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EAN : 9782290165829
576 pages
J'ai lu (02/01/2019)
4.31/5   443 notes
Résumé :
Et voici Tomas, dit Tomi, gaucher contrariant, tête de mule, impertinent comme dix, débrouillard comme vingt, saisi en 1944 par la déportation dans l’insouciance débridée de son âge – 14 ans. Ce Tom Sawyer juif et hongrois se retrouve dans le trou noir concentrationnaire avec toute sa famille. Affecté à l’atelier de réparation des uniformes rayés alors qu’il ne sait pas enfiler une aiguille, Tomas y découvre le pire de l’homme et son meilleur : les doigts habiles de... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (128) Voir plus Ajouter une critique
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Le titre de ce magnifique roman fut pour moi un bon sujet de méditation et de questionnement : où passe l'aiguille

L'aiguille, c'est très précisément le tout petit objet très piquant, capable de pénétrer partout, de s'insinuer, de se faire une place, et surtout d'offrir des laissez-passer. Sans l'aiguille, point de salut ! L'aiguille donc, qui s'exprime dans les mains d'Herman Kiss, maître tailleur de son état, qui aurait prospéré s'il n'avait pas été un juif dans les années 40, privé de droits élémentaires, enfermé avec sa famille dans un dépôt pour plusieurs semaines, déporté vers pas moins de trois camps de concentration, en partie séparé des siens.

Mais l'aiguille, je vais me permettre d'affirmer que c'est également son fils Tomy, narrateur principal et héros dans tous les sens du terme. Tomy est le narrateur principal, il est âgé de 15 ans lorsque les Allemands s'installent en Hongrie, terre natale de la famille, il est en opposition constante avec son père, refuse d'apprendre le métier de tailleur, se comporte comme une véritable anguille capable de passer au travers les mailles d'un filet, si étroites soit-elles, personnage plein de finesse et d'esprit, dont on boit les paroles aussi bien dans la première partie pendant laquelle il ne sait pas encore ce qui l'attend, que durant le long exposé de sa vie en camps de concentration. Jeune homme plein de ressources, intelligent et débrouillard, il se sortira de situations souvent désespérées en se servant en grande partie de l'aiguille, lui qui avait auparavant refusé tout contact de près ou de loin avec cet outil.

Il est entouré au début de l'histoire parce qu'il appelle "les siens" : Son père, Herman, sa mère, son frère Gabor dit Gaby, son oncle, Serena, une jeune fille à l'avenir prometteur qui lit tout ce qui lui tombe sous la main, et quelques relations créées en déportation.

Mais la liste " des siens" va s'amenuiser et on pénètre avec lui dans le camp de Dora-Mittelbau, en Allemagne où on n'est plus rien, on n'a plus qu'un numéro de matricule en guise de nom, ou il faut vivre chaque minute comme si c'était la dernière de sa vie, dans la souffrance physique, morale, dans la crasse, le froid, rester debout dans l'adversité.

Mais l'aiguille sauvera…

Premier roman de mon top 10 de l'année, cet écrit a imprimé en moi des traces indélébiles : un parcours hors du commun sans être irréalisable, une leçon de vie et de courage, des sentiments variés et parfois contradictoires : de l'extrême tristesse à l'hilarité, de la colère et du dégoût à la volupté, de la mélancolie à l'euphorie…

le récit de Tomy se lit aisément, l'écriture est fluide et la narration est entrecoupées de témoignages des personnages qui évoluent dans l'histoire : le père sous forme de lettres à sa femme, des amis de Tomy, du frère, et d'autres narrateurs qui interviennent dans la deuxième partie du roman.

Lisez cette pépite et même plus !
Véronique Mougin est également l'auteure de « pour vous servir », mais ce roman sera certainement l'objet d'une très prochaine critique.

Lien : https://1001ptitgateau.blogs..
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Je viens de tourner la dernière page d'un très beau livre...Encore la guerre, la déportation, les camps , me direz -vous .... Oui , certes , mais ce récit, il a franchement quelque chose d'autre , une force qui va plus s'orienter vers la capacité à vivre , à survivre , avant , pendant et après des événements dans lesquels tant d'hommes , de femmes et d'enfants ont perdu la vie.
Le héros, c'est Tomas , Tomi, un gamin comme les autres , coquin , facétieux, un peu "roublard" déjà. Il y a sa famille , travailleuse , honorable , fière...Ah , un détail tout de même...ce sont des juifs...Et comme tous les juifs, à cette époque, leur vie change , peu à peu , doucement , le père en est conscient , plus que Tomi , bien sûr, l'insouciance de l'enfance , l'incrédulité.....Et puis le camp de concentration et le petit débrouillard se transforme en Serpent , comprend , s'adapte ,fait des choix dans un seul but , sauver sa peau. Cette vie au camp est , comment dire ,"adaptée"à la situation d'urgence , on la prend au jour le jour, d'une heure à l'autre. Une leçon, terrible mais obligatoire . Bien sûr , Tomi reviendra et on constatera alors combien les grandes douleurs en soi sont difficiles à chasser , non pas pour oublier mais pour survivre...
Dans ce livre douloureux , on croise des personnages extraordinairement, justes et attachants . Il y a bien entendu Tomi , son père , Antoine , Rosie et , de mon point de vue , le génial Marcel. On tremble , on a envie de crier , on voit des portraits de gens remarquables , de gens odieux ...dans le camp et ...ailleurs.
C'est un récit vraiment très émouvant, prenant , vivant , qui n'analyse pas mais décrit , sans mélo , sans pathos , avec finesse. Trés habile aussi le fait de donner la parole à différents protagonistes de l'histoire , entre certains épisodes .
Même si la fin m'a paru un peu longue , j'ai vraiment apprécié ce récit qui nous éclaire sur "le silence" des êtres au retour d'une telle épreuve qui , bien que terrible , est rendue avec tact , pudeur et délicatesse. Bravo à l'auteure.
Les dernières pages sont....superbes.
Et enfin , attention. La recherche de boucs émissaires n'a pas disparu . Il ne faut pas l'oublier. de tels écrits ne peuvent que nous inciter à maintenir nos sens en éveil.
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Un roman magnifique.
En refermant ce livre, les mots ne me viennent pas facilement.
Cette histoire impose le respect, le silence, la retenue.
Véronique Mougin rend ici un superbe hommage à son cousin, ce survivant, mais aussi à tous les survivants, aux disparus, aux victimes qui restent vivants grâce aux souvenirs, aux témoignages.
La couture est ici le fil rouge qui est, tout le long de cette histoire, magnifiquement évoqué. Tout est lié, tout se tient, la vie se déroule au fil des ans comme une bobine qui se délie pour créer un vêtement et qui tiendra grâce à ce fil, points après points, qui relie les choses, les gens les uns aux autres. Ce lien entre la couture et la vie est sublimement écrit.
Je découvre Véronique Mougin et son écriture. Merci à elle pour ce bel hommage poignant. Encore une fois, il ne faut pas oublier...
Véronique Mougin est ici une passeuse d'Histoire. Merci à elle d'avoir endossé ce rôle de façon aussi magnifique et respectueuse.
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Voilà plus d'une semaine que j'ai refermé ce livre, en larmes. Depuis, mes yeux sont secs, mais l'émotion toujours présente rend difficile la rédaction de ma critique tant je peine à trouver les mots pour décrire ce que j'ai éprouvé tout au long de cette lecture. Plus qu'un coup de coeur, j'ai ressenti un coup au coeur.

Tout a commencé avant Noël, lorsque j'ai eu la surprise de lire un très gentil message de Véronique Mougin me proposant de découvrir son roman avant sa parution en librairie. J'ai bien sûr accepté et me suis lancée dans ma lecture sans à priori n'ayant lu aucune critique à son sujet.

Dès les premières pages, j'ai aimé ce jeune garçon, Tomi qui a l'âge de 14 ans a déjà un caractère bien trempé. Il aime se réfugier dans l'arbre de son jardin pour regarder les filles de la maison bleue en rêvant au jour où il pourra les rejoindre. Il se verrait bien aussi partir en Amérique tandis qu'autour de lui le ciel s'assombri pour les juifs de Hongrie.
Son père Herman, tailleur de métier aimerait que son fils apprenne à tirer l'aiguille, persuadé que ce métier lui permettra toujours de vivre mais Tomi, lui s'imagine en salopette bleue, il veut devenir plombier, plus par bravade face à l'autorité paternelle que par réelle conviction.

A Dora-Mittelbau, où la famille est déportée le seul moyen de survivre au milieu de l'horreur se trouve pour le père et le fils dans l'atelier de couture du camp à repriser les tenues des détenus. Tomi le comprend très vite et s'applique dans cette tâche ingrate, en étant bien loin de se douter que la couture le mènera un jour dans la capitale de la mode au sommet de la gloire.

A Paris, Tomi deviendra un couturier de renom, magnifiant les femmes dans des robes toujours plus somptueuses.

Véronique Mougin, nous conte un parcours de vie exceptionnel.
Tomi n'est autre que son cousin, d'où peut-être cette tendresse et cette admiration qui transparait sous sa plume tout au long du livre.

« Où passe l'aiguille » un très grand roman. Je n'arrive pas à m'en détacher.
J'aimerais lorsque je critique des livres de cette qualité trouver les mots convaincants, mais je n'ai malheureusement pas ce talent.
Je dirai simplement qu'après une seconde lecture à haute voix pour un proche non voyant ce fut à nouveau un double coup de coeur.
L'oralité transcende la beauté de l'écriture. Celle de Véronique Mougin emplie de douceur et de bienveillance lorsqu'elle nous parle de Tomi adolescent, devient âpre et sèche lorsque la folie des hommes s'emploie à broyer leurs semblables.
Souvent l'auteure malmène son lecteur, dans les camps de concentration, on ressent le froid, la faim, la peur, les coups.
Cela peut sembler pénible parfois, mais c'est à mon sens indispensable pour bien comprendre ce que cette aventure humaine et artistique a d'exceptionnel.

Quel plus beau cadeau pour la lectrice passionnée que je suis que de commencer l'année par une telle émotion littéraire ?
Merci Véronique.
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Chère Véronique

J'avais tant apprécié votre premier roman Pour vous servir, que je n'ai pas hésité longtemps devant votre proposition de découvrir le suivant.
Ravie de faire connaissance avec l'espiègle Tomy, rebelle dans l'âme, prêt à presque tout pour ne pas tirer l'aiguille comme son père et son grand-père, ma joie s'est teintée d'une nuance verte signifiant l'inquiétude : 1933, famille juive, le début des hostilités qui fondent de toute part sur cette communauté : rapidement mes doutes ont été levés.
Pourquoi Véronique? pourquoi me faire souffrir à ce point;? Pourquoi tenter de m'enlever le peu de foi qu'il me reste envers cette humanité cruelle et dépourvue de compassion ?
J'ai donc poursuivi, un peu plus désespérée.
La lumière est revenue, cependant, lorsque Tom et son père se recréent une nouvelle vie. Un nouveau départ , certes , mais l'ombre des souffrances passés plane sans cesse, dans les cauchemars, forgeant une carapace et un mode d'être modelé par les horreurs passées.

Et puis vous m'avez cueillie, alors que je ne m'y attendais pas (je lis le moins possible les quatrième de couv' et les encarts), et le récit a pris tout son sens , m'arrachant toutes les larmes que j'avais retenues, au point de distinguer avec peine les dernières lignes, les plus importantes , celles qui font que je vous remercie du fond du coeur pour ce que vous avez écrit là.

Votre écriture est un enchantement, au sens propre, et nous sommes entrainés dans la ritournelle de vos phrases et nous vivons avec vos personnages : souffrant ou heureux avec eux au gré de votre plume.

Vous ferez partie sans aucun doute des auteurs dont j'attendrais à chaque rentrée la nouvelle parution.

un mot pour la couverture, que je trouve très réussie, sobre et évocatrice.
Lien : http://kittylamouette.blogsp..
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Citations et extraits (172) Voir plus Ajouter une citation
- Ca va aller.
C'est son expression préférée depuis qu'on est arrivés. Il le dit et le répète comme si tous les ennuis allaient rebondir dessus. J'ai du mal à comprendre ce qui va aller, exactement, puisque Matyas s'est pris une balle dans la tête, que maman et Gaby sont restés là-bas, je ne sais pas vraiment ce qui pourrait bien se passer vu qu'ici on est enfermés, affamés, insultés, étiquetés comme des paquets, battus comme des tapis, obligés de chier devant tout le monde et de dormir à plusieurs sur des planches dans une cabane en bois, alors quoi papa, qu'est-ce qui va aller exactement, hein, vas-y, étonne-moi, quelle bonne surprise nous réserve Buchenwald ?
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- Tu crois que ça intéressera les gens mes vieilles histoires ?
- Ce ne sont pas des vieilles histoires, Tomi.
Elle n'a pas tort la petite. Aujourd'hui, de nouveau on cherche des boucs émissaires. L'étranger redevient un microbe dont il faut se prémunir, partout Dieu reprend le pouvoir. L'actualité s'écrit sur une vieille toile puante ; point après point le pire se dessine, il revient sans que personne n'y croie. A l'époque je me souviens, aucun d'entre nous n'y croyait non plus.
- Seuls les vieux comme toi peuvent rappeler ça aux jeunes, me dit la petite, des anciens aux gamins, les livres font le lien.
Elle croit aux mots, elle, elle écrit pour les vivants. Alors pour ses vivants et pour mes morts, je suis retourné remuer la vase. J'ai tiré du puits les gens et les lieux, les événements, tout était intact conservé dans la boue, les souvenirs au coeur brûlant. La petite cousine les a écrits. Quand elle est repartie avec ses cahiers noircis, je suis allé me coucher. Je me suis relevé trois mois après. Se rappeler, c'est raviver les braises : même longtemps après, elles brûlent encore.
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Tu ne peux pas exclure que ton oncle ait réellement une maladie de l’intestin, Tomi. Il existe un microbe qui assèche les viscères, ça te fait comme un papyrus à l’intérieur. Je le sais, je l’ai lu.
Ca c’est Serena. Capable de placer viscères et papyrus dans la même phrase.
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J'aimerais bien explorer le monde, moi. C'est la faute au cinéma. Il te fourre des merveilles sous le nez, sur le grand écran des canyons vertigineux et des cactus géants, des plaines infinies décoiffées par le vent, tu cavalcades là-dedans pendant deux heures et quand la séance est finie, tu es censé retourner gentiment à la maison. C'est sadique.
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La vérité : la guerre continue, dedans. Le camp nous brûle encore et cette masse bouillante, les visions, les odeurs, la lave dévorante qui remonte, il nous faut y replonger pour la combattre avec les armes que personne n’a pu nous enlever, il nous faut la filtrer, la canaliser, la soumettre au moule rigide et gelé des mots, aplatir les mots dans les pages et les pages dans le livre qui dira ce qu’on a vécu, puis ranger notre douleur refroidie sur l’étagère. Il n’y a pas d’autre issue qu’écrire pour éteindre l’incendie.
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Vidéo de Véronique Mougin
A l'occasion de la 11ème édition du salon international du livre en format livre de poche Saint-Maur En Poche, le journaliste David Medioni (ernestmag.fr) recevait sur la scène des déblogueurs l'auteur Véronique Mougin...
Pour vous servir de Véronique Mougin aux éditions J'ai Lu https://www.lagriffenoire.com/38014-divers-litterature-pour-vous-servir.html
Où passe l'aiguille de Véronique Mougin aux éditions J'ai Lu https://www.lagriffenoire.com/136090-romans--ou-passe-l-aiguille---le-destin-extraordinaire-de-tomi.html
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