C'est une histoire assez déroutante, écrite à la première personne et qui fait état, au jour le jour, d'anecdotes ou d'événements perçus au travers du regard sans malice d'un personnage étrange à force d'innocence.
Pour lui, vivre semble une sorte de film permanent dont il participe mais surtout auquel il assiste, tel un spectateur face à un écran de cinéma.
Mais est-il vraiment sensible ? N'aurait-il pas plutôt relégué sa sensibilité aux oubliettes le jour où sa mère a prononcé cette sentence : « Je t'aurais pas connu, tu m'aurais pas manqué » ?
Il semblerait que ses émotions aient alors été mises sous chape pour éviter le ressenti d'une trop forte souffrance et qu'il ait décidé de se cantonner à une simple et plate constatation des faits extérieurs, en ne laissant filtrer qu'une unique motivation humaine : la gentillesse.
Une belle écriture pour un roman fascinant et énigmatique.
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Grégoire n'est pas un garçon comme les autres. C'est Agathe qui le dit : "Toi, Grégoire, tu es naturel, tu es comme tu es, tu ne fais pas semblant d'être quelqu'un d'autre". Elle est gentille Agathe.
Mais Grégoire est surtout un garçon innocent, naïf, qui vit dans son monde. Et fatalement ses réactions sont incomprises. Comme l'étranger de Camus, Il ne réagit pas comme il devrait, il n'est pas dans la norme.
Sauf qu'en fait Grégoire voit surtout les choses à sa façon, il ne voit le mal nulle part. Là où une scène de film dérange, il voit le paysage en arrière plan. Si Agathe pense qu'il mériterait un travail bien plus noble que celui d'employé de bureau, prof par exemple, comme elle, lui aime le classement, les astreintes, et la reconnaissance de son patron. Quand Agathe ne rentre pas pendant deux jours, passés aux cotés de son collègue Vivien, il ne voit qu'une longue séance de travail. Il ne voit pas non plus qu'il est devenu le fils de substitution de sa voisine d'enfance...
Malheureusement, à vivre dans son monde, il ne fait plus la différence entre rêve et réalité, et cela lui deviendra fatal...mais est ce une raison pour décréter que la réalité vaut mieux que le monde de Grégoire?
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