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Critique de Calliope2017


Même si je suis en général lassée par tous ces livres sur la Seconde Guerre mondiale et l'Occupation, ce roman est tout de même à part, et je n'ai absolument pas regretté de m'être lancée !

A part, tout d'abord, par son contexte d'écriture et son histoire. Ce roman relatant la débâcle de 1940 et trois mois dans un village français en 1941 a été écrit… entre 1941 et 1942, avec une incroyable lucidité : on croirait qu'il s'agit d'un roman historique et que l'auteur connaît l'issue de la guerre !
L'auteur, justement, n'est pas n'importe qui : Irène Némirovsky, romancière célèbre à l'époque, Russe ayant fui les bolcheviks, juive enfin, arrêtée en juillet 1942, déportée et assassinée à Auschwitz un mois plus tard. Suite française, qui devait se composer de cinq parties sur l'ensemble de la guerre, n'en comportait alors que deux, et c'est une de ses deux filles, Denise Epstein, qui a recopié le manuscrit et l'a fait publier plus de 60 ans plus tard.

A part, ensuite, par le style inimitable de l'autrice. Un style parfait quand on sait qu'elle n'était pas française, un style délicieusement ironique (qui m'a rappelé Pierre Lemaître…), cynique et lucide sur ses contemporains, et sur l'ensemble de ses contemporains. Dans la 1e partie, Tempête en juin, on alterne ainsi entre différents protagonistes représentatifs de plusieurs couches de la société. Quant à la 2e partie, Dolce, si la trame principale est une histoire d'amour, elle décrit surtout avec vérité le quotidien de la cohabitation entre Français et soldats allemands.

A part, enfin, par la vérité qui est contenue dans ce livre. On retrouve l'être humain dans sa réalité, dans ses qualités et ses défauts, ses lâchetés du quotidien, son indifférence. Les personnages sont incroyablement réalistes et travaillés, on a l'impression de vivre avec eux, de les connaître vraiment ; on s'attend presque à les croiser un jour dans la rue !
On lit surtout la « vraie » Seconde Guerre mondiale, celle des gens qui essayaient simplement de survivre, qui ont ignoré le plus possible la situation pour conserver au maximum une vie normale, qui n'aimaient ni ne détestaient les Allemands. On est loin des récits qui cherchent absolument à nous montrer des résistants et des héros, ou au contraire des collaborateurs et des traîtres…

Et dire que ce roman génial n'est « que » la transcription d'un manuscrit inachevé ! A quoi aurait-il ressemblé s'il avait pu être retravaillé et terminé par Irène Némirovsky ?
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