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Critique de brigittelascombe


Pièce de théatre qui débute en comédie fofolle, où Madame Lemarchand paraît complètement à côté de la plaque lorsqu'elle s'entretient avec Franck Meyer de l'embauche de sa femme (pour ménage et garde d'enfants) en arguant des motifs farfelus,Hilda va rapidement tourner au drame.
Hilda est belle, "ne prend pas d'antidépresseurs", est "propre et vaillante". "Je la veux" répète en vrille Madame Lemarchand.
"Il faut s'organiser" répond le mari. L'absente, elle, n'a pas droit de parole.
Tout est déjà dit. Un trio: un tyran qui manipule,contraint,abuse, charme,soumet,humilie,exige,contrôle,interdit,menace,dépersonnalise,détruit. Un mari faible qui sait, voudrait,ne peut pas,essaye,plaide,se rétracte,baisse les bras...puis s'organise.
Et une esclave peureuse, fatiguée, muette, qui devient un objet ( qu'on habille,douche,prête au gré de ses fantaisies) bon à tout jusqu'à ne plus être rien.
Le sujet de l'esclavagisme, dur et émouvant est ici extrèmement bien traîté car on ne voit jamais Hilda,tout se passe au dessus de sa tête et même très loin d'elle. de plus Marie Ndiaye, dotée d'un humour décapant, suggère et pousse le lecteur à interprêter, à prendre le contre pied des mots énoncés (ex: Madame Lemarchand se dit douce, "humaine,décontractée,facile à contenter"; on se doute qu'elle est tout l'opposé).
L'angoisse transmise par la patronne qui monte crescendo excitation,déception,colère,punition, nous rend témoin d'une injustice et d'une grave atteinte des droits de la femme.
Les armes fatales de l'argent,du manque de couverture sociale et de situation irrégulière sont brandies habilement pour rouler les victimes dans la farine du pouvoir absolu.
Un message à transmettre.Encore un, comme dans Trois femmes puissantes (Goncourt général 2009), Rosie Carpe (prix Fémina 2001) qu'il m'a plu de chroniquer car Marie Ndiaye est vraiment talentueuse.
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