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Critique de StCyr


Pierre Costals est un homme de lettres parisien, au mitan de la trentaine, qui a un certain succès galant. Il revendique une lucidité blasée sur les lubies du beau sexe. Aime-t-il les femmes ? Il a du goût pour elles comme on en a pour les desserts trop sucrés ou les pâtisseries traditionnelles à la crème au beurre : cela flatte le palais, mais ça écoeure vite. Il est le destinataire - difficile de dire qu'il entretient une correspondance, de lettres de deux de ses lectrices. La première, confite en génuflexion, assez insignifiante en vérité, pas sûr qu'il y ait la lumière à tous les étages, ne l'oublie pas dans ses nombreuses oraisons. La seconde, une provinciale du Loiret, vieille fille, assez cultivée pour son rang social, se fait bien plus importune pour l'écrivain. Pierre Costal, souvent méchant par les pointes de l'esprit mais pas mauvais, qui a eu la faiblesse de lui accorder quelques entrevues - en tout bien tout honneur, alors qu'il la trouve franchement laide tout en reconnaissant qu'elle n'est pas totalement dénuée d'intelligence, devient l'objet du comportement obsessionnel de cette personne, une hystérique qui le poursuit de ses assiduités sans trêve, et qui se révèle être au fil du temps une horrible érotomane.

Montherlant illustre les relations homme-femme par l'intermédiaire d'un écrivain cynique et d'adulatrices désaxées. Les attentes sont fatalement différentes entre deux conceptions de la rencontre aussi divergentes. Entre celui qui cherche à assouvir un désir dans un commerce agréable et celles qui poursuivent le bonheur à travers l'amour, les attentes ne peuvent qu'être déçues. Forcément avec un tel parti pris dans le choix des personnages l'oeuvre se veut polémique, ce qui est somme toute salutaire. Mais ça n'a pas plu, mais pas du tout, à l'épouse de Jean-Paul Sartre, qui s'en est émue dans le Deuxième Sexe, et il est fort à parier que ce roman qui est le premier volet d'une tétralogie éponyme ne sera pas dans la PAL des thuriféraires de l'écriture inclusive. En revanche, pour les hommes blancs hétérosexuel de quarante ans et pour quelques autres lecteurs (lectrices ?) fourvoyés, les Jeunes filles sera une lecture réjouissante et profitable.


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