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Citations sur La méthode, tome 4 : Les idées, leur habitat, leur vie, l.. (11)

Ce n'est pas seulement la pensée critique qui est féconde, mais aussi la pensée crisique, née de la crise et plongeant dans la crise. Peut-être est-ce la crise qui, tout en risquant de les détruire, féconde la pensée et la critique, et l'histoire de la pensée européenne peut être vue comme l'effort incessant de répondre à une crise des fondements toujours renouvelée, crise issue de la grande problématisation de Dieu, du monde, de la nature, de l'homme, que la Renaissance a fait jaillir.
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(...) le spécialiste récuse les idées générales parce qu'il les croit nécessairement creuses. Mais la récusation des idées générales est la plus creuse des idées générales : nul ne peut se passer d'idées sur l'univers, la vie, la politique, l'amour. Finalement, loin de réduire les idées générales creuses, le règne des spécialistes les accroit.
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(...) au sommet de la compétence cognitive, trône non tant "le professionnel" qui exerce avec conscience et expérience son métier, mais "l'expert", dont la déraison principale est de ne pouvoir connaître la déraison humaine. Le propre du savoir de l'expert est non seulement de méconnaître ce qui échappe au calcul, c'est aussi d'ignorer les interactions entre les champs parcellaires de la connaissance spécialisée, et d'être incapable de répondre au défi de l'évènement imprévu, puisque son expérience est vouée à résoudre les problèmes qui se posent en termes déjà connus. Malheureusement pour lui et surtout pour nous, nous devons à chaque moment important affronter la passion et l'Ubris, nous sommes confrontés à l'irruption continuelle du nouveau et nous devons de plus en plus situer tout problème partiel dans l'ensemble dont il dépend.
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L'idée de reproduction est une idée d'origine biologique qui ne saurait être assénée comme une évidence sociologique. Pour devenir sociologique, elle doit être élucidée et reconceptualisée et, à la différence de la reproduction génétique, comporter en elle, en ce qui concerne nos sociétés modernes, l'union de l'invariance et de la variance.
C'est dire par conséquent que la société ne saurait, pas plus que l'individu, être considérée comme une machine triviale (mécaniquement déterministe), bien que la société impose ses contraintes et déterminations aux individus, et bien que les individus humains les subissent et y obéissent dans la plupart des cas. En effet, à la différence de la machine triviale dont on peut prédire les output à partir des input, les processus reproductifs n'entretiennent pas immanquablement l'invariance, les causes sociales ne produisent pas toujours immanquablement leurs effets prédictibles, les normes ne sont pas toujours immanquablement obéies. Il y a certes de formidables processus de trivialisation qui sont en oeuvre sur/contre les individus, mais il y a aussi, à partir des indéterminations, polydéterminations, déviances, les autonomies, innovations et créations individuelles, les développements nouveaux qui finissent par ruiner la culture dont ils sont issus.
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(...) les études d'ethnographie des laboratoires nous montrent comment s'établit le "crédit" des chercheurs en fonction de leur position ou statut, les luttes pour la reconnaissance, le prestige ou la gloire, les négociations nécessaires à l'établissement d'une preuve, les rites d'initiation dans la recherche et l'université. Mais on ne peut réduire l'intérêt scientifique à l'intérêt économique, la volonté de recherche à la volonté de prestige, la soif de connaître à la soif de pouvoir. Cela peut être vrai pour certains, partiellement vrai pour beaucoup, et doit être intégré dans une sociologie complexe de la science. Mais cela ne doit pas masquer ou annuler l'originalité complexe de la communauté/société que constituent les scientifiques, ni les idées fixes, obsessions intellectuelles, "themata", qui animent ou égarent leur quête spécifique de vérité objective. En fait, il y a, dans la motivation scientifique, un complexe variable et instable d'intérêt/désintérêt, où les recherches de vérité, objectivité, élucidation sont parties intégrantes. Aussi l'aveuglement sur tout ce qui n'est pas ambitions, intérêts et vanités nous éclaire seulement sur les motivations et les comportements des aveugleurs.
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Les idéologies ont une espérance de vie plus grandes que les humains. Leur biodégradabilité est plus grande que celle des dieux, mais certaines peuvent vivre plusieurs siècles. Celles qui se prétendent "scientifiques" et assurent réaliser sur Terre leur promesse de Salut, comme le marxisme stalinien, sont finalement fragiles après leur victoire, qui est en même temps leur échec. Toutefois, le marxisme stalinien a été capable de posséder l'esprit de très grands scientifiques, où il a pu refouler pendant des dizaines d'années, comme autant d'"ignobles calomnies", les preuves multipliées et accumulées de son mensonge. C'est dire la force des idéologies, face au réel et contre lui. Les faits sont têtus disait Lénine. Les idées sont encore plus têtues, et les faits se brisent sur elles plus souvent qu'elles ne se brisent sur eux.
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La virulence d'une idéologie peut devenir extrême. L'idéologie, rappelons-le, a toujours une force motrice qui tient à sa forte charge mythologique et à son caractère politique, c'est-à-dire praxique au sein de la cité. Dès lors les idéologies possèdent et asservissent les humains comme le faisaient les dieux. Certes, les humains en retirent en échange des satisfactions psychiques : ils possèdent la vérité dont ils sont possédés, ils maîtrisent l'univers par idéologie interposée, ils jouissent en de véritables coïts psychologiques de la répétition de leurs themata obsessionnels, lesquels fournissent à la doctrine son érotisme envoûtant. Alors, les humains sont capables de vivre et mourir pour l'idée.
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La profondeur mythologique du marxisme est d'autant plus grande que celui-ci s'est approprié tous les grands mythes qui se sont formés au sein des idéologies modernes : ainsi en prétendant s'approprier la rationalité, il s'approprie le mythe de la raison providentielle et souveraine ; en prétendant s'approprier la scientificité, il s'approprie les mythes scientistes de la possession de la vérité et de la mission émancipatrice de la science, à quoi il ajoute son propre mythe, la possession "scientifique" des lois de l'histoire. En se vouant aux intérêts universels de l'humanité, il s'approprie le droit de guider l'humanité ; en se faisant le serviteur du peuple souverain, il s'approprie la souveraineté sur le peuple. En créant le mythe du prolétariat, messie sauveur dont le supplice va régénérer le monde, il s'approprie, avec le mythe du salut et la mission du messie prolétarien, les énergies religieuses du judéo-christianisme, et il s'approprie tous les droits sur le prolétariat et l'histoire mondiale. Ainsi, unies dans le marxisme comme dispersées hors du marxisme, les mythologies de la raison, de la science, du développement, du salut on déferlé sur le XXème siècle, l'ont bouleversé et transformé.
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Tous les principes et constituants de la science classique nourissent et fortifient une vision du monde d'ordre, d'unité, de simplicité constituant la vraie réalité cachée derrière les apparences de confusion, pluralités, complexités. Or, cette vision mécaniste, matérialiste, déterministe satisfait en fait des aspirations religieuses : le besoin de certitude, la volonté d'inscrire dans le monde lui-même la perfection et l'harmonie perdues avec l'expulsion de Dieu...
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L'humanité n'a pas souffert d'insuffisance d'amour. Elle a produit des excès d'amour qui se sont précipités sur les dieux, les idoles et les idées, et sont revenus sur les humains, transmutés en intolérance et terreur. Tant d'amour et tant de fraternité égarés, perdus, trompés, dénaturés, pourris, durcis ! Tant d'amour et de fraternité qui ont nourri les êtres d'esprit, tandis que les êtres humains en crevaient de manque ! Tant d'amour englouti dans la si souvent implacable religion d'amour, et tant de fraternité engloutie dans la si souvent impitoyable idéologie de la fraternité !
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