Les paysans normands se ressembleraient-ils tous, que l'on soit d'un côté de l'eau ou de l'autre, au Nord de la Seine comme chez
Maupassant, ou au Sud comme chez Mirbeau ? ...
Même si toutes les nouvelles n'évoquent pas la Normandie et ses habitants, j'ai en effet beaucoup pensé aux paysans du Pays de Caux présents dans les nouvelles de Guy de
Maupassant, qui ont beaucoup de points communs avec les paysans de la Manche et du Cotentin chez
Octave Mirbeau : même avarice tenace, même ruse sournoise, même air matois... Ces paysans boivent du cidre, forcément, sans modération d'ailleurs, se méfient des bourgeois de la ville, ont un sentiment patriotique aussi en détestant les Prussiens - l'occupation prussienne de 1870 est aussi un contexte historique plusieurs fois évoqué par
Maupassant. Ils travaillent dur, et apprécient
une vie humaine en fonction de sa force de travail.
Cependant, l'écriture de Mirbeau est bien plus féroce que celle
De Maupassant. Ce dernier décrit
lui aussi des scènes de violence, mais souvent moins frontales, moins explicites, plus subtiles : il y a peu de meurtres directs chez
Maupassant ; la haine, l'envie et la jalousie s'expriment davantage par des paroles et des actes que par des assassinats de sang-froid, voire des scènes de torture assez brutales. Comme le dit Gill qui a critiqué cette oeuvre avant moi, Mirbeau écrit des nouvelles rapides, il n'a donc pas le temps de livrer l'analyse psychique de ses personnages qu'il préfère montrer en action. de même, il plante le cadre très rapidement, ne perdant pas de temps en description - ce que je regrette un peu, appréciant la poésie des décors
De Maupassant.
Je remercie Gill qui m'a fait découvrir ce recueil que je ne connaissais pas, vive les nouvelles et vive la Normandie !