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Yanick Paquette (Illustrateur)
EAN : 9781779502070
136 pages
DC Comics (09/03/2021)
5/5   1 notes
Résumé :
The epic conclusion to the New York Times bestselling original graphic novel series from superstar and critically acclaimed duo Grant Morrison and Yanick Paquette is here!

Diana, now queen of the Amazons, must assemble the disparate Amazonian tribes for the first time in a millennium. Max Lord's assault on Paradise Island with his destructive A.R.E.S. armors is on the horizon, and in order to weather the war that is coming, Wonder Woman will need the ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ce tome fait suite à Wonder Woman - Terre-Un, tome 2 (2018) qu'il faut avoir lu avant. Il faut avoir commencé par le premier tome car il s'agit d'une histoire sous forme de trilogie. La première édition date de 2021, sans prépublication mensuelle. L'équipe créatrice reste identique à celle des deux premiers tomes : scénario de Grant Morrison, dessins et encrage de Yanick Paquette, mise en couleurs de Nathan Fairbairn. le tome se termine avec 9 pages d'études graphiques.

Mille ans dans le futur, à Harmonia, la capitale mondiale, une commentatrice évoque les principales nouvelles diffusées par des haut-parleurs sur la grand-place. Les forces de l'ordre sont toujours à la recherche d'Arda Moore, la dominatrice élue. Elle aurait disparu alors qu'elle était en route pour la planète Infanta pour des négociations sur un traité commercial. le parti Masculin du professeur Garrett Manly continue d'accuser le gouvernement mondial d'androphobie. Les festivités vont débuter à Harmonie, mille ans après que les femmes ont donné naissance au futur tel qu'il existe maintenant. Il y a mille ans, les femmes ont construit sur les ruines laissées par les cruelles prédations commises par la patriarchie. Il y a mille ans les femmes ont fondé la république mondiale de l'Harmonie. Sous le matronnage d'Aphrodite et d'Athéna, au nom de la beauté et de la sagesse, Harmonia est passée de l'état d'idée à celui de réalité, jusqu'à devenir le mode de vie que chacun s'est senti enjoint à faire sien. Il y a mille ans la dernière guerre des sexes a été menée, et elles ont gagné, comme chacun sait. Ça n'a jamais vraiment été une guerre, mais cette victoire a eu un coût. Cette commémoration évoque l'histoire des femmes de science, des philosopheuses, des doctoresses. Tout a commencé quand Hippolyta est morte.

Au temps présent, Nubia annonce que Hippolyta est décédée, avec Diana et Mala à ses côtés sur l'estrade. Elle rend hommage à cette reine qui les a délivrées du cruel esclavage d'Hercule, qui a si longtemps été leur boussole, qui était son amante, sa reine, sa soeur, son héroïne, son ami. Elle ajoute qu'elle vit éternellement dans sa fille, et annonce que Diana est la nouvelle reine, tout en mettant le feu au bûcher funéraire de Hippolyta. Quelque temps après, Diana se rend sur le monde d'Aphrodite, la planète Vénus, pour s'entretenir avec sa tante Desira. Elle souhaite en apprendre plus sur la manière dont les femmes ont instauré la paix sur leur planète. Desira évoque la domestication des hommes qui a permis de supprimer l'instinct de compétition et ils ont fini par embrasser la soumission à l'autorité aimante. Elle rappelle que leur planète est un monde parallèle à celui de Diana et que la divergence dans leur histoire respective s'est produite quand les amazones ont conquis la Grèce, puis l'Europe, il y a de cela trois milles ans. Pour prouver l'efficacité de leur mode de vie, elle fait amener Leon Zeiko devant Diana, mais malgré son conditionnement, celui-ci s'emporte. Après cet incident, Desira réitère sa promesse : les filles de Vénus seront à la disposition de Diana pour repousser toute tentative d'invasion de Themiscyra.

Dès la première page, le scénariste établit que le récit se situe dans le futur, et que les choses ont bien changé sur Terre, avec l'instauration d'un gouvernement mondial dont la forme ne fait aucun doute : une matriarchie bienveillante. Grant Morrison a donc tiré parti d'une trilogie indépendante de la continuité pour faire aboutir un la dynamique sous-jacente de cette héroïne. Themiscyra et son peuple d'amazones constituent une société harmonieuse, en paix, et égalitaire : il semble logique qu'elle soit étendue à toute la Terre. le lecteur suit donc deux lignes temporelles : celle du futur où le gouvernement de l'autorité aimante est une réalité, et celle contemporaine qui voit les amazones prendre le dessus sur le patriarcat. D'un côté, il ne prend pas ce récit au sérieux, parce que le scénariste continue d'intégrer des énormités avec parcimonie et discrétion, mais impossible à rater. le lecteur se retrouve impuissant à réprimer le sourire qui lui vient en voyant une géante armée d'un rouleau à pâtisserie en faire un usage brutal lors d'une bataille de grande envergure. Il pouffe de bon coeur quand Diana évoque la grève du sexe des femmes de Lysistrata. Il s'amuse de la provocation de l'auteur à donner le titre de Dominatrice à la présidente du gouvernement mondial. Dans un autre registre comique, un des juges du monde souterrain suggère à Diana de passer par un autre chemin parce que ça lui fera gagner dix minutes, un contraste tout en dérision par rapport à l'enjeu de Diana dans le monde des morts.

D'un autre côté, le scénariste sait se montrer incisif quand il étoffe le réquisitoire à charge de Diana et des amazones contre le patriarcat. La narration et l'humour tiennent à l'écart toute forme de prétention d'un réquisitoire féministe, tout en employant des arguments classiques et pertinents. L'idée sous-jacente consiste à faire apparaitre le point de vue des amazones, des femmes ayant fondé une société excluant les hommes, après s'être libérées de leurs violeurs : les amazones considèrent les tares de la société humaine sont donc à imputer aux hommes qui l'ont construite puisqu'ils ont cantonné les femmes à des rôles subalternes. de ce point de vue, c'est donc bien de leur faute si la société humaine est inégalitaire, et si la technologie masculine a donné naissance à des armes toujours plus sophistiquées et meurtrières comme les tanks, les missiles et les bombes. Pour aller de l'avant, une seule solution : exterminer les hommes, ou au moins le monde des hommes doit tomber. Bien évidemment, il ne s'agit pas d'éradiquer la population mâle, mais les réduire en esclavage n'est pas exclu puisque ça se pratique sur la Terre Vénus, et cette société est pacifiée, même s'il faut parfois effectuer des recyclages de rééducation pour certains mâles qui rechutent.

Les auteurs ne font donc pas semblant que ce sous-texte n'existe que dans la tête de quelques intellectuels avec trop de temps à tuer, mais avant tout, ils racontent une histoire divertissante. Une société d'amazones vit en paix, et dispose d'une technologie avancée. Finalement, le scénariste fournit quelques informations sur l'évolution de Themiscyra, mais cela n'a pas grande importance au regard de l'intrigue. D'un côté, les premières pages annoncent l'avènement d'une société matriarcale donc tout finit bien ; de l'autre côté, il reste du chemin à parcourir depuis le temps présent du récit. le lecteur est très vite rassuré sur le degré d'investissement de l'artiste : il a passé du temps sur chaque page, conçu des découpages très vivant, nourri ses décors, et soigné ses personnages. le spectacle est de très grande qualité : les costumes aussi bien des amazones que des civiles à Washington. le peuple de Themyscira s'avère plus varié que simplement des couleurs de peau différentes, avec les gigantas, les femmes tatouées, et quelques créatures mythologiques. Cette version d'Artemis en impose. Les femmes à aile de libellule volètent gracieusement, avec leurs ailes diaphanes. Les membres du parti viril font plus pitié que peur. C'est un plaisir de voir les Moires (Clotho, Lachésis, Atropos), et d'aller à la rencontre de Cerbère ou de Charon, Rhadamante, Éaque et Minos (le tribunal des morts).

Non seulement la distribution de personnages s'avère très fournie, mais en plus l'action transporte le lecteur en de nombreux endroits : de Themyscira à Washington en passant par Vénus et le monde souterrain. Là encore, l'artiste s'investit pour donner de la consistance à chaque site, chaque bâtiment, avec des visions magnifiques du palais de la reine Desira, de la clairière où Artemis accueille Diana, de la salle de commande de Maxwell Lord, ou encore de Themiscyra une fois ses moteurs à plein régime. L'enchantement visuel continue avec le jeu sur la bordure des cases dont la forme fait bien souvent écho au lieu ou aux personnages : par exemple en reprenant le motif des ailes diaphanes, celui de branchages, celui du cadre d'un miroir, ou encore de frises géométriques de la Grèce antique telles qu'il peut y en avoir sur des murs ou sur des vases. Paquette réalise également des pages très vivantes, pleines de bruit et de fureur pour les batailles, la première se déroulant sur 18 pages et la seconde sur 7 pages : à nouveau une narration visuelle conçue sur mesure, avec un sens impressionnant du mouvement, un passage obligé dans un comics de superhéros, sans pour autant donner l'impression de déjà-vu, ou de remplissage pour un quota de pages d'affrontements physiques.

Comme dans les tomes précédents, les auteurs intègrent de nombreux éléments de la mythologie du personnage, soit de manière évidente comme le dieu de la guerre, soit de manière plus discrète comme les gigantas, les kangas, ou encore l'origine de Troia. Une fois encore, Morrison fait la preuve de sa connaissance encyclopédique des aventures du personnage, sans en faire étalage, mais en piochant les éléments qui l'intéressent pour un hommage qui sait conserver l'esprit de l'original, en en adaptant la lettre à son propre récit. Au fur et à mesure que l'intrigue progresse, le lecteur constate que le discours est moins binaire qu'il n'y paraît. Ce n'est pas une bête guerre des sexes. C'est une condamnation du patriarcat dans ce qu'il a de plus oppresseur, tout en proposant une alternative, plus constructive, plus respectueuse, mais une autre forme de dictature malgré tout, avec une forme de totalitarisme par l'autorité de l'amour. À nouveau, les pointes d'humour font que le lecteur ne prend pas cette alternative au premier degré, ni comme les convictions intimes du scénariste, ni comme un programme politique viable. Il voit bien que ce qui a séduit Grant Morrison, c'est de pouvoir développer la logique d'une société matriarcale avancée, prenant les rênes du pouvoir et mettant un terme à la puissance destructrice des hommes qui s'applique aussi bien sur les femmes, que sur les hommes eux-mêmes. À l'opposé d'un pamphlet revendicatif, il s'agit d'un divertissement, d'une histoire de superhéros provoquant le lecteur pour l'amener à s'interroger sur une alternative.

Des différents projets estampillés Earth One, celui-ci est le plus ambitieux et le plus abouti. Les auteurs, les trois mêmes pour la trilogie, racontent une histoire complète. Ils se montrent respectueux du personnage et des intentions de son créateur, développant une version à la fois fidèle et personnelle d'un personnage complexe et dont il est difficile de conserver la cohérence comme guerrière de la paix. L'artiste a imaginé une personnalité visuelle pour la série, au travers des protagonistes, de leur apparence, et des lieux. Il les met en oeuvre dans des pages à la composition inventive, avec une narration fluide, et un niveau de détails élevé. le scénariste profite de la liberté offerte par cette collection hors continuité pour explorer la logique d'une société matriarcale décidant de pacifier le monde des hommes, et qui en a les ressources nécessaires. Cette trilogie constitue un excellent divertissement, un vrai récit de superhéros qui sait en éviter les poncifs, une aventure de la vraie Wonder Woman avec une approche aussi respectueuse qu'originale, une utopie matriarcale loin d'être bête, avec des touches d'humour provocateur et savoureux.
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