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Citations sur Un petit homme de dos (12)

[…] le sourire de ma Loraine, de ma filleule, de ma fille, oui de ma fille à moi, moi, mon, ma, mes, c’être les mots des gens libres, j’être libre et fort, et je te donne ma force, ce que je dire c’être pas clair, mais c’est mon cœur qui parler, alors je te le répète, plus belle maigrelette d’ici jusqu’à là-bas, où le soleil se couche, écoute, écoute, quand mes yeux mouriront, ils mouriront avec ton image dessus parole d’honneur.
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- Eh bien je pense qu'on peut dire que je suis ruiné, répond-t-il avec un sourire désarmant.
- Mais c'est terrible, s'exclame Joséphine.
- Pas tant que ça, dit-il, qu'est-ce que c'est que l'argent ? C'est rien d'autre qu'une manière de faire passer le temps aux mortels civilisés. Ca circule de main en main, ça va, ça vient. Riche hier, pauvre aujourd'hui, inch'Allah, demain il fera jour pour ceux qui verront le soleil.
- Qu'allez-vous faire ? demande madame mère. A vote âge ce n'est pas facile de recommencer à zéro.
- Vous voulez que je vous dise à quoi je rêve, dit-il, je rêve de ne rien faire, rien faire du tout, vivre en retraité, dans une petite ville de préférence. Vous savez, ce que je veux, c'est lire mon journal tranquillement, faire de bonnes balades et siroter de temps en temps une bière à la terrasse d'un café. Oui, c'est tout ce que je veux et il m'en faudrait pas plus pour être l'homme le plus heureux du monde.
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Menteur comme un arracheur de dents, mon père avait eu l'intuition géniale d'être sincère. Ma mère leva les yeux au ciel et dit : épisodiquement, qu'est-ce que vous pouvez être pimbêche, vous. Ils se regardèrent, un chien hurla, ma mère frissonna, mon père la prit dans ses bras, il la caressa tendrement, elle se laissa faire et ils s'embrassèrent, c'est pas plus compliqué que ça. La légende est muette sur le reste de la nuit, moi je pense qu'ils baisèrent comme des fous et qu'ils achetèrent le silence de Bella. Mais même si je me trompe, même s'ils restèrent chastes cette première nuit, elle exista et il en résultat des années de passion.
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Et c'est le jour, grand-mère met des bas gris sur ses varices. Elle s'habille comme un oignon, grand-mère. Elle enfile ses vêtements les uns sur les autres, la dernière pelure étant son manteau noir au col d'astrakan, puis boursouflée comme un ballon qu'on a saucissonné avec une ficelle, poudrée et repoudrée, maquillée comme jamais aucune cocotte ne l'a été, grand-mère file à l'église prier pour l'âme de l'oncle Simon.
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et ne vous étonnez plus, ces lumières mystérieuses qui embrasent parfois le ciel lorsque vous le contemplez certains jours de doute ou de détresse, c'est tout simplement un je t'aime que quelqu'un, quelque part, vous envoie.
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- Marion elle a du vague-à-l'âme, a dit Mietta en mâchant un caramel mou, mais pas Simon. Pourquoi il joue pas avec nous, Simon ?
- Il courtise les filles, a répondu Loraine en mâchant un caramel mou.
- C'est quoi courtiser les filles ?
- Il leur montre sa pomme d'Adam et les filles qu'ont leurs règles ça les rend amoureuses.
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Il emplit la coupe de champagne et dit à ma mère : trempez un doigt dans la mousse, posez-le sur votre front, faites un voeu que vous garderez secret et dites galette.
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Maintenant Mietta passe par le restaurant avant de retourner à l'école l'après-midi, ainsi il voit mon père au moins une fois par jour. Il descend l'escalier, il ouvre la porte de service qui donne dans le couloir de l'immeuble et il pénètre Chez Jacquemier, dans la salle du fond (qui est une prison pour le père est un palais pour l'enfant, un Versailles mystérieux dont son père est le roi et où tout converge vers lui). Mietta longe la desserte où il y a les corbeilles de fruits, les tartes tout en longueur et les plateaux de fromages. Il fait attention à ne pas regarder les clients, mais si par hasard il croise le regard de l'un d'entre eux, il lui sourit (et son joli sourire dit naïvement : je suis son fils). Et finalement voilà Mietta dans la première salle, où il y a le bar et la soupente. Mietta s'approche de la caisse. Mon père ne l'a pas encore vu, il fume en rêvant derrière ses lunettes en or, ou plus rarement il discute avec quelqu'un. Puis il lève sa tête, il aperçoit son fils, et il sourit.
- Bonjour fiston, dit-il en se penchant et en embrassant Mietta sur la joue ou sur la bouche, ça dépend (Mietta aime l'odeur de mon père, ça lui fait le même effet que l'odeur de ma mère).
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Chaque soir la java du noir c'était bien plus que des repas d'affaires, bien plus que des noubas, c'était les premiers vrais éclats de rire depuis 1939, c'était les premiers disque de jazz, c'était la certitude pour tous que le printemps allait apporter la paix. Chaque matin mon père enfilait sa blouse grise et jouait à l'épicier. Il collait des étiquettes de château-margaux sur des bouteilles de picrate, mouillait le lait, appelait pur beurre tout ce qui avait une vague couleur jaune et à en croire la publicité qu'il susurrait en souriant dans son béret, son cochon était tout cochon alors qu'il était moitié chèvre moitié on ne sait trop quoi d'inavouable. Bref le jour mon père faisait comme tous les autres épiciers de France, il arnaquait huit heures durant pour quelques dizaines de francs. Mais il y avait une différence essentielle entre mon père et la plupart des autres épiciers de France, lui se remplissait outrageusement les poches pendant que ses confrères dormaient, et donc le matin venu, lesté de plusieurs centaines de milliers de francs, il pouvait sourire à sa clientèle avant de lui avoir volé le moindre sou.
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Oui, désormais c’était dans nos coeurs qu’allait se livrer un combat terrible à l’issue malheureusement certaine et qui laisserait les survivants exsangues (et moi je suis un de ces survivants et j’écris ce livre pour être comme si j’étais à côté d’elle et comme si j’étais à côté de lui, parce que je les aime tous les jours un peu plus et que j’ai besoin de le dire et de l’écrire, et que ligne après ligne, page après page, exorcisant le malheur en racontant leur belle histoire d’amour, je sens que je suis en train de devenir l’écrivain que je rêvais d’être, et je crois que c’est un merveilleux cadeau que je me fais et que je leur fais).
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