Les enterrements étaient éprouvants pour une quantité de raisons, mais ce qui le surprenait le plus à chaque fois, c'était d'y voir tant de monde. Les morts seraient sans doute étonnés de savoir qu'ils jouissaient d'une telle estime et qu'ils avaient touché autant d'individus sans le savoir. La mort avait le don de réunir ceux qui ne connaissaient le défunt que de loin. Les gens se déplaçaient toujours.
Ni l'un ni l'autre ne montrait la moindre envie de monter au grenier : c'est une chose que les gens font rarement. Mais s'ils y étaient montés, ils y auraient trouvé le diable, baigné d'une lumière bleu pâle. Il voyait et entendait tout.
J'ai imprimé ça . Cinq cent raisons de t'aimer. Mais il n'y en a que deux- cent -soixante -quatorze. Pourquoi?
Juste une opportunité, s'était- elle dit, c'était tout ce qui qu'il lui fallait. Une simple faille dans ses plans qu'elle pourrait exploiter. La voix l'y avait préparée tout la nuit et , maintenant que cette opportunité se présentait, la voix avait disparu, l'abandonnant au silence.
On peut nous enlever la satisfaction d'avoir un ami ou un collègue que nous aimons beaucoup, mais pas celle d'en avoir eu un.
Une vie après la mort, un sens à tout, un Dieu qui nous observait avec bienveillance ‒ pour moi, tout ça revenait à prendre ses désirs pour des réalités. Les gens qui nous avaient quittés n'existaient plus, sauf dans notre cœur et nos souvenirs. Il n'y avait ni récompense ni châtiment éternel. Pas de plan divin.
Les enterrements étaient éprouvants pour une quantité de raisons, mais ce qui le surprenait le plus à chaque fois, c'était d'y voir tant de monde. Les morts seraient sans doute étonnés de savoir qu'ils jouissaient d'une telle estime et qu'ils avaient touché autant d'individus sans le savoir. La mort avait le don de réunir ceux qui ne connaissaient le défunt que de loin. Les gens se déplaçaient toujours.
Mais ,comme n'importe quel policier chevronné pourra vous le dire, il faut toujours garder une place pour l'intuition. A la longue , on apprend à écouter une subtile voix intérieure , même quand personne d'autre ne l'entend.
Et ,tout en raison gardant, il n'y a pas de mal à la suivre là où elle nous entraîne.
Lors d'une enquête, et dans ce métier de façon générale, il est toujours bon de garder à l'esprit une vérité pénible mais essentielle : le Bien et le Mal n'existent pas. Vous pouvez penser le contraire, cela ne vous aidera pas à mieux dormir la nuit, croyez-moi, ni à mettre la main sur les pires criminels.
Il est en effet trop simple de mettre leurs actes sur le compte du Mal. Les répercussions de ceux-ci sur la vie des autres sont tellement ignobles qu'on ne peut pas se contenter de fermer ainsi les yeux.
La vérité, c'est que ces individus sont des rouages de la société qui ont dévié de leur axe. Le mécanisme propre à créer des citoyens à la fois utiles et humains, comme vous et moi, s'est détraqué à leur passage. Raison pour laquelle ils sont devenus les "monstres" dont nous parlons, et l'on doit à leurs victimes, et à toutes les victimes potentielles, d'essayer de comprendre au mieux ce qui a dérapé.
En matière de police, il n'y a ni Dieu, ni diable, ni Bien, ni Mal. Seulement des gens abîmés.
Comme nous tous, ils se trouvent à l'intersection du mal qu'on leur a fait et de celui qu'ils font.
Un mois plus tôt, quand j'étais venu pour mon entretien, j'avais trouvé que le siège de police ressemblait davantage à un endroit où commettre un crime qu'à celui où en signaler un. On aurait dit un hôpital psychatrique désaffecté.