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Citations sur Les fluides (9)

En parlant, elle serait devenue une victime aux yeux des autres. En gardant le silence, elle a tenté d’épargner la honte à son entourage, son compagnon, sa fille. Ne s’est pas inscrit au fer rouge sur son front « A souffert ».
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Elle ne croyait pas aux fantômes, au passé qui hante, aux manifestations de l’inconscient. Elle pensait décider de son sort. Alors elle a tu ce qui lui était arrivé et le poids du silence a pesé plus lourd que celui des aveux. Qu’a-t-elle fait, Julie, depuis ? Attendre que « ça » passe. Mais « ça » n’est pas passé.
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Chaque matin annonce un jour de plus à devoir tout gérer. Elle se dit parfois qu’elle aurait dû naître à une autre époque, du temps où les femmes passaient leur vie au bras d’une gouvernante, d’une mère, d’une sœur ou d’un mari. Un monde où les femmes ne disposaient pas d’autant de libertés. Pas dans le monde d’aujourd’hui où au cœur de la ville chacun vit pour soi et à sa façon.
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Pour quatre jours avec Julie, Charlotte en passe huit fois plus avec Paul, qui ne cesse de dénigrer son ex-femme. Chacun de ces jugements néfastes fait l’effet d’une bombe à retardement. A-t-il besoin de tant la blâmer pour effacer le trouble dans lequel cette séparation l’a plongé ? Des années après, le désarroi de s’être senti dépassé ne s’est pas estompé.
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Aujourd'hui est un jour nouveau. Un jour où, malgré tout, les bonnes ondes circulent. Se dessine un mouvement, imparfait certes, mais les contours sont là... Les pièces du puzzle sont encore éparses mais une étincelle a jailli. Le feu est en train de reprendre. Il faut laisser faire le temps. (p. 90)
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Ne garde pas le silence si quelqu'un t'a blessé.
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INCIPIT
L’accueil
Julie Salette n’a jamais aimé les piscines municipales. Quand on lui parle de bassin, de vestiaire ou de pédiluve, son corps se crispe malgré elle. Pour cause, Julie a toujours eu peur de l’eau. Sur les plages où elle gambadait pieds nus les week-ends de son enfance normande, elle prenait grand soin de ne jamais s’approcher des flots. Quelle que soit la météo, elle courait sur la grève à en perdre le souffle, éclaboussant ses jupes d’un sable mouillé qu’on retrouvait partout dans la maison de ses grands-parents face à la mer. Tant qu’elle ne s’approchait pas de l’eau, Julie était la plus insouciante des enfants.
Aux abords du passage clouté, l’adulte qu’elle est devenue s’agrippe à la capuche d’une fillette de sept ans. Comme d’habitude Charlotte fait de la résistance, à croire que personne d’autre ne la protège des dangers pour traverser. Julie se demande comment ça se passe à la sortie de l’école entre sa fille et la nouvelle femme de Paul. De leur quotidien, elle aimerait tout savoir mais elle préfère s’abstenir de poser des questions. Chaque fois qu’elle cède à la curiosité, elle hérite de tant de détails de leurs vies qu’elle passe les nuits suivantes les yeux rivés au plafond. Aujourd’hui, elle a décidé de tout prendre avec détachement. Se mettre en maillot avec ses kilos en trop lui semble à nouveau possible. Voilà pourquoi Julie éloigne sa main du col de Charlotte dès que la camionnette qui roule à tombeau ouvert les a dépassées. Le danger s’écarte, rien ne l’oblige à maintenir sa paume crispée sur la fourrure synthétique, prête à projeter l’enfant trois pas en arrière sur le trottoir.
Il fait doux ce matin. Le parc des Buttes-Chaumont a-t-il jamais été aussi beau que par ce premier dimanche d’avril ? Est-ce déjà le printemps ? Julie se garde bien de demander car Charlotte se moquerait sûrement d’elle. La petite a si souvent entendu Paul répéter que sa mère a perdu le sens des réalités qu’elle a fini par le croire. Comment la blâmer ? Charlotte a beau n’avoir que sept ans, c’est une enfant d’aujourd’hui vive et perspicace, une véritable éponge qui absorbe tout, le meilleur comme le pire.
Parfois, Julie se dit que Charlotte n’a pas eu d’enfance, en tout cas pas une enfance comme elle l’entend. Quand on est petit, on vit dans un autre monde. On n’écoute pas les grands. Quand ils parlent, ça glisse, ça ne pénètre pas. On vit au jour le jour, une seconde suit l’autre. Les chagrins s’effacent, les joies leur succèdent. Le goutte-à-goutte du temps s’écoule et ça nous est bien égal.
Avec Charlotte, les choses se passent autrement. Ce matin, quand son père l’a déposée et qu’il était question de promenade aux Buttes-Chaumont, de piscine et de pique-nique improvisé avec maman, l’enfant faisait sa tête des mauvais jours. A-t-on déjà vu petit Parisien se plaindre d’un tel programme ? Julie n’a pas envie de se l’avouer mais, au fond d’elle, elle sait : sa Charlotte n’est jamais sereine. Sa fille fronce les sourcils, elle doute, elle s’inquiète. Il y a toujours quelque chose qui ne va pas, mais l’enfant ne saurait dire quoi. Un mal bien ancré aux sources obscures.
Parfois, Julie se demande si sa fille n’a pas tout deviné. Ce qu’elle a préféré taire est un secret bien gardé, et pourtant, à certains moments, il lui semble que Charlotte lit en elle. Dans ses yeux, elle se sent mise à nue. Sa fille avait quatre ans quand c’est arrivé. Quels signaux invisibles aurait-elle pu capter ? L’horreur dégage-t-elle des ondes imperceptibles à l’œil nu que seules les âmes sensibles arrivent à percevoir ?
Tandis qu’elle s’engage sur le sentier en pente douce, Julie observe son enfant qui coupe à travers pelouses et bosquets. Suivant l’inclinaison naturelle des lieux, elle se laisse entraîner de plus en plus vite, comme si son corps ne demandait que ça, courir, courir, dévaler jusqu’en bas près du lac où les poules d’eau, les canards colverts et les bernaches du Canada n’attendent qu’elle, cette petite qu’on ne voit plus assez puisqu’elle habite désormais à l’autre bout de la ville. En l’observant longer le ruisseau artificiel, Julie sourit. Si par hasard elle croisait un ami, il en serait surpris : ça fait si longtemps qu’elle n’a pas souri. Si longtemps qu’elle survit. À force de se poser des questions sur ce qu’elle aurait dû faire ou aurait dû dire, elle s’est perdue dans les méandres de ses hésitations. Des matins comme celui-ci où la promesse d’une belle journée l’enivre, elle respire enfin.
Mais les choses ne se passent jamais comme on voudrait. En guise de douce cavalcade, Charlotte se prend les pieds sur l’herbe glissante et roule sur les tout derniers mètres, une chance que les chiens soient interdits sur ces surfaces engazonnées. Elle se redresse encore sonnée. Par réflexe, elle tourne la tête vers sa mère qui l’observe au loin, sans réaction. Elle la voit qui fixe le sol et ne bouge pas d’un iota. Charlotte se met alors à pleurer. Le signal finit par faire sortir Julie de sa torpeur. Elle s’avance d’un pas régulier. À quelques mètres, elle distingue déjà les larmes de crocodile déferlant sur la fibre de la parka bordeaux. Dans ses bottines, les chaussettes de Julie sont trempées de rosée, ou bien est-ce l’arrosage matinal, ou encore cette bruine nocturne qui parfois s’abat sur le parc pendant que la ville dort ? Julie agrippe l’enfant et la soulève. Elle la porte telle une pietà. Le petit corps secoué de spasmes tremble. Julie sait que la chute a été amortie par l’herbe, ce n’est sûrement rien d’autre qu’un chagrin, mais elle continue de la tenir comme la Vierge son fils au bas de la croix. Pacte silencieux, Julie donne à l’enfant ce qu’elle attend. Elle simule l’inquiétude, prolonge la consolation, redemande pour la dixième fois si ça va. Apercevant le gardien qui s’approche, Charlotte sèche ses larmes. Elle n’a aucune envie qu’un inconnu s’en mêle pour une fois qu’elles se sentent bien toutes les deux. Charlotte ne sait pas tout mais elle a de l’instinct. Elle agit sans savoir que, depuis trois ans, l’ombre d’un homme s’interpose entre elle et sa mère.
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Faute de n’avoir rien osé dire, Julie avait cédé sa place à cette autre femme. A quoi bon contempler le désastre quand tout est définitivement perdu ?
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Cela fait des jours qu’elle attend ça: l’eau, sa mère, le plaisir d’être ensemble. Aujourd’hui, Charlotte va lui faire une belle surprise dès qu’elles seront dans le bassin. Elle a réussi à contenir son secret à grand-peine, c’est pire qu’un supplice, mais l’enfant a des prédispositions. Une volonté de fer, dirait Paul. Aux yeux de son père, ce trait de caractère qu’ils partagent est une qualité. Pour Julie, une question de survie.
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