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EAN : 9781090175205
Serge Safran éditeur (21/08/2014)
3.31/5   24 notes
Résumé :
En apparence, Grégoire est un type normal, il aime son boulot, se coucher tôt, aller au cinéma. Il vit avec Agathe, professeur de philo, et ils semblent heureux ensemble. Parfois, il a des réactions bizarres, il n’est pas « comme les autres ». Pour Agathe, c’est ce qui fait son charme.
Le décès soudain du président de la République, l’interdiction du film les Bêtes sauvages, l’apparition de Vivien, un collègue d’Agathe, viennent désorganiser l’univers de Grég... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Grégoire est sensible, très sensible. Je l'ai surtout trouvé très à côté de tout, un brin naïf, imperméable aux événements de sa vie. le ton d'Isabelle Miniere y est pour beaucoup. Des phrases simples sans chichi : sujet-verbe-complément. Basta. À quelques exceptions près pour quelques beaux passages néanmoins.

Grégoire est un employé minutieux voire maniaque. Il donne raison à son boss : tout salaire mérite travail (plutôt que l'inverse... il est très pointilleux sur ce genre de détails). Il est en couple avec Agathe qui prêche la philosophie à tout va dans sa vie. Grégoire est souvent d'accord. Grégoire a peu de souvenirs. le présent c'est déjà du futur passé pour lui. Puis il a des trous dans sa mémoire, il n'aime pas parler de lui. Il se rappelle de son enfance, que sa mère l'a élevé seule. Qu'elle était fatiguée, que c'était une corvée ce petit Minou de Grégoire. Grégoire, il aime le cinéma, les grands paysages, il rêve de lions. Il aime les bouclettes de son Agathe, il rit par procuration sur le dos de ceux qui rient de bon coeur.

Grégoire invente peut-être ici une nouvelle forme très subtile de la sensibilité mais dans mon monde à moi, cette sensibilité est à peu de choses près inconnue au bataillon. La sensibilité est un thème qu'il faut fouiller, poétiser, sur lequel doit se fondre la mélancolie, où l'on doit entendre les poètes pleurer et les coeurs des marins saigner. La sensibilité c'est un nuage qui se couche sur la mer, c'est un arc en ciel qui remplit les yeux de couleurs, c'est un coeur qui bat plus fort, plus vite, où la vie est à la fois terre d'asile comme terre d'exil.
La sensibilité est une qualité-défaut taillée dans l'ombre et la lumière. Elle scintille et éblouit autant qu'elle vacille et hurle à la mort.

C'est cela que j'avais envie de lire dans ce Je suis très sensible. Plutôt qu'un récit métro-boulot-dodo trop subtil pour en deviner l'intérêt du thème, trop monotone pour me convaincre que la sensibilité se tapit dans ce petit roman.
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Parfois, j'aimerais être critique littéraire pour arriver à parler d'un livre en trouvant les mots justes, pour donner envie à des centaines de lecteurs de le découvrir. C'est ce que je ressens en fermant ce petit bijou signé Isabelle Minière.
L'écriture en est majestueuse, chaque phrase fait mouche, rien d'inutile dans ses lignes. Les sentiments sont magnifiquement décrits.
J'ai souvent interrompu ma lecture pour y revenir plus tard et retrouver le plaisir d'une sublime friandise.
Et l'histoire ? Me direz-vous ! Une histoire d'amour simple et belle. En voici deux mots :

Il est un peu bizarre Grégoire, un peu décalé, un peu rêveur. Il tient ça de son enfance, où déjà il était différent sans trop savoir pourquoi, jamais bien sûr de comprendre ce qui allait arriver. Et puis, il y avait un inconnu dans sa vie : son père :
« Je venais de père inconnu ; » inconnu au bataillon » disait maman, quand j'insistais pour savoir quel genre d'inconnu c'était. Et j'imaginais le bataillon des hommes armés jusqu'aux dents, très puissants, et dedans l'inconnu qui se sauve un instant, fait un enfant à ma mère et puis rejoins le bataillon, ni vu ni connu »
Et un jour il rencontre Agathe, elle est belle Agathe avec ses bouclettes, elle ressemble à un petit écureuil : «Un écureuil qui ne saurait plus du tout ce qu'il a bien pu faire de ses noisettes ».
Et Grégoire aime Agathe, il en prend soin, il s'inquiète pour elle.
Grégoire est si gentil !

J'ai un immense coup de coeur pour ce roman et si j'ai réussi à convaincre une seule personne de le lire, alors, je n'aurais pas perdu ma journée.
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Grégoire est-il sensible ? Depuis que j'ai tourné la dernière page du roman d'Isabelle Minière, je m'interroge sur ce personnage-narrateur qui utilise pour décrypter le monde une grille de lecture inhabituelle. C'est avec une apparente candeur qu'il raconte sa vie passée et présente. Candeur ou ironie suprême ? Je m'interroge. Tout se passe comme si les évènements n'avaient aucune prise sur lui. La vie glisse sans le pénétrer. Quoique... Un geste d'une violence instinctive prouve qu'il n'est pas si imperméable que ses mots veulent le dire. Et si tout n'était justement qu'une histoire de mots ? Un roman où le langage tiendrait un rôle inédit (au sens littéral et figuré !), un rôle central ? Car, en définitive, Grégoire superpose sa vision des choses à celle des autres personnages et du lecteur. Mais c'est une superposition imparfaite avec des décalages infinis que les mots mettent en évidence. Il y a du jeu là-dedans ! Au sens de l'intervalle entre deux pièces et au sens de l'activité ludique. Il y a du jeu entre sa perception des choses et l'interprétation qu'il en fait, comme le complet changement de point de vue que suscite un infime déplacement. Et que suis-je en train de faire, moi, la lectrice ? Je m'interroge. Grégoire est-il sensible ?" Innocensible" ? Je m'interroge...
Le roman d'Isabelle Minière offre ce superbe et trop rare cadeau d'une histoire qui ne se résout pas à l'apparente simplicité de la narration mais qui garde son épaisseur et ne distribue ses richesses qu'en instaurant une profonde connivence avec le lecteur. La lecture se poursuit bien après le dernier mot puisque je m'interroge encore. Et diantre ! Que j'aime ça !
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Aurait-on pu imaginer que le décès d'un Président de la République, suivi de l'élection de son successeur, allait tout chambouler dans la vie en apparence bien réglée d'un couple improbable ?

C'est pourtant ce qui se passe : Grégoire, l'employé de bureau consciencieux qui accepte les astreintes du dimanche et rend des textes parfaitement tapés pour un maigre salaire, Grégoire qui aime l'ordre à la mode allemande est subitement déboussolé et se pose mille questions saugrenues au sujet de ce président mort. Sa compagne, Agathe, prof de philo travaille à des articles avec Vivien, lui aussi prof de philo, et s'absente subitement pendant que lui, prépare des petits plats, va au cinéma voir un film sanglant (Bêtes sauvages) dont il ne voit que les sublimes paysages de savane, les lumières et les couleurs. Il tient des propos en apparence simplistes, on entend une voix gentille, un peu trop paisible, inquiétante à force d'être neutre...Il vit en marge de la réalité, aux antipodes de ce que peuvent penser Agathe et Vivien. Il vit dans le souvenir de sa tendre voisine qui ne lui parlait qu'en allemand, le félicitait toujours, tandis que sa mère ne se consolait pas de devoir l'élever seule. Grégoire s'est fait une carapace de gentillesse, il est souvent drôle malgré lui, attachant, émouvant ou bien exaspérant à force d'être « à côté » ! On sent bien que tout cela ne peut durer, mais le dénouement n'est si attendu que cela.

Comme dirait Grégoire : « On n'a qu'une vie, et nul ne la choisit. Ou si peu ; on fait ce qu'on peut. 
La vie, c'est comme une partie de cartes; on part avec des cartes qu'on n'a pas piochées soi-même; on n'a pas choisi de jouer non plus, mais il faut jouer quand même. »

Un tout petit livre qui ne peut laisser indifférent.
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Grégoire aime se coucher tôt. Grégoire aime aller au cinéma, surtout pour voir les paysages. Grégoire aime aussi aller au bureau chaque matin. Grégoire prépare les repas d'Agathe, la prof de philo qui partage sa vie. Agathe, il trouve qu'elle fume trop, qu'elle ne mange ni ne dort pas assez. Pour autant, il n'ose pas lui dire. Grégoire n'est pas contrariant, il est toujours d'accord. Grégoire parle peu, il ne veut pas déranger. Grégoire est un gentil, un vrai. Mais avec le décès soudain du président de la république et la présence de plus en plus régulière de Vivien, un collègue d'Agathe, le monde bien ordonné de Grégoire va s'écrouler peu à peu, sans qu'il s'en rende vraiment compte…

Impayable ce Grégoire ! Élevé par une maman solo cafardeuse qui lui sortait des phrases telles que « Tu n'y peux rien Minou, mais j'aurais préféré que tu restes ou tu étais » ou encore « Je t'aurais pas connu, tu m'aurais pas manqué », le garçon est devenu un adulte aussi routinier que prévisible. Un coeur simple à la logique parfois décalée. Un homme tellement gentil qu'il en deviendrait presque inquiétant.

Un texte à la première personne qui retranscrit les événements à travers le regard innocent d'un antihéros ne pensant jamais à mal. Grégoire est drôle malgré lui. A première vue transparent, il perçoit les choses de façon originale, avec beaucoup de sensibilité, ce qui le rend très attachant. Il serait facile de se moquer ou d'être agacé par cette normalité poussée à l'extrême, cette insignifiance permanente, mais au final je suis tombé sous le charme de cette voix et de ce comportement en apparence (je dis bien en apparence !) inoffensifs.


Lien : http://litterature-a-blog.bl..
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critiques presse (1)
Culturebox
26 août 2014
Par les yeux de ce anti-héros créé par la romancière Isabelle Minière, on réinterroge la cruauté d'un monde dit normal. "Je suis très sensible" (titre du livre) nous décentre, nous dérange, nous ravit.
Lire la critique sur le site : Culturebox
Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
Maman était bizarre par moments. Mais elle ne s’en rendait pas compte, elle disait que c’était moi qui étais bizarre, par moments. C’est drôle comme les gens voient chez les autres ce qu’ils ne voient pas chez eux.
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La nature est belle sans le faire exprès, elle n’a pas d’intention, elle ne pense rien, elle ne sait rien, elle ne veut rien ; quand c’est joli, c’est par hasard, c’est gratuit, et c’est ça qui est plaisant.
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« Agathe dit que la vie c’est une succession de choix, qu’on choisit tous les jours, et qu’on est responsable de ses choix, donc de soi.
Elle le dit bien mieux que ça ; surtout c’est joli comme elle le dit, avec sa voix, presque trop douce, avec ses yeux curieux, avec ses bouclettes qui font la fête sur sa tête. C’est si joli que j’ai envie de dire oui, oui toujours on choisit. Oui mais...
Il y a une chose qu’on ne choisit pas, jamais. On ne se choisit pas, soi. Sinon...
Qu’est-ce qu’elle croit ? que je me serais choisi, moi ? »
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C'était le jour où les gens choisissaient un président.
C'était dimanche. Choisir un président le dimanche, c'est étrange. C'est comme si les gens choisissaient un président pour passer le temps, parce qu'ils ont le temps.
Si j'étais président, je voudrais être choisi un lundi.
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P43 : « Parle de toi ! » Moi ? Je ne savais pas quoi dire sur moi. Mais je ne voulais pas la décevoir ; j'aurais bien aimé qu'elle plisse un peu les yeux, comme ça, sans savoir ; j'aurais bien aimé dire ce qu'il fallait, sans réfléchir, sans même m'en apercevoir. On ne nous apprend pas à parler de nous ; il ya des choses, si on ne les a pas apprises assez tôt, on se sent vite trop vieux pour commencer.

p51 : On n'a qu'une vie, et nul ne la choisit. Ou si peu; on fait ce qu'on peut.
La vie, c'est comme une partie de cartes; on part avec des cartes qu'on n'a pas piochées soi-même; on n'a pas choisi de jouer non plus, mais il faut jouer quand même.

P84 : « Il vaut mieux être vivant pour faire l'assistant, surtout en allemand. »

P106 : « J'ai pensé que c'étaient les objets qui disaient que quelqu'un avait été vivant. »


Il me semblait, parfois, entendre une troisième voix, plus basse encore, qui murmurait, qui marmonnait : « Si tu obéis toujours, tu seras un bon enfant toujours ; si tu obéis tout le temps, tu ne seras jamais grand. »
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