Le poète s'adresse ostensiblement à un public de Babyloniens ayant vécu 1200 ans av. J-C., les exhortant à admirer une ville bâtie à une époque immémoriale. Mais ses lecteurs, au final, sont vous et moi. C'est nous qui sommes invités, plus de trois mille ans plus tard, à marcher sur les remparts d'Uruk et à admirer la splendeur et l'animation d'une grande cité. L'invitation est poignante non parce que la ville est en ruines et que la civilisation s'est éteinte - il ne s'agit pas d'un ironique moment "ozymandien" - mais bien parce que, en imagination, nous pouvons physiquement monter le vieil escalier en pierre et observer les vergers et les jardins luxuriants, les palais et les temples, les boutiques et les marchés, les maisons, les places publiques, et partager ainsi l'émerveillement et la fierté du poète face à sa ville.
"Dois-je mourir aussi ? Dois-je suivre Enkidu ?
Comment combler le gouffre ouvert dans ma poitrine ?
Cette peur de la mort qui me pousse à marcher ?
Si je trouvais celui qui devint immortel,
Je lui demanderais comment vaincre la mort."
Mais c'est avec chagrin que sa mère l'écoute,
Et c'est avec chagrin qu'elle va s'isoler
Dans ses appartements. Elle enlève ses voiles,
Pénètre dans un bain de fleurs de tamaris
Et savonne sa peau avec des saponaires.
Ensuite, elle se vêt de sa plus belle robe,
Se pare d'un collier d'étincelants joyaux,
Se coiffe d'un diadème et monte jusqu'au toit
Où elle fait brûler de l'encens en l'honneur
De Shamash...
A l'instar du Seigneur de la Genèse, Aruru pétrit la poussière du sol et en fait un être vivant, l'homme originel lui-même : naturel, innocent, solitaire. Ce second Adam ne va pas trouver "une aide semblable à lui" (Genèse, 2 : 18) auprès d'une femme, mais auprès de l'homme dans l'intérêt duquel il est créé. Ainsi débute - un millier d'années avant Achille et Patrocle, ou David et Jonathan - la première grande amitié de la littérature.