Diablement passionnant,
le murmure de l'ogre, nous plonge au coeur de la Riviera, juste après la première guerre mondiale, dans les ruelles de Nice et dans les bureaux de la première brigade mobile de la ville. Créées par le ministre de l'intérieur,
Georges Clemenceau (c'est lui le fameux Tigre), en 1907, ces brigades exclusivement parisiennes et plutôt élitistes au départ, notamment en terme de taille (les agents ne devaient pas dépasser 1m67 pour mieux se fondre dans la foule), voient dès 1911 leurs effectifs grossir et s'implanter dans les grandes villes de province. Totalement désorganisées et pratiquement démantelées par la guerre, elles reprennent peu à peu du service en cette année 1922. Destination privilégiée de la noblesse russe, anglaise, allemande et française d'avant-guerre, la cité balnéaire peine à retrouver sa clientèle et la grande majorité de sa population, en partie faite de migrants venus d'Italie au moment du rattachement à la France, souffre d'une grande pauvreté.
C'est dans ce contexte économique difficile, qu'une série de meurtres va être perpétuée. Tout d'abord deux prostituées, égorgées au sein même des maisons closes dans lesquelles elles travaillaient et qu'on va retrouver le crâne rasé. le commissaire
Louis Forestier, mobilard depuis 1907, est chargé de l'enquête. Il pense immédiatement que les deux meurtres sont l'oeuvre d'une même main et que les chevelures volées sont des trophées pour leur assassin. Un assassin cultivé qui certes prend des trophées, mais qui laisse aussi un message sur le corps des victimes (en grec, c'est plus chic). Notre commissaire et son équipe piétinent et lorsque le tueur s'en prend aux enfants des quartiers pauvres de la ville qu'il enlève et égorge à leur tour, il requiert l'aide de ses amis Frédéric Berthellon, psychiatre à l'hôpital Sainte Anne de Paris, et Raphaël Mathesson, un érudit de la bonne société. Ensemble, ils vont se mettre sur les traces du tueur, cet ogre, qui promet une descente aux enfers à ses malheureuses victimes.
Valentin Musso connait les brigades mobiles sur le bout des doigts et je me suis vraiment régalée à lire cette enquête passionnante et palpitante, truffée de rebondissements, et qui malgré les apparences, ne sombre jamais dans le glauque et les détails sordides, n'ayez pas peur donc, si moi je l'ai lu sans frémir, vous pouvez y aller. L'auteur s'attache à faire connaitre les méthodes des mobilards et celles de la criminologie encore balbutiantes. Les moyens financiers manquent souvent mais les agents, très expérimentés et entrainés à différentes techniques de combat (dont la fameuse Savate), font des prouesses. Ils ont désormais à leur disposition des véhicules motorisés et bénéficient des dernières méthodes d'investigations techniques et de la modernisation du fichage des criminels (fiches anthropométriques avec empreintes digitales) issues des travaux d'Alphonse Bertillon. L'auteur s'inspire de faits réels, notamment des meurtres commis par Joseph Facher, l'un des premiers tueurs en série français, et ancre son histoire à une période charnière pour les brigades et pour la psychiatrie criminelle, quelques jours seulement après l'exécution de Landru, le Barbe-Bleue de Gambais, dont les crimes et le procès avaient fait les gros titres de la presse.
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