochtones et en particulier des flics, qui ont, dans une certaine mesure, contribué au label d'authenticité de cette île, de son mode de vie, de son rapport à la nature, à la modernité et à la violence de la société qui semble en être un corollaire.
Rentrant du collège par le ferry du soir, Henry un adolescent de seize ans a une violente dispute avec sa petite amie Naomi qui veut faire un break, arguant du fait "qu'elle sait maintenant qui il est".
Naomi disparaît puis est retrouvée morte assassinée quelques jours plus tard.
Henry, fils adoptif de deux mamans lesbiennes, va tout tenter avec sa bande de copains pour découvrir la vérité et le ou la meurtrier(ière).
Car un compte à rebours a débuté pour le jeune homme dont la police a fait son principal suspect.
Dans le même temps, un des tout-puissants milliardaires du pays, cherche depuis seize ans le fils qui lui a été enlevé par Meredith sa petite amie de l'époque.
Ce milliardaire, futur politicien, règne sur un Empire numérique, une sorte de Big Brother tentaculaire qui voit tout et peut tout... ou presque.
La narration d'Henry est parallèle à la recherche de ce potentat en quête de son fils disparu.
Qui est qui ?
Qui peut quoi ?
Tout est dans ce thriller très bien pensé du point de vue de l'intrigue mais poussé aux limites du blockbuster hollywoodien... genre - Piège de cristal -, dans lequel Bruce Willis serait un ado de seize ans capable de balancer du haut d'un phare un truand averti cent fois plus fort que lui, d'affronter tel Tarzan transformé en chevalier Neptune des orques intimidées à sa seule vue ou bien encore nager dans une mer tempétueuse comme un Michael Phelps amphibien gavé d'une potion magique concoctée par un druide gaulois.
Si vous passez outre à ces aspects caricaturaux de l'histoire, celle-ci vous réservera d'incessantes surprises... car le rythme ne baisse jamais d'intensité... Vous ne pourrez pas ne pas être interpelé par la densité des personnages.
Et enfin, cette numérisation globalisée du monde vous rappellera à travers les puces, les drones, votre ordinateur... à quel point vous n'êtes pas tout à fait dans le monde que vous croyez à tort être le vôtre.
J'ai lu donc ce Minier avec le plaisir du lecteur qui a envie de se divertir, d'essayer de se faire un peu peur, qui a besoin qu'on l'étonne, qu'on le surprenne, qu'on l'épate.
Minier tient son pari.
C'est certes borderline, mais j'ai lu peu de thrillers qui ne l'étaient pas... - Meurtres pour rédemption - de Karine Giebel dépasse à lui seul toutes les vraisemblances possibles et imaginables.
Donc, dans la catégorie ou le genre thriller, celui de Minier a plutôt de l'allure, et sa chute une cohérence avec son réquisitoire contre un monde qui met à nu chaque homme de cette planète... jusqu'à la moindre de ses cellules.



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