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Citations sur La sacoche (9)

Clairvoyant et ouvert, il mourut alors, aussi riche qu'un prince du royaume, les yeux couleur d'ailes d'ange.
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En fait, il était moins redevable aux pèlerins de sa subsistance que d'une certaine capacité, acquise à leur contact, de distinguer la piété sociale d'une foi sincère.

En toutes ces années où il avait été voleur, il n'avait guère trouvé de pèlerins qui attachaient plus de valeur à leur foi qu'à leur poids financier. La plupart paraissaient s'adresser à un chiffre secret dans lequel il ne pouvait reconnaître l'Unique qui le faisait frémir d'ardeur sur la berge de sables mouvants ou trembler de peur au bord d'un précipice. Leur religion exigeait abondance de gestes extérieurs, et pourtant il n'y voyait guère de signes de cette terreur à laquelle il reconnaissait la présence du Divin. En ayant conclu que le dieu des pèlerins n'était pas son dieu, il n'éprouvait aucun scrupule à voler.
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[Le jeune homme] était le dernier-né d'une famille où tous craignaient Dieu et se montraient scrupuleux en ce qui concernait leurs obligations religieuses. Tous ses oncles et ses frères aînés avant lui avaient terminé leurs études de théologie et de jurisprudence à Karbalâ et comptaient en Perse parmi les plus notables mujtahid et érudits chiites. Toutes les femmes de sa famille étaient renommées pour leur vertu impeccable et toutes avaient de longs pedigrees d'une égale distinction. On disait, chez certains envieux de leur ville, que chacune de ces incarnations de la pudeur devait sans aucun doute être pareille à la Vierge Marie qu'adoraient les chrétiens, sinon comment lui eût-il été possible de concevoir le moindre enfant ? Dernier des privilégiés nés d'une union aussi chaste, le religieux était plutôt disgracieux, avec une tendance à l'eczéma prurigineux. Il avait aussi hésité, lui disait-on, du mauvais caractère de sa mère, Dieu ait son âme, laquelle était morte de respectabilité avant qu'il atteignît l'âge de treize ans, le laissant orphelin et entouré de tantes endeuillées. Dès lors, on l'envoya à la medersa de Karbalâ, où il bénéficia de l'enseignement des plus distingués des ulémas de l'époque. Lorsqu'il décida d'entreprendre son pèlerinage à la Mecque, il avait à peine vingt ans et une incurable virginité.
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L'esclave était une juive d'Abyssinie, une Falacha, qu'on avait vendue aux Arabes alors qu'elle n'était encore qu'une enfant. Elle n'avait ri que deux fois au cours de son existence. La première fois, lorsqu' elle avait perdu sa virginité; la dernière lorsqu'elle avait perdu son bébé. Elevée dans les harems d'un cheikh cruel, elle avait été violée très jeune, avant d'être expédiée sur l'autre rive du Golfe, à peine adolescente, en échange de droit de fret. Le cheikh avait été assassiné peu après. Plus tard, on la vendit à un zoroastrien converti qui habitait dans les provinces orientales de la Perse. Et l'épouse de celui-ci mourut peu après. Peut-être le rire de la jeune fille portait-il malheur.
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[Le pèlerin] avait appris que les souffrances endurées au cours d'un pèlerinage valaient au moins le double des difficultés supportées à tout autre moment et, en outre, procurait l'accréditation dans les rangs des pieux. Il était devenu un calculateur habile dès qu'il s'agissait du système de débit et crédit en religion. Il additionnait tous ses actes méritoires afin de s'assurer que le nombre des actions obligatoires et désirables dépassait celui des indésirables et interdites. Il s'efforçait aussi le nombre de ses actions neutres, car elles représentaient un gaspillage d'énergie spirituelle. Et il ouvrait l'œil, attentif au bonus qu'apporterait la compagnie des justes. Rien n'était aussi efficace, à son avis, que la compagnie et l'exemple des justes devant Dieu, car on pouvait y acquérir un perfectionnement spirituel immédiat à un prix relativement bas.
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Il entendait les voix de la liberté dans le vent et dans les sables et toujours était à leur diapason. Les autres brigands le traitaient de lâche car il refusait de faire face et de se battre : il préférait tourner les talons et s'enfuir. Ils ne comprenaient pas que cela provenait de ce qu'il aimait sa liberté d'un amour absolu. Car ses voix lui disaient de ne jamais rien concéder à personne et de ne servir que les étoiles, la lune et le soleil.
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Le désert avait été pour lui une mère et un père, un maître, un amant et un guide.

Sans qu'il sut lire, le désert avait fait de lui un érudit. Il avait découvert des traités entiers cachés dans les tempêtes de sable ; il avait lu un millier de poèmes inscrits en travers de l'horizon. Quand il avait l'âme pure, au lever du soleil, il comprenait le langage des sables. À vingt ans, il connaissait les sentiers secrets longeant les failles des falaises et pouvait déchiffrer les énigmes des dunes mouvantes. Il analysait chaque nuage de poussière en fonction de son heure, lisait les messages de la lune en toutes ses saisons et reconnaissait la voix de toutes les étoiles. Le vent était sa religion et la planète Vénus son amour, et il avait trouvé des traces de leur volonté dans les rochers et les vallées désertes.
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Excipit comme cit. :

« Et ses prières furent entendues. On l'oublia sans difficulté, après tout.
Relié et détaché, il flotta, tout pitié, vers le derviche qui grimpait tant bien que mal depuis le fond du ravin, à ses pieds. Toute tendresse, il berça l'esclave à travers le mur en ruine derrière sa tête et s'attarda pendant une éternité avec le religieux entre l'ancien puits et le nouveau. Tout émerveillement, il se mêla à la fumée du bûcher funéraire entretenu par l'Indien, qui dérivait paisiblement à travers la vallée et se posa tel un souvenir sur la margelle de pierre du puits. Et finalement, comme la prière, le cadavre se laissa tomber, telle une rose aux cent pétales, et flotta avec grâce entre eux tous.
Ils commencèrent à se désaltérer.
Lorsque le point sera sûr, le cercle sera plus large et la danse achevée, pensait le cadavre, tandis qu'il cessait de puer. » (pp. 304-305)
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« Tu es la preuve vivante, répéta le vieillard à vois basse. Car n'est-il pas dit que quand la religion védique et le dharma des livres de la loi ne seront plus observés, le Kali Yuga touchera à sa fin ? Quand les gens seront ignorants de la religion, quand des hommes comme toi, "corrompus par les incroyants, cesseront d'adorer Vishnu", alors, nous dit-on, "le bienheureux seigneur Vasudeva sera incarné, ici, dans l'univers et un âge nouveau commencera !" » Et il contemplait devant lui, sans ciller, les traits bouleversés d'une dégradation morale cosmique.
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