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Critique de Chaplum


Grace, à près de 100 ans, voit ses vieux souvenirs se raviver lorsque Ursula, une réalisatrice, lui écrit pour lui parler de son projet de film sur le suicide du poète Robbie Hunter dans la propriété de Riverton. Il n'en faut pas plus pour que Grace se retrouve projetée en 1914, lorsqu'elle a fait son entrée au service de la famille Hartford à Riverton, et qu'elle s'est attachée aux trois enfants : David, l'ainé, Hannah, quatorze ans comme elle et Emmeline, la plus jeune. A partir du jour où elle s'est faite leur complice pour qu'ils échappent à une leçon, elle est devenue de plus en plus proche de Hannah, jusqu'à un certain attachement implicite et silencieux, basé sur un quiproquo, secret à la source du malheur qui, insidieusement se frayera un chemin au point de semer la mort.

Grace, envahie par la culpabilité, préférera se lancer dans la vie à corps perdu, étudiant, vivant une vie d'universitaire qui l'éloignera de sa modeste condition de camériste jusqu'à cette année de 1999 où Ursula, involontairement, rouvre les vieilles blessures. Grace, qui sait que le temps lui est compté, décide de raconter la vérité sur les drames du passé à Marcus, son petit-fils, qui a lui-même choisi de prendre la fuite, après le décès de sa femme dont il se sent responsable. Alors elle enregistre son récit sur une cassette, en espérant soulager sa conscience et faire revenir Marcus.

Les brumes de Riverton est un roman qui m'a passionnée de bout en bout. J'avoue être très bon public pour ce genre de roman qui mêle secrets de famille, confession et ambiance anglaise des grandes familles du début du XXème siècle. Même si le récit peut souffrir de quelques imperfections, d'un peu d'eau de rose ou de trop de ressemblances avec d'autres oeuvres, j'avoue que tout cela ne m'a pas dérangé tant j'adore me plonger dans ces atmosphères qui, dès le départ, m'ont rappelée un de mes films favoris Gosford Park, avec d'un côté la vie des domestiques et de l'autre celle des aristocrates, qui ne se mélangent que peu et où chacun sait rester à sa place. le personnage de Hamilton, le majordome campe le chef de la domesticité, le plus respecté à la fois des autres employés mais aussi des maîtres. Toujours irréprochable, il veille à la bonne marche de la maison et garantit la respectabilité et la discrétion. Ce personnage ne peut que nous évoquer Monsieur Stevens, le majordome des Vestiges du jour de Kazuo Ishiguro, qui représentera à jamais, dans l'imaginaire collectif, le fervent attachement des domestiques de l'époque à leur maître.
La romancière s'est extrêmement bien documentée au sujet de l'époque, des habitations, des traumatismes causés par la première guerre mondiale, ce qui donne un roman foisonnant mais jamais soporifique malgré la longueur. La fluidité et le classicisme de l'écriture de Kate Morton, sans être une plume d'exception, permet de s'attacher au récit et de suivre avec avidité le destin de ces femmes : Hannah, Emmeline et Grace. Trois femmes de caractères, trois destins dans un siècle qui a vu les femmes s'émanciper.

L'intrigue m'a tenue en haleine au long des 700 pages. J'avais très envie de découvrir ce qui s'était réellement passé lors du fameux bal où Robbie Hunter s'était soi-disant donné la mort. Évidemment, le lecteur n'est pas dupe et comprend qu'autre chose s'est joué ce soir-là. Et que seule Grace connait ce secret. Et comme j'aime les romans qui utilisent le procédé du « récit dans le récit », j'ai adhéré à la plongée dans le passé de Grace, via ses souvenirs et ce qu'elle raconte à son petit fils sur des cassettes.

J'avoue malgré tout avoir tiqué lors d'un passage où la romancière place dans la bouche du compagnon de Grace, la réplique suivante : « Heureusement que tu es archéologue, comme ça, plus je vieillirai, plus tu t'intéresseras à moi »
Or, cette phrase est ressemble fortement à celle prononcée par Agatha Christie, dont le deuxième époux Max Mallowan, était plus jeune et archéologue : « Épousez un archéologue : plus vous vieillirez, plus il vous aimera ». Une telle reprise m'a quand même gênée. D'autant que je me souvenais que Niki avait souligné que la romancière maitrisait ses classiques au point de trop les reprendre dans son propre récit. Je me demande donc maintenant combien de « références » me sont passées au-dessus de la tête par méconnaissance.

Mais bon, je ne vais pas faire la fine bouche car le plaisir a été au rendez-vous et je vais d'ors et déjà me procurer le jardin des secrets, deuxième roman de l'auteur.
Lien : http://www.chaplum.com/les-b..
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