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Critique de MarcelineBodier


Un petit homme de dos, c'est Belle du seigneur, en version populaire et dans les années quarante, mais avec autant de magnétisme, de passion, et avec la même idée de construction qui fait monter les personnages très haut avant de redescendre très bas. Ce n'est pas un pavé : il se lit beaucoup plus vite que le livre d'Albert Cohen, mais il donne la même impression d'avoir vécu par procuration une histoire d'amour fou.

C'est Belle du seigneur, mais c'est aussi le livre de ma mère (il faudrait ajouter « et de mon père... », mais je force le trait pour rester chez Albert Cohen), car le narrateur est le fils des protagonistes, qui leur a écrit une ode d'amour filial. le fils, c'est Mietta (et ce prénom est lourd de sens), qui parle de sa naissance et de son enfance à la troisième personne ; mais il dit aussi « je », « mon » père, « ma » mère, lorsque c'est le narrateur adulte qui partage son interprétation de l'histoire de ses parents. Je crois que je n'ai jamais rencontré ce choix narratif dédoublé pour mêler immersion dans les souvenirs et distance adulte ; mais je crois aussi que cela participe à l'impression enthousiasmante que produit le livre : en effet, on comprend qu'il est très difficile de trouver la juste distance pour parler d'événements qui, même une fois la vie passée, restent terriblement douloureux tout en suscitant une folle envie de les faire revivre et de les fixer.

Sans doute ce choix narratif est-il aussi la traduction de l'ambivalence que ressent le fils envers ses parents. Car le roman est aussi traversé par sa quête des origines. Au sortir de la seconde guerre mondiale, la population était partagée entre ceux qui avaient été du bon côté et les autres. le père du narrateur n'a peut-être pas été du bon côté... à moins que si, il l'ait été ; peut-être même que ce sont avec des origines juives polonaises qu'il a dû composer pour survivre pendant le troisième Reich. Ces origines, il les a toujours niées, mais ce sont elles que le fils interroge et recherche en reconstituant l'histoire de ses parents même bien avant sa naissance.

La dernière phrase du livre est en quatrième de couverture, et c'est bien dommage car c'est aussi la plus belle et la plus bouleversante. Mais pour l'apprécier pleinement et sentir les larmes monter en la lisant, il faut avoir lu toute l'histoire, avoir vibré avec les personnages et vécu avec le fils. Lisez-la !
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