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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
D'une parfaite inconnue, Isabelle Monnin la transforme en personnage unique d'un roman relevant à la fois de l'étude sociologique et de la généalogie, où la fiction vient combler les non-dits, d'une existence d'apparence lisse et réglée.

Attachant et poétique, Odette Froyard en trois façons est un hommage à une grand-mère adorée. À travers elle, c'est une ode à toutes les femmes de…, les mères de… qui ont choisi, au siècle dernier, de ne pas prendre la lumière, et qu'on a trop longtemps cantonné à l'apparence qu'elles nous ont laissée. « Pour tous, elle était, avant tout, sa femme. C'était plus qu'un statut social : une définition."

Vie d'une grand-mère
Au moment du confinement, Isabelle Monnin, déjà chancelante du côté de l'âme, décide de se consacrer à retrouver sa grand-mère plutôt que de sombrer plus avant dans le pessimiste environnant.

Odette Froyard est une femme qui ne déroge jamais de sa routine quotidienne immuable et effacée au monde. Alors, pour redonner une vie à cette grand-mère adorée, Isabelle Monnin part à la recherche des souvenirs de la fillette retrouvée.

Elle n'y trouve qu'une femme trop discrète, ponctuant ses conversations de dictons surannés.
Pourtant, une photo et une légèreté qui apparaissait une fois par mois avec ses soeurs, semblent contredire le portrait qu'elle a voulu laisser.

De ce point de départ auréolé de l'amour qu'elle lui porte, Isabelle Monnin part à sa découverte, l'ossature de sa recherche constituée de documents d'archives enrobés de fiction.

Pour moi, cette lecture fut longue car entrecoupée de chemins de traverses et de rêveries vers une autre passion qui occupe beaucoup de mon temps : la généalogie. La recherche de nos aïeux représente des chemins qu'il nous faut explorer pour connaître mieux notre présence dans le monde.

À découvrir !
Et Odette Froyard en trois façons contient les trois aspects qui animent des recherches généalogiques : curiosité, secret et patience. Sauf que le talent littéraire de Isabelle Monnin emmène bien plus loin en ouvrant à la fois sur l'universel par le goût du romanesque.

Ex-journaliste au Nouvel Obs, Isabelle Monnin a choisi depuis longtemps l'écriture pour ses créations. Odette Froyard en trois façons est son septième roman à caractère autobiographique. Sa collaboration avec Alex Beaupain pour l'album « Les gens dans l'enveloppe » inspiré de son roman lui assure la reconnaissance du public.

Odette Froyard en trois façons est un récit à lire pour le plaisir d'aller au-delà des apparences et de s'embarquer à sa recherche qui ressemble à s'y méprendre à toutes les femmes de l'après-guerre, découvrant de nouveaux horizons mais consciente de devoir rester toujours en retrait. Seulement, allons au-delà de l'enveloppe, comme Isabelle Monnin !
Lien : https://vagabondageautourdes..
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Odette est la grand-mère de la narratrice. Une femme effacée, discrète, consacrée aux tâches ménagères, une « vie minuscule » aurait dit Pierre Michon.
Mais pour sa petite fille, cet effacement porte un secret.
Elle cherchera dans les souvenirs des uns et des autres, puis ira plus loin en fouillant les dépôts d'archives et enfin comblera les trous de l'histoire en romancière.
Il s'avère que Odette porte en elle un poids familial et une blessure au coeur, et qu'elle s'en arrange pour la vie.
Ce poids familial c'est le déshonneur qui accable les siens depuis que son propre grand-père, appartenant à l'élite bourgeoise de sa ville de Gray est tombé sous l'opprobre publique en se livrant à l'ivrognerie et en finissant par abandonner femme et enfants et fuir à Paris. Ce déshonneur pèsera lourdement sur ses descendants pendant plusieurs générations.
Plus tard, suite à la mort de leur père, Odette et ses frères et soeurs seront placés dans un orphelinat parisien. Un amour avec un jeune Juif placé là aussi y naîtra. Il sera inabouti de part les circonstances et la guerre. Odette aura longtemps au coeur l'espoir de retrouvailles avant d'accepter, plus ou moins, la cruelle évidence. Et elle devra vivre avec cet amour explosé par la guerre, dans une douleur intime et non partageable (presque...).
C'est écrit avec pudeur, sensibilité, délicatesse et profondeur et cela nous dit que derrière les êtres les plus humbles, leurs silences et leurs non-dits, peuvent se cacher pour la vie tant de blessures sinon des gouffres.
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Isabelle Monnin m'avait enchanté, il y a quelques années, dans le récit singulier des "Gens dans l'enveloppe" , un quasi essai de décrypter les vies de "parfaits inconnus" à partir de leurs photos puis d'aller à leurs recherches. Ici, Odette Froyard n'est pas une inconnue de l'autrice mais une de ses grands-mères. Cependant, c'est un peu le même procédé ou plutôt le modèle inverse qu'elle utilise pour faire revivre son aïeule et tenter de percer ses secrets. Partant de ce qu'elle sait de sa discrète grand-mère, elle va progressivement mener une enquête sur sa jeunesse et son adolescence, faire des recherches généalogiques et archivistiques, puis au final bâtir une fiction... C'est , pour moi, dans ce final, que le récit est le plus réussi. Je consacre, personnellement, beaucoup de temps à mon arbre généalogique et j'aimerais beaucoup pouvoir restituer, ainsi, les vies de mes ancêtres, et admire d'autant plus le sensible parcours d'Isabelle Monnin : un très bel hommage fait à sa grand-mère..." Puisque Odette Froyard avait existé, elle méritait d'être considérée "
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« Elle était morte depuis plus de trente ans lorsqu'elle réapparut soudain dans ma vie. Avant cela, elle avait été une défunte tout ce qu'il y a de plus calme, fidèle à la femme que nous avions connue, laissant en paix ceux qu'elle avait quittés au terme d'une vie dont ils se disaient volontiers qu'elle avait été sans histoire. »

On en connaît tous des personnes semblables à la grand-mère de l'autrice. Discrets, voire invisibles, souvent efficaces. Des gens transparents qu'on oublie autant de leur vivant, qu'après leur décès.

A l'aube de ses 50 ans, en pleine phase dépressive, Isabelle Monnin questionne la personnalité, l'histoire de sa grand-mère qu'elle a côtoyée durant les 20 premières années de sa vie. « Existe-t-il des vies qui ne valent rien ? »
Que savons-nous finalement de nos ascendants décédés ? Même si nous les avons connus, que savons-nous vraiment d'eux à part cette image figée, voire fossilisée que nous conservons en mémoire ?

Dans la première partie du roman, elle explore ses souvenirs, ceux de ses proches. Excepté le séjour pendant 7 ans d'Odette et d'une partie de la fratrie dans un orphelinat maçonnique, elle ne récolte que des images figées et convenues.
Une personne discrète, effacée, femme au foyer et intendante de l'internat de son mari : « sa place était à la fois essentielle et dévalorisée : elle régnait sans partage sur la vie domestique. »
Une personnalité sans relief, à l'image des phrases clefs qu'elle égrène souvent : « Oh ben, y a rien à dire, (…) Motus et bouche cousue, (…) Allez, allez on n'en parle pas ».
A part la lecture, seule chose qu'elle fait sans contraintes, Odette apparait comme une femme de devoir, bien stricte dans une vie où « Labeur et routine semblaient ainsi la définir toute entière. »
Quelques pièces du puzzle insuffisantes pour cerner le sujet principal. Trop de vide...

Dans la seconde partie, elle poursuit son enquête en utilisant la loupe du généalogiste. Fouiller les archives, c'est tirer un fil, et quelquefois, il nous entraîne bien plus loin que prévu. Avec beaucoup de talent, elle ranime les données administratives brutes en êtres de chair et de sang. Des ascendants, des proches qui, sous la plume de l'autrice, ont repris vie.
Comme les frères Pinette, contemporains d'Odette à l'orphelinat et morts à Auschwitz.

Le lecteur participe à ses recherches, à ses coups de coups ou à ses déceptions. Comme le grand-père d'Odette…
J'ai adoré les passages le concernant. L'autrice l'a complètement idéalisé, physiquement et moralement, avant de constater qu'il n'était qu'un sale type. « J'étais abasourdie, tant par ma déception que par ma naïveté. J'avais cru en Eugène, je lui avais accordé ma confiance, et je découvrais que l'avoué était un ivrogne qui avait humilié et insulté sa femme, un pleutre qui ne se défendait même pas et avait abandonné sa famille. »
Quand on fait de la généalogie, il y a toujours des personnages qui nous aimantent, qu'on revêt de toutes les qualités. A tort ou à raison, on ne sait pas...

Une fresque sensible, historique, bouleversante par les vides qui demeurent, même si la dernière partie m'a déçue : faute d'éléments nouveaux, la narratrice invente un passé, un amour, une jeunesse à sa grand-mère.
C'est bien écrit, c'est émouvant, mais la fin m'a laissée sur ma faim. Terminer sur un récit d'amour inventé de toutes pièces sans reprendre la main, sans donner sa propre conclusion, m'a infiniment gênée.
D'autant plus que la 3ème « façon » m'a semblé un délire, et c'était passionnant par rapport au mal-être de la narratrice, à son cheminement dans le passé. Combler absolument les trous, le vide, avec la fiction et le mensonge : « C'était ce trou noir qui m'habitait. Je souhaitais tellement le combler que j'étais prête inconsciemment à tordre les faits. »

Peut-être pour se chercher de nouveaux repères et polariser son attention sur quelqu'un d'autre.
Dommage...

Lu dans le cadre du Prix Orange 2024. Je remercie lecteurs.com et les éditions Gallimard de m'avoir permis de découvrir ce roman sensible.
https://commelaplume.blogspot.com/


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Quelle a été la vie d'Odette Froyard ? Est-ce que derrière sa simplicité cette femme cachait un secret ? La vie d'Odette Froyard a-t-elle toujours été dans l'ombre ou a-t-elle connu la lumière ? C'est en pleine période covid, qu'Odette Froyard refait surface dans la vie de sa petite fille, Isabelle Monnin. Des affiches collées sur les murs faisant le décompte des victimes de féminicides, des rues qui changent de nom en hommage à des artistes féminines, toutes ces femmes aux destins extra ordinaires, mais où était passée la vie d'Odette Froyard ? Pourquoi une vie ordinaire ne pourrait être distinguée ? N'était-ce réservé qu'aux puissantes, aux artistes ou victimes ? La vie d'Odette Froyard, quoi qu'elle ait été, méritait d'être mise en lumière, alors Isabelle Monnin fait de sa grand-mère Odette Froyard, le personnage principal de son nouveau livre. Les faits : Odette Froyard est née en 1917, morte en 1993. Elles se sont connues de 1971 à 1993. Odette grand-mère discrète, aimante, dévouée, qui portait une blouse fleurie, une grand-mère qui nettoie, écosse, nourrit, joue, jardine, prépare conserves et confitures, et regarde la télé. Une femme à la vie ordinaire toute tournée vers les tâches domestiques et le fonctionnement de la maison. Une vie sans surprise. Dans la première partie du livre, l'autrice remonte dans ses souvenirs, cherche, fouille, se concentre et s'attriste d'avoir si peu de choses à raconter. Alors dans la deuxième partie, l'autrice va faire des recherches dans les archives familiales, puis dans les archives officielles : recensements, registres d'états civils, actes de naissance, de décès, de mariages, cadastres, articles de presse, inventaires départementaux, des sites généalogiques... La vie d'Odette Froyard se dessine pas à pas, Isabelle Monnin va de surprises en surprises. Dans la troisième partie, ma préférée, la vie d'Odette Froyard devient roman. Puisque la réalité ne suffit pas, la fiction comble les manques, les lacunes, les oublis. L'autrice invente un destin romanesque à Odette, elle la fait vibrer, aimer, vivre !

Une lecture en demi-teinte. La première partie m'a ramené ma grand-mère, j'étais donc plus concentrée sur mes propres souvenirs que ceux de l'autrice. La deuxième était un peu longue et ne m'a pas complètement intéressée. Mais j'ai trouvé le bonheur dans la troisième et dernière, la vie d'Odette s'anime, entre dans la lumière.
L'écriture est agréable et l'ensemble se lit très facilement.
Lien : http://www.levoyagedelola.com
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Voilà un texte qui avait suscité de la curiosité quand il m'avait été présenté quelques mois avant sa parution, et je remercie vivement les éditions Gallimard par l'entremise de l'opération Masse Critique de Babelio de m'avoir donné l'opportunité de le lire.

J'ai été très touché par la vie d'Odette Froyard telle qu'elle fut racontée, on pourrait presque dire découverte, par sa petite-fille Isabelle Monnin. Odette, c'est avant tout une femme discrète, une femme dans l'ombre de son mari, dans l'ombre de l'Histoire, presque dans l'ombre d'elle-même, et j'ai été sincèrement touché par ce portrait d'une femme ordinaire ayant passé sa vie comme effacée.

Si à certains moments du récits, j'ai un peu décroché et me suis demandé où l'autrice nous embarquait, la fin permet de reconnecter le fil de cette histoire, de redonner de l'épaisseur à une vie qui pouvait paraître tristement banale et linéaire, alors qu'elle aura subi comme tant d'autres les vicissitudes que la vie propose.

Un roman sensible, délicat, avec quelques longueurs mais que je recommande si vous aimez vous plonger dans les histoires de famille et l'intimité de personnages ordinaires.
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Ce roman commençait très bien et puis j'ai peiné, trouvé quelques longueurs, je me suis perdue dans les digressions. Je me suis accrochée et j'ai retrouvé la force du début qui m'a emportée jusqu'au bout du livre.
Isabelle Monnin raconte comment lors d'une période de confinement (durant la covid), elle s'est retrouvée à faire des recherches sur sa grand-mère, Odette Froyard.
Elle se remémore des souvenirs d'enfance pleins de tendresse, les expressions de son aïeule, ses manies. Bien qu'elle l'ait côtoyée 22 ans, elle se rend compte qu'elle ne la connaît pas. Alors elle se tourne vers les enfants de sa grand-mère et les interroge. Elle découvre qu'Odette et ses frères et soeurs ont vécu une partie de leur enfance dans un orphelinat franc-maçon à Paris après la mort de leur père. Des documents d'archives et des photos sont insérées dans les pages. Véritable enquête, Isabelle Monnin tente de faire un portrait de cette femme « invisible », au service de tous, active, infatigable et parlant peu.
L'histoire prend peu à peu une autre allure et nous emporte à travers le XXème siècle, jusque dans les camps de concentration. Découpé en 3 parties inégales, le roman raconte l'histoire d'Odette Froyard en trois façons, comme le dit le titre. le mystère autour de cette femme s'éclaircit et l'autrice nous révèle ses secrets. Ou comment la vie ordinaire d'une femme devient fiction !
Quitte ou double pour ce livre, soit il vous passionne soit il vous perd en cours de route ! J'ai été séduite par la plume et j'ai relevé de nombreuses phrases mais sans la sélection du Prix Orange du Livre 2024, je l'aurais très certainement abandonné. D'une lecture exigeante, il risque de ne pas toucher tous les lecteurs malgré ses qualités.
Lien : https://joellebooks.fr/2024/..
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