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Critique de DOMS


Nous sommes quinze ans après la bombe, quinze ans après l'horreur. Une partie importante de la ville d'Hiroshima a été détruite, de nouveaux quartiers sortent de terre pour abriter les nouveaux venus, qui, arrivant d'autres régions du Japon, n'ont pas subi l'horreur et vont repeupler la ville fantôme. Mais à Hiroshima, il y a aussi les survivants, les rescapés, pas ou peu touchés, en apparence du moins, par les radiations dont les dégâts, même des années après l'explosion et les radiations, sont irréversibles et bien souvent mortels.
Yuka a survécu avec sa jeune soeur à l'horreur de la bombe, mais sa famille a péri. Mariée à Fumio, ils ont deux enfants. Yuka tente par tous les moyens de vivre, normalement, de profiter de chaque instant de bonheur, de vie, de joie, de la beauté de la fleur blanche que l'on cueille dans son jardin, de la tasse de thé que l'on boit en contemplant la nature, des bavardages animés que l'on a au bain avec les voisines. Dans ce pays où le poids des traditions et le respect des anciens passe avant tout, la vie et surtout le bonheur individuel ont peu de chance de s'épanouir.
Sam-san est un jeune américain envoyé à Hiroshima par son entreprise, il ne veut pas loger dans les hôtels impersonnels et préfère être hébergé chez l'habitant. Côtoyer un jeune homme d'une culture aussi différente, sans rien laisser paraitre de ses propres sentiments, voilà ce que veut la tradition, ce que va faire Yuka, jusqu'au moment où il est bien évidement indispensable de dire, de montrer, de faire comprendre à cet étranger devenu ami, pour que lui aussi, à son tour, comprenne et ressente le poids de cette horreur qui a transformé leur vie, qui fait que plus rien, jamais ne pourra être comme avant, léger et beau comme les fleurs de cerisier au printemps.
Alors bien sûr, nous avons tous entendu parler d'Hiroshima, de la bombe, des morts, et vu au moins une fois la photo de cette petite fille qui court, nue, pour fuir la mort. Dans « les fleurs d'Hiroshima », Edita Morris donne vie et corps aux survivants, à tous ceux qui, même si elle ne s'est pas arrêtée ce jour-là, ont vu leur vie irrémédiablement transformée, anéantie, leur normalité remise en question. Et qui pourtant ont assez de force et de courage pour continuer à vivre avec cette apparence de normalité essentielle à l'équilibre des hommes.

Sans la réédition par J'ai Lu du court roman d'Edita Morris « Les fleurs d'Hiroshima », je ne l'aurai certainement pas lu, et cela aurait été bien dommage. J'avais lu il y a quelques mois « 86, année blanche », de Lucile Bordes (Liana Levi) qui évoque Tchernobyl, et l'an passé le très puissant roman « l'expérience » de Christophe Bataille, qui évoque les essais nucléaires en Algérie. « Les fleurs d'Hiroshima » complète ma vision de l'après, celle des hommes qui ont vécu, souffert, et souvent ont tu ce qu'il s'était passé. le roman d'Edita Morris est court et terrible, puissant et émouvant, un roman comme un appel, qui bouleverse et questionne, une lecture indispensable.

Lien : https://domiclire.wordpress...
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