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Critique de moussk12


Je salue d'abord le travail de recherches de l'auteur. D'autant plus, comme elle le précise en prologue, qu'une grande partie des archives des hôpitaux psychiatriques n'étaient pas sauvegardés. Laure Murat nous emmène dans la vie quotidienne de la maison de santé des docteurs Blanche Esprit, puis Emile, père et fils qui a voulu scrupuleusement oeuvrer dans la continuité de son père.
Asile de fous, oui, mais asile novateur par le choix du procédé thérapeutique de Blanche. Cette maison de repos (on peut utiliser un tas de qualificatifs pour la présenter), fonctionne comme une pension de famille. Les patients les plus calmes dînent à la table du docteur, puis passent au salon où ils peuvent jouer du piano, aux échecs, ou simplement rêvasser à la fenêtre donnant sur le parc. Dans cette maison, pas de tortures physiques, pas d'humiliation; le patient, ici, n'est pas considéré comme un animal, un sous-homme; il est écouté. Et en ce début du XIXe siècle, c'est le premier pas vers la psychanalyse, alors inconnue. du profond respect que Blanche tient envers ses patients, il s'ensuivra une clientèle plutôt bourgeoise, voire aristocratique, dont les proches sont soucieux de discrétion. le médecin n'oubliera pas pour autant les humbles et les indigents.
Gérard de Nerval et Guy de Maupassant, personnages ô combien célèbres, trouveront dans cette maison une place de choix, comme l'auteur leur rend hommage dans le livre en y consacrant à chacun un bon chapitre. Mais Laure Murat n'oubliera pas des histoires, des anecdotes de tas de patients méconnus.
Le chapitre sur les femmes considérées comme folles et internées, durant ce siècle, est très intéressant. On y apprend beaucoup sur la condition de la femme à cette époque, sur le désir d'indépendance et d'émancipation de certaines d'entre elles, désir qui les a conduites très souvent à l'asile, parce qu'elles étaient incomprises, parce que l'époque ne le permettait pas, parce que ce n'était pas de bon ton, tout simplement.
L'auteur nous décrit également le docteur Blanche comme un personnage tellement bon et généreux que beaucoup l'idolâtrait presque. Mais ce n'était pas un saint non plus. C'était un homme qui cherchait, qui s'interrogeait et qui faisait des erreurs. Evidemment, avoir le pouvoir absolu sur la vie de quelqu'un , le pouvoir de vie ou de mort aussi (il pouvait faire éviter la guillotine à un meurtrier en le qualifiant de non-responsable de ses actes), qui n'en abuserait pas ? Et pourtant, après la lecture de ce livre, je n'ai pas eu l'impression que Blanche, père ou fils,n'en ait abusé.
Bien que le sujet soit dur, le contenu et la lecture de ce livre ne l'est pas.
J'ai beaucoup apprécié et je le recommande à tous, non seulement pour son contenu historique, mais aussi pour les leçons d'humanité qu'on peut en tirer.
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