Un livre de la rentrée littéraire automnale 2016.
De
Bahiyyih Nakhjavani , écrivaine iranienne qui vit à Paris, je n'ai lu qu'un seul livre, "
La sacoche". Un style assez labyrinthique, où l'on doit faire un effort pour ne pas se perdre dans les méandres de l'histoire, mais qui en vaut la peine. Eh bien, ici pareille. Dés le début, on est dérouté et faut s'y accrocher....jusqu'à ce qu'on comprenne la forme et qu'on s'y habitue.
Eux et Nous.....
Bibi, vieille femme tête de mule, veuve d'un général du régime du Shah, se rend avec sa domestique de Téhéran à Téhérangeles ( Los Angeles ainsi nommé par la forte communauté iranienne qui s'y est établie )pour célébrer le Norouz, le nouvel an chiite avec ses filles.......son gendre lui a procuré la carte verte pour qu'elle puisse y rester.....mais les choses ne sont pas ce qu'elle sont.....typiquement iranien......
L'auteur met face à face les iraniens qui vivent encore au pays, avec ceux de la diaspora disséminés à travers le monde, mais aussi ceux de la diaspora entre eux. Dépendant de qui raconte l'anecdote, celui-ci ou ceux-ci deviennent les "Nous", et l'autre partie ,les "Eux". L'histoire chronologique de Bibi et de sa famille alterne avec des anecdotes anonymes de "Nous" et "Eux" à travers le monde.
Une nostalgie profonde des gens de la diaspora pour le pays, se dégage de ces anecdotes ( comment ne pas regretter le thé sucré, brûlant servi au café sous les figuiers,quand on est confiné à boire au Starbucks,juchés sur des tabourets,un thé à la menthe, jamais assez chaud, jamais assez sucré, au goût de papier)......mais même définitivement écoeurés par la religion, ils peinent à s'assimiler aux sociétés occidentales .
L'humour de
Nakhjavani est trés particulier. Humour noir....un clin d'oeil au détour d'une phrase, de surcroît hors-contexte, ou un crochet au comportement social de ses compatriotes, que la diaspora n'altère en rien ( comme cette famille en voyage, qui requiert faire une courte visite à des lointaines connaissances, et finissent par leur imposer, enfants et beau-parents, dîner et hospitalité pour la nuit, comportement trés oriental / la souffrance,attribut national chez les Iraniens...."dés qu'il s'agit de souffrir,elle fait ça exceptionnellement bien"/ la maladie de shopping des iraniennes/ les belle-filles / les mariages pompeux....). Elle n'y va pas par quatre chemins pour faire une satire féroce de ses compatriotes, de la diaspora ou du pays même , sans distinction, et du régime en place....terrible et truculent !
Un excellent livre où vous apprenez de première main beaucoup de choses intéressantes à tous les niveaux sur les Iraniens et l'Iran, avec en bonus une belle prose et de l'humour.