Résilience

[...] depuis quelque temps en effet, il n’était plus aussi sûr que les pires menaces venaient de l’extérieur du pays ; il était au contraire persuadé qu’elles venaient bel et bien de l’intérieur, et plus précisément de l’irresponsabilité de nombreux politiques incompétents (et surtout, sous influence), qui mettaient la nation en danger par des choix irréfléchis extrêmement hasardeux.
Il en allait ainsi du choix nucléaire, une technologie à ses yeux non seulement non maîtrisée, mais surtout non maîtrisable, tant sur le plan militaire que d’un point de vue civil.

L’adage disait donc vrai : il n’y avait que face à ces situations extrêmes que l’on se découvrait réellement et que l’on voyait de quoi l’on était au fond réellement capable, se dit-il.

— C’est assez incroyable de constater comment le vernis de civilisation dont nous sommes parés peut s’émailler facilement, commenta-t-il. Ils lançaient des cocktails Molotov sur les appareils remplis de gosses ! Des cocktails Molotov ! Mais pourquoi ?

— J’imagine que c’est probablement les mêmes trous du cul qui faisaient des génuflexions devant la technologie nucléaire qui soutenaient également qu’il n’y avait aucun réchauffement climatique…

— Ce n’est pas tant chercher le moyen d’éviter que la bombe ne saute, qui s’avère primordial – d’ailleurs, c’est tout bonnement impossible –, c’est rechercher le moyen d’éradiquer purement et simplement cette bombe à retardement. Voilà quelle est la bonne stratégie.

Ce dernier [Hammond] soutenait qu’exhiber des animaux captifs était antinomique avec l’idée même d’êtres vivants dotés de conscience, de pensées propres et de liberté. Pour lui, cela ne faisait que cautionner chez les plus jeunes l’image de l’animal-objet.

— La protection informatique obéit malheureusement à ses propres règles. Un simple petit génie surdoué peut déjouer à lui seul les systèmes les plus élaborés qui soient.
— N’exagérons pas, fit la ministre.
— Vous voulez qu’on reparle de cet autiste britannique qui cherchait des preuves sur l’existence d’ovnis et qui avait réussi à pirater les ordinateurs du Pentagone, de la NASA et du Johnson Space Center avec une connexion 56K bas débit et un vieux modem ? demanda Bigeard, agacé. Ce type avait même endommagé les systèmes vitaux de la Défense, c’est dire… Et des cas comme celui-là, je pourrais vous en citer des dizaines…

[...] la tâche de sécurisation des infrastructures sensibles du pays était totalement impossible, et ce, pour une raison dramatiquement simple : pour protéger les systèmes informatiques des installations, la DCRI ainsi que les différents autres services compétents de la nation devaient trouver et "colmater" en quelque sorte toutes les failles possibles et imaginables des systèmes et programmes à protéger ; pour des cyber-terroristes, il suffisait à l’inverse de n’en trouver qu’une seule, aussi petite soit-elle, pour effectuer un acte de sabotage majeur. Le combat semblait par conséquent continuellement en défaveur des services de cyber-sécurisation de l’Etat et, de fait, était purement et simplement voué à l’échec.

— Même lorsque les systèmes en question ne sont pas reliés à Internet ?
— Même lorsque les systèmes ne sont pas reliés au Net, confirma le secrétaire d’État à la Défense. Historiquement, nous avons nous-mêmes testé la technique avec l’Idaho National Laboratory dès 2007, c’est dire ! Il s’agissait d’un exercice nommé "Aurora". A l’époque, l’expérience avait consisté à envoyer des rafales de commandes de coupure et de reprise aux disjoncteurs d’un générateur électrique ; en désynchronisant l’alternateur et le réseau électronique, nous avions réussi à détruire l’appareil. Il n’y a pas besoin d’Internet pour attaquer un système : les points d’entrée sont multiples, nous l’avons prouvé depuis des années.

La dangerosité du MOX était en réalité imputable à sa composition : un mélange d’oxydes (d’où son nom), à savoir du dioxyde de plutonium et du dioxyde d’uranium appauvri. Elle lui conférait un point de fusion plus bas que l’uranium, ce qui en cas d’accident entraînait une fonte plus rapide du cœur du réacteur.