Elle voyait, sinon du bonheur, du moins une nouvelle chance de l'atteindre.
Il parlait d'une voix douce et feutrée, comme pour ne pas déranger la nature environnante.
Il lui sembla que le monde se détachait d'elle, tels des quartiers d'orange.
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Consciente du triste état de la cuisine et de son allure dépenaillée, Isabel fut prise d'une gêne qu'elle ressentait désormais quand elle se trouvait en présence d'hommes. Comme si Laurent avait emporté avec lui une couche de sa peau.
- Ne parlez pas trop de vos maris, les filles. Les cousins ont dit qu'elle était veuve depuis peu..., les prévint Annette, qu'une pensée traversa soudain. Toi, Nancy, tu peux parler du tien. Tu n'en dis toujours que du mal.
Je voudrais être avec toi même si tu ne devais plus rien posséder pour le reste de tes jours.
Il se rendit compte qu'il avait envie de frapper son père, de le frapper vraiment très fort. Les mots sortirent de sa bouche avant qu'il n'ait pu y réfléchir.
- On pourrait le quitter.
Sa mère écarquilla les yeux.
- Je veux dire, ne reste pas à cause de moi. Je ne serais pas dévasté si on partait.
- Mais, Anthony, c'est ton père...
Le garçon haussa les épaules et saisit son sac à dos à côté du canapé, sachant que rien de ce qu'il dirait ne changerait quoi que ce soit.
- Ca ne suffit pas à en faire quelqu'un de bien.
Asad triait les œufs. Il en ôtait un ou deux de chaque boîte pour les transférer dans une autre. Les œufs bio de la ferme étaient tous très bons, mais souvent couverts de... matière bio, que les dames sensibles n'appréciaient guère.
Elle reprit son violon et chercha quel air joyeux et divertissant elle pourrait jouer. Tout irait bien puisqu'il était là. Il empêcherait la catastrophe. Quand un fracas déchirant retentit, elle lâcha l'instrument et se retourna d'un coup. Le bruit fendit l'air immobile comme un coup de feu, un craquement abominable, terrifiant ; il aspira l'atmosphère pour ne laisser qu'un grand vide. Suivit un bruit d'éboulement, un grondement sourd, puis un vacarme assourdissant de bois et de tuiles, entrecoupé des timbales terrifiantes du verre qui se brisait.
Nous sommes maître de notre destin