Ce roman est susceptible de plaire à un large public, y compris aux lecteurs les plus fermement réfractaires à la science fiction.
L'action se déroule dans un futur proche (jamais précisé exactement), vraisemblablement dans la première moitié du 21ème siècle. Les principaux éléments qui permettent de classer cette oeuvre littéraire dans la catégorie science-fiction sont les suivants: légère anticipation sur notre époque, et quelques "évolutions" médicales et éthiques (progrès ou pas ?).
Le personnage principal, Lou Arrendale, est âgé d'environ 35 ans. Il fait partie d'une "section" spéciale composée de personnes autistes travaillant sur l'analyse des structures (mathématiques), dans une grande compagnie.
Sans trop m'avancer sur le domaine de l'autisme (que je ne maîtrise pas), je dirais que les membres de cette section semblent atteints, à des degrés divers, du syndrome décrit par Danniel
Tammet dans ses livres-témoignages (notamment "
Je suis né un jour bleu").
Ils font partie de cette génération d'autistes pas assez jeunes pour avoir bénéficié d'une opération devenue banale (dans ce roman) ; c.-à-d. modifier le gène de l'autisme chez le nouveau-né. Cependant, des équipes de recherche européennes viennent de réussir certaines expérimentations pour modifier le fonctionnement de cerveaux d'animaux vivants et adultes....
Pour l'anecdote et parce que Lou Arrendale est un mathématicien, je lui rends justice en signalant quelques erreurs dans cette édition (erreurs de traduction dues au passage au système métrique, je suppose):
1-La surface des dalles dans le couloir de la laverie est probablement de 900cm² (30cm x 30 cm) et non de 30 cm², sinon la page de réflexion qui suit cette constatation est fausse (voir le chapitre 9).
2-La vitesse de la lumière dans le vide est en réalité de 300 000 km/s et non de 300 000 m/s (voir le chapitre 19).
Bon, j'arrête avec ces détails.
J'ai beaucoup apprécié le procédé (non systématique) de narration qui selon les chapitres nous offre, soit le point de vue d'un narrateur extérieur , soit le point de vue du personnage principal (autiste). Ses comportements autistiques, que nous aurions tendance à qualifier d'étranges ou atypiques deviennent très compréhensibles lorsque nous prenons connaissance de ses troubles et de ses raisonnements.
Ce récit d'
Elizabeth Moon est certes touchant, mais sans tomber dans le pathos ou la commisération.
Il n'est pas dépourvu non plus d'une certaine dose d'action et de suspense, mais pose surtout la question de ce que peut bien signifier "la normalité". Belle et intéressante question qui nous concerne tous, que nous nous considérions "normaux" ou pas...