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EAN : 9782072883194
496 pages
Gallimard (15/10/2020)
3.39/5   134 notes
Résumé :
1954, USA : alors qu 'il fait sa tournée de nuit à la première neige, sur les hauts plateaux désertiques du comté de Garfield, dans l'Utah, le shérif Nick Corey découvre une voiture abandonnée. Au même moment, il voit atterrir un chasseur Sabre, sans aucune lumière. Et sans pilote. C'est le branle-bas de combat. L'armée et le FBI sont sur les dents. Quant à Corey, il se retrouve confronté à son propre passé : le tueur en série qui a assassiné ses parents et gâché sa... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (35) Voir plus Ajouter une critique
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Nick Corey est un drôle de zigue : de loin, on dirait un péquenaud, brave shérif d'une petite ville de ploucs de l'Utah. Mais de près, de très près, c'est un type hyper-futé et cultivé, tourmenté, hanté par le souvenir de son Papa et de sa Maman. En cette année 1954, où ses concitoyens voient des soucoupes volantes et des communistes partout, il doit gérer l'atterrissage d'un avion de chasse sans pilote sur le territoire de son comté, et simultanément enquêter sur une série d'événements étranges qui mettent en émoi la paisible bourgade.

Oh là là, quelle histoire ! Passé les premières pages qui plantent le décor trompeusement azimuté d'un polar à la Jim Thompson, on plonge dans la noirceur la plus totale. J'ai rarement lu quelque chose d'aussi désespéré et enragé. Richard Morgiève entrecroise deux énigmes, traversées par une histoire d'amour bouleversante, ponctuées de violence, et serties de sentences telle que : "Vivre pouvait être une expérience incroyable, quelle importance qu'elle soit inutile ?".
On n'est donc pas dans un feel-good, mais dans un western du XXe siècle, avec ses tartes aux pommes, sa galerie de personnages cintrés, ses bibles et ses flingues. Et puis le Mal absolu, que va affronter Corey dans un duel sans pitié tout au long de ce roman perturbant, haletant, hypnotisant, éblouissant, dont je suis sortie hébétée, comme on sort d'un cauchemar migraineux et moite.
Parce que Richard Morgiève nous travaille au corps et à l'âme comme un boxeur, sans répit, avec son style nonchalant émaillé de termes alambiqués, et sa philosophie de la vie d'une mélancolique lucidité. Sans doute faut-il aimer souffrir un peu pour persévérer dans une telle lecture, mais la volupté qu'on en retire justifie que l'on se cogne aux chapitres saccadés et que l'on s'écorche aux mots mauvais, ceux qu'on ne veut pas lire.

Alors même si ça pique et laisse groggy, j'ai énormément aimé. J'en redemande même, et je ne vais pas lâcher Richard Morgiève de sitôt. Et si vous aimez vous bousculer de temps en temps, je vous invite à découvrir ce roman qui ne vous lâchera pas (quel pied, quand même !).
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Merci aux éditions Joëlle Losfeld et à Babelio pour l'envoi de ce livre.

Si vous lisez mes chroniques de temps en temps, vous avez sans doute remarqué mon penchant pour les livres où l'auteur me prête quelques facultés intellectuelles et évite de m'expliquer tout par le menu. J'aime bien les blancs entre les lignes, les sous-entendus, les ellipses, les métaphores, les révélations au compte-gouttes.

Ici, Richard Morgiève a dû me voir venir parce que, du blanc, j'en ai eu dans les 150 premières pages, jusqu'à l'aveuglement même !

Je me suis un peu paumée en 1954 dans cette région de l'Utah (enfin, je crois) où, sur un plateau blanc de neige (nous y voilà !), un avion militaire recouvert de suie a atterri sans pilote par une nuit noire à côté d'une voiture verte volée et sous les yeux du shérif Peau Rouge de service.

Et c'est bien ce shérif, ses états d'âme, ses cauchemars, ses moeurs, ses principes, ses cadavres dans le placard et sur sa route, les nombreux blancs de son existence que le narrateur à l'humour parfois un peu lourd va tenter de nous faire aimer tout au long du récit.

Au fil des pages, le portrait de ce shérif, perdu autant que moi dans sa double enquête de menace nucléaire et de tueur en série s'est étoffé petit à petit. Hélas ! le blanc s'est finalement transformé en noir sale. Là où chez Benjamin Whitmer, les gros mots sonnent comme de la poésie, dans le Cherokee, les métaphores graveleuses du narrateur m'ont agacée, fatiguée. Pire ! J'ai cessé de m'arrêter aux nombreuses phrases nébuleuses du style « il y a une histoire que tout le monde connaissait, c'était celle du gars qui cherchait le nom de son histoire – et les gars et les histoires tenaient debout par leur nom ». Pfiou ! C'est comme souquer les artémuzes, ça veut rien dire ! Ou alors ça m'échappe …. mes excuses.

Dommage, parce que, s'il y a bien un domaine dans lequel l'auteur m'a conquise, c'est dans l'art du dialogue (toujours avec des blancs hein ^^, faut suivre !) et dans la création de personnages bien trempés dont la palme revient à Myrtle Tate (sa description m'a fait rire aux larmes).

En conclusion, un arrière-goût de Canada Dry en lieu et place du Whiskey espéré. Mais c'est bien connu, les goûts et les couleurs ….



Lien : https://belettedusud.wixsite..
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Ouille, ouille, ouille ! Voilà le résumé exact de ma lecture…

Ne le répétez à personne, mais j'ai eu toutes les difficultés du monde à entrer dans ce récit, à m'y retrouver, à ne pas y perdre pied.

Et vous savez quoi ? Ben malgré tous mes efforts, je m'y suis perdue, je n'ai rien compris, je me suis paumée, j'ai perdu pied, je me suis noyée dans cette écriture étrange et pour finir, j'ai rangé ce roman dans la biblio, sans même aller lire la fin, comme je fais toujours face à un abandon par K.O littéraire.

La plume de l'auteur ne m'a pas emballé du tout, que du contraire, ce fut rébarbatif. le personnage principal du shérif Nick Corey (qui porte le même nom que celui dans "Pottsville, 1280 habitants") m'a donné envie de prendre mes cliques et mes claques et d'aller voir ailleurs si son homonyme n'y traînait pas.

La quête obsessionnelle du shérif m'a gonflé tout doucement, à force d'en parler et je me pose toujours la question du bien fondé de certaines rencontres. Elles semblaient tomber comme un cheveu dans la soupe et je n'ai pas bien suivi.

D'ailleurs, malheureusement, j'ai abandonné mes questionnements en cours de route et je suis passée à autre chose.

Ces derniers temps, ou je foire totalement mes lectures ou ce sont des réussites totales, mais pas d'entre deux. Tout ou rien.

Ici, ce n'était rien et c'est dommage, car j'avais sélectionné ce roman dès sa sortie, dans le but de passer un bon moment littéraire. Loupé…
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Pour bien aborder ce roman, il faut resituer l'action dans le temps.
Nous sommes dans l'Utah en 1954.
Moins de dix ans auparavant, les Etats-Unis ont lâché leurs bombes nucléaires sur Hiroshima et Nagasaki.
La guerre de Corée vient de s'achever et nous sommes en pleine guerre froide, principalement avec la Russie, à l'époque URSS.
Ce philosophe français si laid disait que l'enfer c'était les autres. Les Marines, eux, disaient que l'enfer c'était à Guadalcanal et Nick Corey, lui, pensait que l'enfer c'était tout le temps.
L'Après-Guerre de la seconde guerre mondiale voit l'explosion de l'industrialisation, l'utilisation de minerais comme l'Uranium, le Mercure, le Chrome. C'est aussi le début des révolutions technologiques, l'expansion des mégalopoles et l'appauvrissement des zones rurales.
Les hommes naissaient pour faillir, tomber. Ils naissaient pour fauter, pécher, trahir. Polluer, souiller la terre, les eaux, le ciel et eux-mêmes. Et au fond, c'était la seule possibilité de transformation et d'évolution de l'homme : il dégradait et corrompait pour avancer.
Depuis sept ans, les USA sont terrorisés par les extra-terrestres soi-disant découverts à Roswell au Nouveau-Mexique.
C'est donc dans cet environnement, en plein Utah, que Richard Morgiève place son intrigue et son extraordinaire personnage de Nick Corey.
Nick est le shérif d'une petite bourgade, hanté par le meurtre de ses parents adoptifs quelques années auparavant.
Alors qu'il effectue sa ronde de nuit, un avion de chasse américain s'écrase non loin alors qu'il vient de découvrir un véhicule abandonné sur le bord de la route. Arrivé sur les lieux, pas de pilote et d'étranges traces sur les roues et la carlingue.
L'armée et le FBI débarquent sans plus tarder alors que Nick découvre la piste de l'assassin de ses parents, comme un jeu dans lequel l'entraîne « le Dindon », ainsi qu'il a surnommé le tueur. Jack White, agent spécial, va mener l'enquête sur cet avion de chasse et offrir à Nick des réponses à sa quête d'identité.
Parce que ce polar c'est aussi, et peut-être surtout, une quête. Pas seulement une quête d'identité, bien que Nick ait un besoin viscéral de connaître ses origines, qu'il sait indiennes : Cherokee, Apache ? Peu importe, il traque comme un indien. Il recherche ses racines tant au niveau du sang qu'au niveau de l'environnement. Richard Morgiève décline là un discours écologique et tente de montrer l'effet néfaste de l'homme sur son environnement et les différentes espèces avec qui il le partage.
Nous sommes morts et nous sommes nés, tout ça en vain, car nous avons acheté et accumulé des choses et les choses nous ont possédés.
C'est également une quête de soi puisque Corey va réaliser et assumer son homosexualité et son amour pour Jack, dans une époque où il était encore plus compliqué qu'aujourd'hui d'être soi, tout simplement.
C'est enfin une quête de vérité par cette enquête construite comme un jeu de piste à rebours.
Le style et le ton du roman est très original et si juste qu'on aurait tendance à vouloir en reproduire des pages et des pages pour montrer tout le talent de narrateur de l'auteur.
Les écrivains n'étaient rien que des gens mal dans leur peau avec des boutons et des petites bites. Ils essayaient de sortir de leur misère en racontant des histoires. Les histoires servaient à croire. Tout le monde voulait croire. La Bible, ce n'était qu'un ramassis d'histoires invraisemblables. Pourtant on y croyait ou avait besoin d'y croire. On avait besoin tout le temps d'histoires, tout le temps. […] Il fallait raconter des histoires et éviter de s'en raconter. Il fallait raconter des histoires aux gens, les écrivains l'avaient bien compris. Leur raconter des histoires pour les inquiéter, les distraire, détourner leur attention ou les prévenir qu'ils allaient se coincer les doigts dans la porte.
C'est un polar très sombre et qui a le charme désuet des années 50 et il vous sera difficile de rester insensible à certaines scènes tant elles sont poignantes, tragiques et belles à la fois.
Pour ma part, j'ai été touchée par Nick Corey, envoutée par cette intrigue.

Lien : http://www.evadez-moi.com/ar..
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1954 aux Etats-Unis. le flic Nick Corey, indien elevé par un pasteur blanc et son épouse, a perdu ses parents, massacrés par un tueur en série.

Il traque ce meurtrier depuis plus de 20 ans, entre détermination et culpabilité Alors qu'il pense être pas loin de le trouver un avion de chasse américain s'écrase non loin, mais disparait, Corey ne trouvant qu'un véhicule à coté de lui A qui appartient cette voiture ? Où est passé le pilote de l'avion ?

Avec l'aide du F.B.I, et de l'agent spécial White, appelé en renfort, Nick va tenter de résoudre cette enquête qui pourrait bien l'amener sur les traces du meurtrier de ses parents.

Mais Nick, qui a du mal à assumer son homosexualité en cette période compliquée, ne va pas rester insensible aux charmes de l'agent White

le Cherokee embarque le lecteur dans une histoire de vengeance et de mort où culpabilité, désir , quête éperdue de vérité et de pardon se joignent et plongent ce shérif dans des tourments existentiels complexes .

Passé les 50 premières pages un peu déconcertantes, on est vraiment pris par ce un roman noir hypnotique et vraiment exaltant, aux dialogues d'une grande justesse .

Richard Morgiève, auteur français fan de la littérature noire anglo saxonne exploite pleinement les codes du polar US pour offrir un polar vraiment à l'américaine !!
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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critiques presse (4)
Lexpress
07 mai 2019
Dialogues savoureux, rythme haletant, héros torturé et attachant au sein d'un univers violent... Le décor est planté !
Lire la critique sur le site : Lexpress
Liberation
25 mars 2019
L’intrigue donc se déploie en pleine psychose post-Roswell. Soucoupes volantes et petits hommes verts, on ne sait pas. Mais les ovnis littéraires, ça, en revanche, ça existe. Ce livre inclassable et irrésistible le prouve.
Lire la critique sur le site : Liberation
LaCroix
01 février 2019
Le Français Richard Morgiève signe un époustouflant polar américain où scintillent un humour ravageur et l’éclat d’une tendresse inouïe.
Lire la critique sur le site : LaCroix
LeMonde
17 janvier 2019
Dans Le Cherokee, un shérif orphelin traque l’assassin de ses parents dans l’Amérique des « fifties ». Entre le western et le polar gore, Richard Morgiève livre un roman d’une noirceur et d’une tendresse éblouissantes.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (54) Voir plus Ajouter une citation
- Vous connaissez l'histoire du gars qui avait le seul marronnier jaune du pays ? a dit corey.
-Non, m'sieur.
Elle en avait rien à cirer, entre les mains au cul et les blagues de cul, les bonshommes, elle les classait comme espèce à éviter.
-Eh bien, a conclu Corey, il l'a coupé parce qu'il lui faisait de l'ombre.
La serveuse a fait semblant de se marrer, elle est repartie. Corey a dégusté sa bière. Il avait de la mousse sur la lèvre supérieure. La preuve que la vie était une saleté, tout continuait : la mousse, les frites et les histoires.
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En haut du col silencieux, le 28 septembre 1954 — voilà comment on pouvait démarrer l’histoire. Corey a croisé le regard de Jack White qui lui a montré un bouquet de trembles.
— Vous connaissez le nom de ces arbres, a-t-il dit, et le goût de la terre et celui de la bière faite à la maison. Du whisky distillé de nuit dans la montagne, le goût du miel et des fruits sauvages… Vous connaissez tout ça… Vous n’avez pas peur de la mort. Vous aimez les hauts plateaux, la forêt. Vous aimez tremper les pieds dans l’eau d’une rigole d’eau glacée qui descend des neiges au printemps, je le sais, non, je le sens… Vous êtes une sorte de double, Nick, c’est étrange.
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Il y avait si peu de citoyens dans le comté de Garfield qu'il n'y avait pas de crimes, parfois un bonhomme se suicidait. Toujours d'une balle dans la tête et toujours avec du gros calibre si bien qu'on les enterrait sans tête.
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Les tueurs en série étaient des hommes du monde dit moderne, ce monde qui en réalité fonçait vers la fin. Les tueurs en série niaient la nature, c'était des hommes urbains.
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La règle d’or d’un enquêteur, c’était de ne pas prendre les triangles rectangles pour des guitares. Aucun homme ne tenait en quelques lignes d’une quelconque page. La vie était bien plus compliquée que les hommes blancs voulaient bien le dire. Le monde n’était pas ce qu’on disait qu’il était. On avait voulu le faire tenir avec les lois physiques — dites physiques. C’était bidon. Les lignes droites n’existaient que sur les feuilles de papier. Il n’y avait pas de ligne droite dans l’espace — le hasard était le tout.
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