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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Ce premier roman est composé du texte de la longue lettre en prose poétique qu'une jeune toxicomane adresse à sa fille nouveau-née dont la garde vient de lui être retirée. Articulé en seize mouvements plus un post-scriptum, chacune de ses phrases constitue un paragraphe qui se présente graphiquement tantôt scandé comme par des vers, tantôt en continu.
Contrairement à ce qu'avance la quatrième de couverture, la poésie n'est aucunement lumineuse ni ne parvient à conjurer la noirceur de son sujet. À l'inverse, dans le ton vrai d'un désespoir plombant, étouffant, irrémédiable, le texte restitue avec un réalisme extrême les sentiments de déchirement face à la séparation et d'urgence à communiquer un message, seul lien hypothétique avec la future adulte qui s'interrogera sur l'identité de sa génitrice. Dans ce texte hachée qui possède la puissance d'un cri de détresse mortifère, incarnant un lien de filiation à la vie à la mort, on suit le passage entre plusieurs étapes émotionnelles, qui se chevauchent avec quelques allers-retours. Il y a une adresse haineuse à « ils », les nantis, les assistantes sociales qui lui ont arraché son enfant et l'élèveront dans le mépris d'elle, les gens normaux qui sont capables de vivre et d'aimer, les personnes qui n'appartiennent pas à la marginalité, ni colonisés ni dominés ; il y a ensuite une introspection sur soi et son passé, adresse honteuse et humiliée à son identité de victime d'inceste, d'addict au crack par choix et par nécessité ; il y a enfin l'adresse implorante au « tu », « Ma douce », entre le souvenir de l'espoir d'une catharsis par l'amour maternel naissant, par la stupéfaction de l'apparition d'une nouvelle vie séparée de la sienne et le constat de la défaite devant son incapacité d'aimer. Il y a l'anticipation de la future recherche de ses racines par sa fille, une lucide exploration de son addiction, une féroce description de la « colline » mais surtout de la maladie d'exister dont elle est atteinte. Lecture-blessure à l'arme blanche, elle provoque un malaise dont on ne se remet pas facilement.
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Une mère a une heure pour écrire une lettre à sa fille, son bébé qu'on vient de lui retirer. Elle est accroc au crack et ne peut s'occuper d'elle. le roman se découpe en 16 mouvements et un post-scriptum. Elle raconte par bribes sa vie et fonde en elle ses espoirs. Que peut-elle lui transmettre en une heure ? aura-t-elle cette lettre un jour ? est-ce qu'elle demandera qui est sa mère ?
Ce premier roman oscille entre prose et poésie. Sara Mychkine a publié au préalable un livre de poésie aux éditions Frison-Roche Belles-Lettres en 2022. C'est une écriture très poétique qui ressort de ce roman. Une voix qui dénonce la misère des générations issues du colonialisme, le combat de l'émigration, le racisme, la violence et la misère. Elle a été victime d'inceste. Elle voit le regard des hommes et sait que son corps lui permet de gagner de l'argent pour avoir de la drogue. Elle vit un temps dans un hôtel social avec sa fille avant de replonger et de rejoindre les tentes sur la colline de Paris pour trouver du crack.
J'ai trouvé ce premier roman puissant et intéressant. Il est publié par les éditions le Bruit du monde qui ont « pour vocation de révéler une littérature capable d'enrichir nos imaginaires et d'élargir nos horizons ».
Ce roman est certes noir et violent mais très poétique et empli d'amour. Finalement ce que recherche cette mère dans son malheur extrême, c'est un peu d'amour. Son écrit est une lettre d'amour à sa fille. Elle a une heure pour l'écrire et je l'ai lu en une heure. Et vous, avez-vous une heure pour plonger dans la vie de cette femme et mère torturée ? Aimez-vous être bousculé par vos lectures ?
Lien : https://joellebooks.fr/2023/..
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Très beau roman en vers. le découpage en "mouvements" fait monter la tension tout au long du récit, à mesure qu'on comprend mieux l'histoire de la narratrice. C'est dur, touchant, et écrit dans une langue rythmée en limpide. C'est une très belle découverte !
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Livre lu dans le cadre de la sélection 68premiéresfois2024.
De plus, une maison d'édition dont je découvre certains ouvrages après des rencontres Vleel et qui a de jolies couvertures avec ces ronds qui nous ouvrent un univers.
Pour celui-ci, avec un titre énigmatique, une peinture avec une jeune femme dans une sorte de fenêtre.
Ce texte est une lettre écrite par une mère à sa fille, qu'elle a dû abandonné ou plutôt que l'on a obligé à abandonner.
J'ai eu envie de lire à haute voix ce texte, bouleversant.
Comme la phrase mis en exergue de Sony Labou Tansi : "Si vous avez peur, c'est que vous êtes dans le camp de la catastrophe. C'est que vous fuyez la vie et çà ne suffit pas pour exister.", ce texte est un cri d'espoir malgré les éléments noirs de cette vie.
Il y a dans ce texte de l'encre, de la sueur, de la saline et du sang.
Un texte qui bouleverse, interroge, interpelle mais ne laisse pas indifférent et au fur et à mesure des paroles, nous arrivons à situer la vie de cette mére et son cri de désespoir et d'espoir vis à vis de son bébé.
"Il faut que tu te souviennes
mes arrières grands-mères, mes arrières grands pères;
la chaîne de souffrance infinie dont je suis le dernier maillon,
la grande machine coloniale qui a réduit les terres de nos ancêtres à des éponges de sang et le chant des espoirs creux qui poussent les nôtres à prendre la mer pour retrouver la misère et la haine sous un autre visage." p128
"Un jour, tu leur demanderas qui est ta mère, et dans cette lettre, tu liras tous les creux qu'ils n'ont pas su remplir" p106
Ce texte aborde le sujet de l'abandon, du placement "pour leur bien" mais aussi de ne pas effacer les premiers moments de la vie, malgré des difficultés. L'auteure aborde aussi le passé et en particulier, celui de la colonisation, décolonisation, de l'addiction aux drogues, de la capacité ou incapacité d'élever des enfants, de l'abandon, du placement.
Mais c'est surtout un texte poétique, un cri de douleur, d'espoir qui pourrait être lu sur scène, scandé, chanté..





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Lu d'une traite, difficile de formuler mes pensées sur ce livre.
Ecrit dans un style épuré et cinglant, il raconte l'amour d'une mère pour sa fille qu'elle a dû abandonner. Un récit touchant, déstabilisant, qui donne le vertige.
J'avoue ne pas avoir tout compris à cause du style de l'autrice (la poésie, c'est pas mon fort) mais je l'ai tout de même beaucoup apprécié.
Attention aux nombreux TW :
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