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Citations sur Un fils à maman (39)

Jo avait depuis longtemps l’écoute sélective : quand une nouvelle ne lui convenait pas, elle fermait les écoutilles et feignait de n’avoir rien entendu.
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- Crever ça ne me fait pas peur. Quand on est mort, on est mort, on s'en rend pas compte. C'est pour les enfants que je me retiens.
- C'est vrai, ça, murmura la bibliothécaire, quand on meurt, c'est surtout pour les autres que c'est difficile...
- Comme quand on est con, finalement, ajouta Jo en vidant son verre, et cette pensée flotta en silence dans l'air doux du soir jusqu'à ce que la Bogue se décide enfin à ouvrir son courrier.
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- Elle était mignonne, mon Isabelle, toute pimpante, toute fraîche, avec ses petites jupettes. Elle est allée se coucher, en haut des escaliers elle m'a dit "bonsoir maman", je m'en souviens encore.
- Je m'en souviens aussi, Suzanne, elle est redescendue le lendemain, je connais l'histoire, c'est bon, ne vous fatiguez pas.
- Oui, elle est redescendue, et comment ! D'abord j'ai entendu le bruit, j'ai levé la tête, et j'ai tout vu : les chaînes,la cape, l'épingle à nourrice je pouvais pas la voir, hein, elle me l'a montrée après, mais ses cheveux, tu aurais vu ses cheveux, Jo ! Tout levés, tout noirs, tarte qu'elle était, mon Isabelle, d'un coup, comme ça, bam, tarte, du jour au lendemain.
-" Dark", Suzanne, pas tarte, "dark". Gothique, si vous préférez.
- Si tu veux, Jo, mais quand même, d'un coup, comme ça, ça surprend.
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Jo avait depuis longtemps l'écoute sélective : quand une nouvelle ne lui convenait pas, elle fermait les écoutilles et feignait de n'avoir rien entendu. Mais cette fois-ci, c'était différent, quelque chose coinçait pour de vrai. La phrase de Charly lui sautait dans l'oreille, jusque-là rien d'anormal, elle lui résonnait dans le conduit comme les grandes orgues de la cathédrale du Préfleuri puis glissait au ralenti, presque à reculons, jusqu'à l'orée des neurones où elle patinait avant de caler, tétanisée par un virage terrible, ou bien par un bouchon, un éboulis, un poste-frontière, un barrage infranchissable, nul ne le sait, mais c'était le blocage, l'allergie, l'œdème auditif majeur et inexpliqué, l'information ne passait pas.
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Jo n’aimait pas tailler, globalement. Une fois tondus, les arbres ressemblaient à ces jeunes garçons sortant de chez le coiffeur, nez saillant et oreilles décollées.
(...) Elle savait cela depuis toujours Jo : les arbres transformaient notre carbone en oxygène et notre routine en bonheur, pour peu qu’on suive certaines règles. Ne pas tailler était l’une d’elles.
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Le noyer faisait celui qui n’entend pas. Il se contentait de regarder Jo de haut, les branches tombante et la cime fière, dans une sorte de fatalisme arboricole, à moins que ce ne soit une forme d’égocentrisme absolu - ce qui n’aurait étonné personne dans le coin, le noyer ayant toujours semblé imbu de lui-même, avec son tronc immense, ses feuilles glabres et ses récoltes indécentes.
Jo n’était vraiment pas d’humeur à supporter ce genre de comportement. Elle se redressa, saisit son panier et partit sans dire au revoir.
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Et puis un soir, le nouveau (né) avait accroché ses yeux dans les siens, sans ciller, sans lâcher, jusqu’à ce que Jo le voit et elle l’avait vu, plus que vu même, senti, respiré tout entier, ses bras potelés et doux, son parfum de buis cuit à la cuillère, la merveilleuse rondeur de ses épaules sans oublier, celle de ses orteils qui, la nature étant généreuse, n’étaient pas moins de dix, et ses tâches de rousseur, chaque paillette d’or mat sur le nez minuscule, d’un coup toute cette perfection lui avait sauté aux yeux, alors était arrivé ce qui arrive souvent avec les bébés : elle était tombée à pieds joints dans l’amour de lui.
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Charly était, depuis son départ et plus intensément encore qu'auparavant, l'unique objet des pensées de sa mère, mais lui, son petit bonhomme naguère si accroché, se souvenait-il seulement qu'il en avait une, de mère ?
Plus douloureusement que jamais, Jo touchait du doigt l'inégal débit de l'amour filial (autrement appelé ingratitude infantile intermittente), fondement méconnu de la parentalité qui ferait sans doute dévisser le taux de natalité s'il était dévoilé à la population en âge de procréer.
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Jo Picassiette songea à ce temps sucré de la grossesse. Le ventre rond, la divine attente, la layette adorable, les nausées, certes, mais les coups de pied mignon, le prénom parfait que l'on cherche, les vergetures, bon, d'accord, les fuites urinaires aussi, les bouffées de chaleur, les crampes, les hémorroïdes, la sciatique, les contractions, bien sûr, mais quelle importance, finalement ? Elle préférait cent fois les douleurs de l'enfantement à celles de la séparation.
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Vingt fois pourtant elle avait pourtant refusé de vendre au propriétaire de l’hypermarché, l’an dernier encore le nouveau directeur avait surgi avec un bouquet de roses et les plans du parking qu’il rêvait d’agrandir.
Écoconçu, le parking. Avec une éolienne et des moutons pour brouter les mauvaises herbes.
- Des moutondeuses, quoi !
La plaisanterie avait fait un bide considérable, et pendant que Jo fixait le directeur hilare d’un œil de rapace, Charly s’était presque évanoui de honte.
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