Citations sur La bonne chance (118)
Lui,au contraire,une certaine imperfection lui plaît. Le charme vibrant de l'inattendu.Le trouble de ce qui ne respecte pas la symétrie...à condition que ce trouble soit beau.En vérité, nous ne parlons pas du bête chaos d'une boîte de thon jurant au milieu des boîtes de petits pois,mais de l'art raffiné de conférer de la beauté à ce qui est raté. Pablo croit que,sans cette petite fenêtre sur l'infini,sans cet appel d'air,sa propre obsession le tuerait. L'amour de l'imperfection est son point de fuite, son salut.C'est là le secret de son succès comme architecte : obtenir une impression de classicisme avec quelque chose qui transgresse toutes les lois de la beauté classique. Et réussir, malgré tout,à ce que soit harmonieux.(p.76)
Rien ne vieillit aussi vite que l'amour mal aimé.
(p.123)
-S'il te plaît, Leocadio...don Leocaduo.Qui va m'acheter cet appart en face de ces putains de trains ? Sans vouloir être grossier.
C'est l'éloquence de l'argent qui triomphe finalement.(p.20)
Raluca est une planète, Raluca est la Terre flottant dans l'espace, bleue et verte et blanche de la crème fouettée des nuages, une boule ensoleillée et fulgurante, aussi belle que la plus belle des perles dans la noirceur solitaire du cosmos, et Pablo est une météore qui tombe frénétiquement vers elle, piégé par l'inexorable loi de la gravité.
Au contraire, Pablo,qui a basé toute sa carrière et son prestige sur ce type de projets monumentaux, veut maintenant faire le trajet inverse et réaliser une architecture pour les plus pauvres, des édifices à coûts réduits mais qui ne renoncent ni à la commodité ni à la beauté
Parce que la beauté aide à soigner la douleur du monde. (p.266)
La peur est un parasite, un envahisseur. Un vampire qui suce tes pensées, parce que tu ne peux pas l'éloigner de ta tête. Et même si, dans un étrange instant de trêve, tu parviens à oublier une seconde ta peur, il reste toujours une certaine tristesse planant sur toi, une vague prémonition de risque et de malheur. Il n'y a pas moyen de s'en libérer complètement. (p 127)
Il l'aime, il l'a dit,et ce bonheur si absolu est capable d'effacer pour elle non seulement toutes les peurs, mais aussi la douleur du monde. Si Pablo l'aime,tout a une solution, tout est possible ;les néonazis disparaitront, les méchants deviendront gentils,les faibles seront protégés (elle sera capable de les protéger) et les étoiles brilleront plus que jamais dans le ciel. C'est ce genre de personne, Raluca.(p.220)
Etre un autre est un soulagement. Echapper à sa propre vie. Détruire ce qui a été fait. Ce qui a été mal fait. Si seulement il pouvait formater sa mémoire et recommencer à zéro.
Raluca, cette innocente, le prend pour un homme sûr de lui, elle le prend pour un homme cultivé et un artiste, elle le prend, quelle éloquente manière de l’exprimer, pour un gentleman. Mais elle n’est pas la seule, voilà ce qui est surprenant. Plus d’une fois, Pablo a remarqué que les gens le tenaient pour un bourge avec pedigree, un riche héritier. Même les rejetons des vieilles familles fortunées pensent, de prime abord, qu’il sort de la même crémerie. Ensuite, dès qu’ils commencent leur rituel stupide du lâcher de noms, est-ce que tu connais Untel, est-ce que tu ne serais pas le fils ou le neveu de Tel-Autre, et qu’ils constatent qu’il n’est le parent ni le protégé de personne, ils le rangent aussitôt à sa place.
Ce en quoi se divise vraiment l'humanité, c'est entre gentils et méchants. Entre les personnes qui sont capables de se mettre à la place des autres et de souffrir avec eux et de se réjouir avec eux, et les fils de putes qui cherchent seulement leur propre bénéfice, qui savent seulement regarder leur nombril.