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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
L'on dit des sportifs professionnels qu'ils meurent deux fois.
Tout d'abord à la fin de leur carrière.
Puis comme le commun des mortels qu'ils sont alors devenus.
Les Tragiques privilégiera exclusivement la seconde qui, dans la foulée, fera la nique à la première, fauchant ainsi ces galériens de l'effort ultime dans la fleur de l'âge avant d'avoir pu accéder à une notoriété promise ou leur avoir permis d'affirmer leur insolente domination dans leurs disciplines respectives.

L'objet livre est beau, robuste et semble particulièrement soigné.
De Montaignac, je ne connaissais que son célèbre régime avant de m'apercevoir que j'allais, à l'image d'un pétulant Alési dont c'était devenu la drolatique marque de fabrique, à fond, à fond, à fond, direct dans le décor. Grand reporter et chroniqueur au journal L Equipe, il aura roulé sa bosse de par le monde, couvrant moult évènements sportifs tout lui conférant ainsi une souveraine légitimité.

Il n'existe pas de typologie de la mort même si certains sports y seront plus assujettis que d'autres.
En effet, le curling, les échecs, voire le twirling bâton semblent avoir payé un tribut kouasi nul à la grande faucheuse, faisant ainsi preuve d'un favoritisme outrancier de la part de cette dernière qui leur préféra le cyclisme, la formule 1 et la boxe comme vivier létal.

Les portraits, courts mais passionnants, s'enchainent sous la plume experte d'un connaisseur amoureux de l'effort et des mots.

Du parfait inconnu au représentant emblématique, ces Tragiques survolent un large spectre de trajectoires ascendantes brutalement fauchées en plein vol, qui en pleine pratique de son art, qui par mesure de rétorsion de la part de gouvernements peu sensibles à la défaite, qui par l'abus de stupéfiants, qui pour cause de vitesse excessive sur RN non limitée à 80, qui a le droit...
Bref, autant de circonstances mortelles qu'il existe de disciplines.

Ces Tragiques nous rappellent de sinistres souvenirs tout en en développant de nouveaux.
En effet, difficile de ne pas approfondir plus avant chaque personnage tant l'auteur aura su éveiller une curiosité aussi touchante que justifiée quant à ces légendes météoriques disparues bien avant la ligne d'arrivée.

Merci à Babelio et aux éditions en exergue.
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Autant vous le dire tout de suite, en exploits sportifs et en sport tout court d'ailleurs, je n'y entends pas grand chose. Je suis l'une de celles et ceux qui a découvert les JO lorsque j'étais à l'école primaire, ayant eu un exposé à faire sur les Jeux Olympiques d'Albertville et je m'étais alors intéressée tout naturellement, dans ma tête de petite fille, prise de passion pour les patineurs Paul et Isabelle Duchesnay, formulant alors un rêve : celui de les rencontrer lors d'une séance d'entraînement, rêve échoué malheureusement. Je fais également partie de celles et ceux qui, ayant eu un oncle et des cousins, passionnés par l'Olympique de Marseille, ait découvert le football professionnel par leurs yeux mais je fais enfin partie de celles et ceux qui suis tombée dedans lors de la Coupe du Monde 1998. Aussi, autant vous dire que parmi les plus de quarante portraits de grands athlètes, tous genres confondus dont il est question ici, aucun ne m'était familier et pourtant j'ai énormément aimé cette lecture. Jusqu'à ce que je reçoive cet ouvrage (et à ce titre je tiens à remercier babelio et les éditions en exergue), je n'avais jamais entendu non plus le nom de Christian Montaignac. Bien sûr, je connais le journal sportif "L'Equipe" sans pour autant l'avoir lu et ce sont mes recherches sur internet qui m'ont appris que ce dernier y a contribué pendant près de quatre décennies, couvrant notamment les plus grands reportages sportifs. Mais ici, ce qui m'a touché, c'est avant tout le sort "tragique" réservé à ceux et celles qui ont fait vibré des milliers de téléspectateurs et qui sont tous décédés vite, top vite dans des conditions dramatiques, qu'ils soient en train d'exercer leur passion, que dis-je leur métier, ou non .

Un ouvrage que j'ai donc reçu comme un véritable "cadeau" tant l'objet en lui-même est d'exception (couverture cartonnée, imprimé sur du beau papier et le tout avec de splendides illustrations) et les courtes chroniques font vibrer le lecteur qui se retrouve, bien malgré lui, et ce, malgré son attachement au sport ou non, bien vite pris dans le feu de l'action. Bien plus que des sportifs, ce sont avant tout des portraits d'hommes et de femmes qui sont magnifiquement retranscrits ici, tous disparus dans la fleur de l'âge et cela est bien dommage ! Encore une belle leçon d'humilité car il n'est jamais de trop de nous rappeler que notre passage sur Terre est éphémère et eux, ont vécu leur vie à fond ! A découvrir !
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Les Tragiques dont Christian Montaignac nous retrace les destinées funèbres ne sont effectivement morts qu'une fois mais dans des circonstances qui dans la grande histoire du sport feront – pour certains – parler et écrire pendant bien plus longtemps que s'ils avaient expirer en père peinard dans leur lit à un âge plus ou moins canonique.
Du plus célèbre (Ayrton Senna) au pékin quasi lambda mais passionné par sa discipline (Adolphe Hélière), l'auteur nous dresse ici le portrait de 40 sportives et sportifs, professionnels ou non, qui pour la plupart auront tout donné à leur sport-passion, vie comprise quand pour quelques autres, accidents, suicides ou assassinats auront de pareille façon mis fin à une carrière dont l'élan a explosé en plein vol.

Entre figures notoires mais qui apportent parfois quelques éclairages supplémentaires sur des trajectoires pourtant familières ou découvertes totales d'existences trop courtes mais très souvent vécues à 200 à l'heure, ces portraits parfois juste esquissés (2 pages), parfois un peu plus étoffés nous offrent un large éventail de destins et de choix de vie qui, s'ils finissent tous pareillement, sont toujours inédits dans leur parcours. Plaisant à lire, intéressant à découvrir, on passe avec Les Tragiques un moment équitablement réparti entre enthousiasme devant les prouesses accomplies et tristesse face à ces foudroyantes fins dernières d'artistes maudits qui, s'ils maitrisaient parfaitement leur art, ne pouvaient que rendre épées, volants, motos, vélos, skis et finalement âme devant le fatum contre lequel nul ne peut lutter.

Seul bémol, et il est de mauvaise foi car Christian Montaignac prévient dès le départ : la liste des individus choisis pour ce livre est fatalement lacuneuse, trop de morts, trop de talents prématurément fauchés en pleine gloire, il aurait fallu une encyclopédie pour y mettre tout le monde mais malgré tout j'ai regretté l'absence de Marco Simoncelli. Dans un second tome, peut-être ?

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La grande galerie des sportifs partis trop tôt

D'Alexandre Belov à Jean-Pierre Wimille, en passant par quelques sportifs plus célèbres tels qu'Ayrton Senna ou Alain Colas, Christian Montaignac fait le portrait de ces champions partis trop vite.

Permettez-moi un souvenir personnel pour commencer cette rubrique. La plume de Christian Montaignac m'a accompagnée pendant des décennies, de mon adolescence, au début des années 1970 jusqu'à son départ de L'Équipe en 2004. Déjà, il excellait dans le compte-rendu des événements sportifs majeurs tels que les Jeux Olympiques ou le Tour de France, mais son style sensible et empathique faisait aussi merveille dans le portrait. Autant dire que j'ai lu ce recueil avec autant d'intérêt que de nostalgie. Bien davantage qu'une galerie de nécrologies, cette sélection de sportifs partis trop tôt (voir la liste complète ci-dessous) nous fait découvrir des histoires d'hommes et de quelques femmes – la liste étant bien entendu totalement subjective – qui racontent aussi l'histoire du sport et l'évolution des disciplines sportives. La politique et la Guerre, l'Histoire avec un grand «H» venant aussi faire des incursions dans ce panorama. Mais ce qui en fait sans doute son intérêt premier, c'est qu'il nous permet ainsi de faire revivre tous ces champions. Ainsi, s'«ils ne sont morts qu'une fois», ils retrouvent ici une seconde vie.
S'il n'est pas question ici de revenir sur tous ces portraits, j'aimerais toutefois vous présenter quelques-uns de ces sportifs et leur tragique destin, à commencer par l'Allemand Albert Richter devenu champion du monde de cyclisme en 1927 dans sa ville natale de Cologne. Lorsque Hitler accède au pouvoir, il est contraint de fuir son pays. Il y reviendra en 1939 et remportera le Grand Prix de Berlin malgré l'hostilité des autorités à son égard, lui qui a un entraineur juif. Sentant l'étau se resserrer sur lui, il décide de gagner la Suisse mais sera arrêté à la frontière, en gare de Weil-am-Rhein. Trois jours plus tard, on annoncera sa mort et la vérité sur sa disparition ne sera jamais révélée.
Lilian Board la Britannique rappellera peut-être des souvenirs à tous ceux qui ont vu débouler la chevelure noire de Colette Besson dans la dernière ligne droite du 400 m des Jeux Olympiques de Mexico. Dauphine de la française, la britannique prendra sa revanche l'année suivante et établira avec son équipe un nouveau record du monde du 4 x 400 m. Avec son entraineur de père, la «fille préférée de la Grande-Bretagne» entendait briller dans plusieurs disciplines à Munich, mais ne pourra honorer son rendez-vous olympique, un cancer colorectal l'emportant en décembre 1970.
Terminons sur un nom que beaucoup connaissant sans savoir qui se cacher derrière: Yves du Manoir. D'origine aristocratique ce corps sain dans un esprit sain sortira diplômé de Polytechnique et ouvreur au sein de l'équipe de rugby du Racing Club de France, avant de très vite intégrer l'équipe de France. En 1928, il entend passer son brevet de pilote. Il s'écrasera à Reuilly et mourra quelques minutes après l'intervention des médecins.
«Jeunesse, beauté, vitesse, tragédie, tous les ingrédients sont là pour que s'ouvre la légende. Yves du Manoir, météorite fulgurant, devient plus illustre mort que vivant.»
Ajoutons que tous ces portraits sont accompagnés de superbes portraits au crayon noir réalisés par l'illustrateur Bertrand Vivès.

Liste des portraits : Adolphe Hélière, Albert Richter, Alexandre Belov, Andrés Escobar, Ayrton Senna, Battling Siki, Dominique Bouet, Drazen Petrovic, Emiliano Sala, Fabio Casartelli, Georgette Gagneux, Gérard Saint, Grande Guerre, Guy Boniface + J.-M. Capendeguy, Jean Bouin, Jean-François Phliponeau, Jules Bianchi, Kokichi Tsuburaya, Lillian Board, Lutz Eigendorf, Marcel Verchère, Mathieu Montcourt, Matthias Sindelar, Mike McCullen + Alain Colas + Loïc Caradec, Omar Sahnoun, Benny Paret + Davey Moore, Peter Collins + Mike Hawthorn, Pierre Lacans, Patrick Pons + Michel Rougerie, Régine Cavagnoud, Robert Enke, José Samyn + J.-P. Monseré, Stanley Ketchel, Steve Prefontaine, Thaïs Meheust, Tom Simpson, Vladimir Smirnov, Jean-Pierre Wimille, Yuriy Stepanov et Yves du Manoir.
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Je ne connaissais pas l'expression “le champion meurt toujours deux fois” qui explique le sens du sous-titre “ils ne sont morts qu'une fois”.
Ce livre présente 46 chroniques de sport dont les héros ont été fauchés en pleine carrière sportive.

L'une, dramatique, narre comment un but contre son camp marqué par Andrès Escobar, joueur de football colombien, aboutit à son assasinat par le cartel de Medellin. “Senor autogoal” a reçu un carton rouge sang.

Une autre a pour ressort le suspens du match de basket USA/URSS, équipes ô combien opposées.
Le panier vainqueur fut réussi par Alexandre Belov suite à une récupération des Russes à trois secondes de la fin du match.
Ce héros s'effondrera ensuite en plein entraînement.

Le marathon est toujours une course mythique et lorsqu'il se passe au Japon en 1964, il est raconté comme une épopée. Kôkichi Tsuburaya arrivera trois secondes après le premier au bout de 42,195 kilomètres.
Il recevra la médaille d'argent comme une infamie nationale, qui le conduira au suicide selon la tradition japonaise.

Avec la mort de Tom Simpson dans l'ascension du Ventoux, c'est la place inconcevable qu'a pu jouer le dopage dans les courses cyclistes des années soixante.

Si les règles du rugby ont évolué pour renforcer la sécurité des joueurs après plusieurs décès, il en fut de même pour les masques et les tenues d'escrime ainsi que pour l'adoption de nouveaux alliages pour la confection des lames après que celle de Vladimir Smirnov, se cassant net, vint se planter dans son oeil et pénétra le cerveau.

Les lendemains de match, il m'arrive de lire l'Équipe, les articles de ce journal comme ceux de Montaignac ajoutent une valeur à la compétition que l'on a pourtant suivie.

Cet ancien journaliste de ce journal a le sens de la narration et confère un supplément d'âme aux histoires de son livre.
Il est joliment mis en page par les éditions En exergue avec des portraits en noir et blanc de chaque sportif dessinés par Bertrand Vivès.

La sélection est complètement subjective et évidemment incomplète, ce qui annonce peut-être un tome 2 ?
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Une carrière de sportif, c'est court. Plus ou moins selon les disciplines, mais c'est toujours court, bien plus que n'importe quelle autre carrière professionnelle.
Et la fin est très difficile à gérer. Il s'agit de savoir s'arrêter "au bon moment", ne pas faire la saison de trop, sans se priver de belles années non plus.
Sans compter que s'il est délicat pour tout un chacun de quitter un métier que l'on aime et de se retirer de la vie active, le sportif cumule d'autres difficultés. S'arrêtant jeune, il lui faut se trouver quelque chose à faire, et lui qui a vécu sous le feu des projecteurs doit s'habituer à ne plus avoir autant d'exposition médiatique, voire à ne plus en avoir du tout selon les cas. Les plus prévoyants s'y préparent, d'autres non, mais tous ont un pincement au coeur au moment de raccrocher les crampons, les pointes, la raquette, etc.

Ceux, oui, CEUX désigne en bon français à la fois les femmes et les hommes dont on parle, nul besoin d'employer le lourdingue "celles et ceux", encore moins le grammaticalement faux "toutes celles et ceux", bref, nul besoin de faire du pseudo féminisme à deux balles, les vrais combats sont ailleurs : allez lutter contre cette abomination qu'est l'excision, allez sauver des fillettes prépubères d'odieux mariages forcés... les réels sujets ne manquent pas, hélas ! Et laissez la langue française tranquille, merci.
Bon, je reprends : ceux dont les portraits sont brossés dans ce livre ont eu la chance de ne pas connaître la souffrance de la retraite sportive. Mais, est-ce vraiment une chance ?
Pas vraiment.
Qu'ils soient morts dans l'exercice de leur sport ou pour diverses autres raisons, ces sportifs ont été fauchés en pleine jeunesse, la vie a été cruelle avec eux, ne leur octroyant que de trop maigres années.

J'ai aimé le côté "inventaire à la Prévert" de l'ouvrage dans lequel on trouve pêle-mêle des cyclistes, des boxeurs, des footballeurs, des rugbymen, des pilotes de formule 1, et d'autres.
Christian Montaignac a été journaliste au journal L'équipe pendant près de quarante ans et connaît très bien son sujet.
Chaque portrait est précédé d'un très beau dessin (bravo Bertrand Vivès !) et des dates de naissance et de mort de la personne dont il va être question. J'avoue (déformation professionnelle...) que je n'ai pu m'empêcher à chaque fois de calculer : oh, là, là, 28 ans ; pff, 32 ans... quel gâchis !

Si chacun se doute bien que la formule 1 ou la boxe sont des activités dangereuses ("On estime à plus de cinq cents le nombre de boxeurs morts à la suite de combats depuis les règles fixées en 1884"), et que personne ne s'étonne que la mort y prélève de temps à autre son tribut, d'autres sports à l'air plus inoffensif ont pourtant généré leur lot de tragédies.
D'autres morts surviennent hors du champ sportif : untel meurt d'un accident de voiture en rentrant chez lui après une victoire trop arrosée, tel autre meurt bêtement... il y a tellement de façons de mourir, et le sportif n'est pas plus à l'abri que le citoyen lambda.
On trouve vraiment toutes les morts possibles dans ce livre, y compris le meurtre et le suicide : "Les tragiques" est un titre très bien trouvé !

Dans la succession des portraits, j'ai retrouvé des figures connues, comme Ayrton Senna, et une majorité de noms que je ne connaissais pas du tout et dont j'ai aimé découvrir l'histoire.
Rien d'exhaustif, bien sûr : chacun n'a droit qu'à quelques pages, et certains récits qui m'ont touchée m'ont donné envie de chercher davantage d'informations.

Une lecture instructive, qui intéressera les passionnés de sports et les simples amateurs.
Je remercie Babelio de m'avoir proposé cet ouvrage dans le cadre d'une Masse critique privilégiée, et les éditions en exergue pour l'envoi de ce bel objet.
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Le sport, l'intensité, la compétition, le dépassement : quoi qu'il arrive, l'essentiel est d'aller jusqu'au bout. Au bout de l'effort, au bout de la course, au bout de soi-même. Et à côté des légendes qui ont rempli le contrat et les lignes du « hall of fame » de notre mémoire sportive collective, il y a tous ceux qui n'ont pas eu l'opportunité d'aller au bout, fauchés en pleine carrière.

C'est à ces morts, ou plutôt à ces vies sportives prometteuses mais brutalement interrompues que Christian Montaignac a choisi de rendre hommage dans Les Tragiques, galerie d'une quarantaine de portraits passionnés. Et si choisir, c'est renoncer, Montaignac s'explique de sa « sélection » déséquilibrée et de ses impasses dès l'avant-propos, rappelant le lourd tribut payé par la boxe, le rugby, le sport automobile ou le cyclisme.

À côté des stars Senna, Casartelli, Boniface, Colas, Sala, Bianchi, Pons ou Cavagnoud, comment ne pas être touché par les histoires d'Albert Richter l'étoile cycliste victime du nazisme, par les combats épiques de Battling Siki, par la perfidie de la lame qui transperça le masque de Vladimir Smirnov ou par la détresse d'un Mike McMullen prenant le départ de la Transat juste après le décès de sa femme, pour ne jamais en revenir ?

Dans le style précis, sourcé et métaphorique qui le firent tant apprécier lors de sa carrière à L'Équipe, Christian Montaignac s'affranchit ici heureusement de la déontologie journalistique en ajoutant à sa plume, la passion et même parfois, une forme d'amour qui affleure. Et il fait mouche à tous les coups !
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A valeur égale, les destins des sportifs ne suivent pas toujours les mêmes chemins. Christian Montaignac, journaliste et chroniqueur pendant 37 ans à l'Équipe, a choisi de s'intéresser à ceux qui auraient pu dominer leur discipline, percer au plus haut niveau, gagner des médailles olympiques, ou attendre tranquillement leur retraite sportive, mais qui ne l'ont pas pu. le sort les a vu mourir trop jeune, trop tôt.

Soit que leur sport soit par nature dangereux, comme la boxe, la course automobile ou motocycliste, la voile ou même le rugby. Soit que l𠆞nchaînement des circonstances n𠆚mène à un accident tragique.

Cette galerie de portraits, amenée avec faconde et un style à la Blondin, fait donc la part belle à nombre d'inconnus, ou peu connus ; sportifs talentueux mais que l'histoire du sport a un peu laissé pour compte.

Peu de grands noms, mis à part un Ayrton Senna (la F1), une Régine Cavagnoud (le ski alpin), ou un Alain Colas (la voile). Montaignac traite plus volontiers de rugbymen, de cyclistes ou de boxeurs. Parfois restés bien anonymes.

Le procédé est original et s𠆚ttaque à un non-dit du sport : la mort, présente à la sortie d'un virage ou au retour d'une soirée arrosée. le soin apporté à la présentation de ces histoires humaines rend ces destinées touchantes, vibrantes de l𠆞ngagement de ces sportifs.

Toutefois, j𠆚voue que cette accumulation de départs prématurés conduit à quelques réflexions sur le rôle du sport dans nos temps modernes. le parallèle avec les jeux du cirque peut paraître facile, mais est-il vraiment indispensable de cogner sur un de ses semblables sur un ring, de pousser les moteurs de machines atteignant des vitesses excessives au regard des possibilités des circuits, ou d𠆞mplafonner un pilier adverse à la poursuite d'un ballon ovale ?

Même si les qualités littéraires de Montaignac rendent, prises individuellement, chacune de ces historiettes plaisantes, le lecteur avant de s'attaquer à cet ouvrage doit bien comprendre quel en est son sujet.
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Par le biais d'une Masse Critique Babelio, j'ai eu le plaisir de découvrir le livre Les Tragiques, du journaliste Christian Montaignac chez les éditions En Exergue.

Tragédies sportives
Christian Montaignac, longtemps journaliste à L'Équipe, possède une vaste expérience du commentaire sportif et de l'histoire des grandes compétitions comme le Tour de France cycliste ou les Jeux olympiques d'été. Dans cet ouvrage, il a choisi plus d'une quarantaine de personnalités sportives pour raconter la tragédie qui les a emportées. Des plus célèbres aux totalement inconnues, ces personnalités bénéficient d'un portrait fourni et plutôt bien écrit (pas romancé évidemment, puisque chaque fait est avéré), il y a une certaine recherche de style. La liste complète des portraits est la suivante : Adolphe Hélière, Albert Richter, Alexandre Belov, Andrés Escobar, Ayrton Senna, Battling Siki, Dominique Bouet, Drazen Petrovic, Emiliano Sala, Fabio Casartelli, Georgette Gagneux, Gérard Saint, Grande Guerre, Guy Boniface + J.-M. Capendeguy, Jean Bouin, Jean-François Phliponeau, Jules Bianchi, Kokichi Tsuburaya, Lillian Board, Lutz Eigendorf, Marcel Verchère, Mathieu Montcourt, Matthias Sindelar, Mike McCullen + Alain Colas + Loïc Caradec, Omar Sahnoun, Benny Paret + Davey Moore, Peter Collins + Mike Hawthorn, Pierre Lacans, Patrick Pons + Michel Rougerie, Régine Cavagnoud, Robert Enke, José Samyn + J.-P. Monseré, Stanley Ketchel, Steve Prefontaine, Thaïs Meheust, Tom Simpson, Vladimir Smirnov, Jean-Pierre Wimille, Yuriy Stepanov et Yves du Manoir. de l'accident d'entraînement au règlement de comptes par les nazis ou les mafieux de Medelin, il y a de tout dans ces morts tragiques.

Beau livre
Les Tragiques est ainsi un livre fourni en informations (en histoires dramatiques évidemment) et dont les récits sont enrichis grâce aux portraits graphiques réalisés par Bertrand Vivès, particulièrement réalistes et touchants. On aurait même pu s'attendre à le trouver chez des éditeurs plus importants (l'auteur a déjà été publié chez Calmann-Lévy, JC Lattès, etc.), mais au fond c'est bien mieux ainsi car il mérite le détour. Il mêle des récits tout à fait attendus comme celui de la skieuse Régine Cavagnoud ou le pilote Jules Bianchi, deux Français décédés relativement récemment, d'autres connus comme l'athlète Jean Bouin, le cycliste Fabio Casartelli ou le pilote Ayrton Senna, mais il réunit aussi des récits tout à fait inattendus car inconnus (en tout cas de moi), notamment le drame des cyclistes Adolphe Hélière, mort pendant le Tour de France 1910, et Albert Richter, décédé après avoir trop critiqué l'aryanisation des clubs sportifs sous le IIIe Reich. Ce beau livre a malgré tout quelques défauts, à commencer par le choix de ranger ces héroïnes et héros par ordre alphabétique des prénoms… Personnellement, en ordre alphabétique des noms de famille, voire même mieux par date de décès, aurait été plus simple d'utilisation. Enfin, l'excès de métaphores sportives pourrait saouler quelques-uns, mais en picorant une histoire de temps en temps, l'ensemble est très agréable à lire.

Les Tragiques est le premier livre de Christian Montaignac que je lisais et il constitue une belle découverte.
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L'auteur présente des portraits de sportifs, illustres ou obscurs, fauchés en pleine gloire, en plein effort ou dans la plus totale des ignorances. Qu'ils soient morts sur le stade, la route et le ring ou loin des podiums, ils ont marqué la pratique sportive de leur fulgurance. Ils sont partis sur un score ou un échec définitif. « Les sportifs, destinés à mourir de leur vivant, sont appelés à faire de leur jeunesse l'oeuvre d'une vie, leur chef-d'oeuvre aussi. » (p. 7) Petites figures, anonymes ou héros installés, ce n'est pas leur renommée qui compte, mais leur dévouement sans faille au sport. Ils sont morts pour lui ou par lui. « On estime à plus de cinq cents le nombre de boxeurs morts à la suite de combats depuis les règles fixées en 1884. » (p. 61)

Christian Montaignac explore les rubriques nécrologiques du cyclisme, du rugby, des courses automobiles, du fleuret, de l'athlétisme et d'autres sports que l'on n'aurait pas imaginé meurtriers. Parce que parfois, ce sont la politique ou la pègre qui se mêlent d'écourter les carrières de certains sportifs. Dans cette galerie, seuls 4 portraits de femmes, alors je ne peux m'empêcher de citer leurs noms : Georgette Gagneux, Lillian Board, Régine Cavagnoud et Thaïs Meheust.

Voilà une lecture belle, mais triste. Très triste. Mais le titre donne une dimension presque mythologique à ces athlètes disparus trop tôt, et la certitude têtue qu'ils ne seront pas oubliés.
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