Le progrès technique t matériel s'accompagne d'une régression intellectuelle et morale.
Nous nous croyons libres de choisir, en réalité notre liberté est confisquée.
La civilisation moderne est esclavagiste. Les exemples ne manquent pas. Nous consacrons une immense partie de notre vie à percevoir un salaire. Oui, notre vie contre une rémunération. " Je te donne ma vie, tu me verse un salaire " ; or notre existence n'est-elle pas plus précieuse qu'un salaire ?
Cessons d'apostropher un jeune garçon en peine par un " Ne pleure plus. On dirait une fille !" L'enjeu sous-jacent est d'apprendre à accepter que l'on est fragile. Et, surtout, que la fragilité est vertueuse parce qu'elle nous révèle notre vulnérabilité.
La modernité a libéré le langage, mais nos corps et nos consciences n'ont jamais été autant embastillés.
La solidarité et la générosité "vraies" n'attendent aucune contrepartie.
Dès lors, plus je prends de l'âge, plus je me dis: "Ne perds pas de temps, agis le plus possible et profite de la vie." Mais attention : profiter de la vie ne signifie pas faire du profit de la vie ! Il s'agit de mettre le temps de vie au profit de cette intelligence et de cet amour. C'est là bien plus qu'une croyance : une certitude.
La démocratie réveillée considère, répare, mais aussi honore ce qui est intrinsèque à l'intensité de toute existence : la fragilité, "trésor" de l'âme.
"L'homme n'est pas "que" le voleur et destructeur du bien commun qu'est la planète vivante : il en est l'assassin", se désespère Pierre.
Quel confort, mais aussi quelle lâcheté et quelle déraison de succomber à la tentation de la cécité.