[ Incipit ]
Il y a un silence qui s'appelle la mort il fait peur à ceux qui comme moi s'étourdissent de mots j'aimerais ne plus avoir peur de la mort et surtout ne plus y penser comme à une solution j'ai beaucoup vécu dans la mort j'en ai beaucoup parlé, je l'ai brandie, je la brandis encore telle une réponse voire une sorte de philosophie mais je ne me trouve pas sincère sinon je serais déjà mort.
Ça voudrait dire que je joue avec une menace que je me fais peur et que je fais peur aux autres à ceux que j'aime avec la peur qui m'a frappé jadis ?
En conséquence
écrire comme l'exécution de la peine capitale : pour trancher une bonne fois pour toutes le mal.
Aucun préjudice n'en découlera ? car je suis moi en moi tourné vers la lumière à laquelle je crois ?
Je m'excuse
acceptez toutes mes excuses.
Si j'ai tenu à m'excuser une fois pour toutes c'est parce que je passe mes journées et ma vie à m'excuser et mes nuits je m'excuse sans cesse je m'excuse tant et tant que ça ne peut que vouloir dire que je m'excuse de vivre il m'est arrivé de penser par rapport à mes excuses perpétuelles qu'elles cachaient une sorte de violence [...]
L'an 2000 s'approche et nous ne savons rien de ce qui vient mais nous savons ce que nous voulons aimer celle qu'on aime par exemple profiter de sa chaleur attendre avec elle la nuit et s'aimer et attendre le jour et essayer de le saluer et essayer de saluer celle qu'on aime et essayer de ne pas céder à l'inertie et à l'habitude louer le présent et vivre au présent au fond je crois que c'est tout simplement prier au présent et faire comme les fleurs qui se tournent vers le jour et prier profiter des heures avec elle comme un homme saint égrène un chapelet et inventer si possible tous les jours un nouveau vers tous les jours la regarder comme le premier jour écouter proposer surprendre jouer et faire ces projets que l'on faisait jadis à notre aube des petits projets une heure ensemble une nuit ensemble en vérité c'est ça l'amour de petites demandes mais qui résonnent en nous comme les cris des grandes œuvres et !
Il y a un silence qui s'appelle la mort il fait peur à ceux qui comme moi s'étourdissent de mots j'aimerais ne plus avoir peur de la mort et surtout ne plus y penser comme à une solution j'ai beaucoup vécu dans la mort j'en ai beaucoup parlé je l'ai brandie je la brandis encore telle une réponse voire une sorte de philosophie mais je me trouve pas sincère sinon je serais déjà mort.
Ca voudrait dire que je joue avec une menace que je me fais peur et que je fais peur aux autres à ceux que j'aime avec la peur qui m'a frappé jadis ?
En conséquence
écrire comme l'exécution de la peine capitale : pour trancher une bonne fois pour toutes le mal. (p. 7)
[...] et je pleure mais ce n'est pas la première fois ça fait du bien de toute façon et pardonner à l'autre c'est d'abord se pardonner n'est-ce-pas ? dans mon cœur et sous ma peau j'ai écrit ma vie folle dans mon cerveau j'ai écrit ma vie folle j'ai écrit ma vie folle dans mes peines dans mes amours dans tout ce que j'ai fait et les mots proposent leurs fins et la sagesse c'est d'écouter et de comprendre.
La nuit persiste la nuit est longue l'étoile du berger pourtant est là tous les soirs mais le berger a disparu et je suis l'agneau qui bêle pour l'appeler mais non ça ne sert à rien ! La solitude est immense et l'abandon est immense et je me couche comme un père qui va se suicider tous les soirs je me couche comme un homme détruit et j'attends et les nuits passent et on destin est de regarder passer le temps parce que je suis sans force et sans prise et je suis le témoin pour toujours d'un échec humain et aucune catastrophe ne soulève autant d'échos sinistres de secousses immondes que la laide éruption froide d'une langue bleue sortant d'une bouche qui vivait il y a une heure encore.
Richard Morgiève - Famille, je vous hais